Abécédaire malveillant : R

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R

RAT


Une femme qui dit, voix fiévreuse d’affectivité : « Je donne, je veux donner, je peux beaucoup donner à un mari, à des enfants, à une famille unie… » – est une tapette à rats qui montre du doigt son fromage.

Il existe aussi un python qui a deux petits tentacules sur le museau : il les agite sous l’eau et ces leurres frétillants attirent les poissons qu’il dévore.


RELIGION


Une religion est un camp de déportés, que des hommes en noir ont enlevés et mutilés dès la première enfance.

*

— Mon Dieu, libérez-nous des salauds et des cons.

— Quoi ? J’ai déjà envoyé un déluge, un christ, la peste et surtout l’athéisme : je n’existe même plus. Rien n’y fait.

*

Sans nulle peur de se contredire, la Bible nous laisse entendre que l’homme est un échec de Dieu – l’omnipotent.

Les croyants se chargent humblement de réparer l’erreur divine : bûchers, couteaux, prisons, potences réussiraient là où la puissance de Yahvé, ses foudres et son déluge ont été vains.


REPROCHES


Si je ne te reproche plus tes défauts, c’est que je suis devenu meilleur, moi.


RENARD


Comme le Journal de Jules Renard est décevant, malgré quarante phrases adorables. Le reste : crâne en pointe, univers obtus et bourgeois, idées courtes, picorées sans tri. Ramassis d’épingles aux têtes enflées. Capable d’être verbeux en trois mots. Un S. Guitry de cabinet, qui s’écoute ronchonner finement entre soi comme l’autre pérorait, pavané, masque béat, sur les scènes. Pipi de prostatique, goutte à goutte, dans un pot entartré et fêlé qui sent la fleur morte et l’enfance perdue. Pèse cette urine, la renifle, l’observe, y trempe le doigt pour l’en faire dégoutter. Se fouille les narines et mange leurs crottes en méditant ses litotes lourdes et jaunes. Durcit ses phrases pour cacher l’homme qui s’y dorlote. Ressemble à sa mère.


RÉPUBLIQUE


Des régimes politiques, il reste d’abord le mal visible qu’ils ont commis pour exister. Il ne faut donc pas les désigner par le nom du premier ministre ou du chef de l’État, mais par celui du ministre de l’Intérieur : on connaît le maître par le nom du chien.


RETRAITÉS


Chez ces sauvages, on coupe les mains des vieux pour qu’ils comprennent que désormais on les nourrira à ne rien faire.


RICHESSE


On dit enrichissante la passion des lettres, des arts, la « culture ». Insulte et lieu commun. Rien n’appauvrit, ne dénude plus un homme, que l’approche des chefs-d’œuvre. Cette épreuve de vérité dévaste tout, laisse un désert sans espérance et sans mirage.

Les gens le sentent confusément, qui évitent d’instinct toute beauté, d’objet ou d’homme, et se recroquevillent dans de petits goûts.

[La seule passion qui « enrichisse » est évidemment celle de l’argent.]


RIDICULE


Si, le ridicule tue. Voyez, dans nos cimetières, ces millions de tombes risibles. Écoutez ces oraisons burlesques, ces apologies caricaturales. Suivez ces cérémonies comiques, contemplez ces rituels clownesques.

Certes, on prétend que les gens sont déjà morts quand on leur inflige toutes ces railleries : mais alors, à quoi servent-elles ?


ROI


Ce petit garçon ne se contente pas d’affirmer que le roi est tout nu : il ajoute que ce roi a un gros derrière jaune, une odeur de vache et – et une tête à gifles.

Stupéfaction des courtisans : la tête à gifles, nul n’osait la voir quand le roi portait culotte.


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