Brennendes Geheimnis (Stefan Zweig)

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Brennendes Geheimnis (Brûlant secret) est le titre de la principale nouvelle de Stefan Zweig publiée à Leipzig en 1911 dans le recueil Erstes Erlebnis : vier Geschichten aus Kinderland (Première expérience : quatre histoires du monde des enfants). La nouvelle, ensuite publiée isolément en 1914, a connu de nombreuses éditions et traductions. Parue en français en 1938, elle est connue surtout en raison de plusieurs adaptations cinématographiques, plus ou moins fidèles, qui en ont été tirées.

Résumé

Un jeune aristocrate viennois qui porte le titre de baron se rend en train à Semmerling, station de villégiature dans les Alpes autrichiennes, pour y passer ses vacances de fonctionnaire. Dès son arrivée, il redoute de s’y ennuyer et cherche parmi les clientes de l’hôtel où il est descendu une femme assez attrayante pour lui permettre de vivre une aventure sensuelle. Il repère vite une Juive un peu grasse mais encore attirante qui s’adresse en français à son fils de douze ans, prénommé Edgar. Ce dernier, de santé fragile, doit se reposer, profiter du grand air et du soleil. Son père, avocat juif de Vienne, n’a pu l’accompagner en raison de son travail.

Un matin, le baron, voyant le jeune Edgar s’efforcer de se distraire seul devant l’hôtel, s’avise d’engager la conversation avec lui, car il y voit le moyen de lier ainsi connaissance avec la mère. D’abord étonné de l’intérêt qu’un adulte lui porte, Edgar qui n’a pas de véritable ami de son âge, est vite mis en confiance par la conversation du baron. L’aristocrate lui parle de ses chiens et voudrait même en offrir un au garçon. Les deux nouveaux amis se voient le lendemain et se promènent ensemble dans la forêt environnante. Edgar, en garçon ingénu au cœur pur, livre au baron des confidences sur son père et sur sa mère. Le chasseur de femmes qu’est le baron comprend alors qu’il va pouvoir vivre une belle aventure, et fait connaissance de la mère.

Le trio ainsi formé se retrouve bientôt au dîner. Lorsque Edgar, prié d’aller se coucher avant les adultes, tente de s’endormir, il est sous l’effet d’un éblouissement :

« Edgar était là dans l’obscurité, à la fois ravi de bonheur et tout troublé ; il voulait rire et il était obligé de pleurer, car il aimait le baron comme il n’avait jamais aimé un ami, ni son père ni sa mère, ni même Dieu. Toute la passion précoce de ses années passées s’attachait à l’image de cet homme dont quelques heures auparavant le nom lui était encore inconnu. »

Bien qu’ingénu, Edgar est intelligent et observateur. Il se rend vite compte que le baron porte un intérêt particulier à sa mère, laquelle devient alors pour lui, de manière transitoire, une rivale. En découvrant ensuite, avec rage, la duplicité du baron, le garçon voit dans sa mère qu’il s’était mis à détester, une victime potentielle, tombée dans les rets d’un dangereux manipulateur.

Il s’interroge aussi sur le comportement étrange des deux adultes, qui semblent cacher un brûlant secret.

Les événements bouleversants qui s’enchaînent ne vont pas révéler à Edgar le secret des adultes, mais ils vont lui permettre d’effectuer un premier pas en sa direction, et surtout de quitter le monde de l’enfance.

Traductions françaises :

• La première traduction en français de Brennendes Geheimnis est due à Alzir Hella (1881-1953) qui fut un temps agent littéraire de Zweig et son traducteur attitré. Cette version est celle que l’on trouve en édition de poche.

• Nicole Taubes a ensuite réalisé pour le compte de Gallimard une nouvelle traduction, celle que l’on trouve dans la collection Folio.

• Aline Odoul a de son côté œuvré à une traduction parue chez Payot et Rivages.

• Le germaniste Jean-Pierre Vasseur a publié en 2015 une édition bilingue allemand-français (éditions Vasseur).

Adaptations cinématographiques

La première adaptation en langue allemande de Brennendes Geheimnis date de 1933. Le rôle d’Edgar était tenu par Hans Joachim Schaufuß (1918-1941). La version française de ce film a porté le titre de Fin de saison (1934).

Stanley Kubrick avait le projet d’en réaliser une adaptation. Le film ne fut en réalité jamais tourné, mais Kubrick aurait incorporé certaines des idées développées à son sujet dans Eyes Wide Shut.

Un film en langue allemande destiné à la télévision a été tourné en 1977. Le rôle d’Edgar était tenu par Thomas Ohrner.

En 1988, Andrew Birkin (frère de Jane Birkin) a tourné une adaptation en langue anglaise Burning Secret, avec l’émouvant David Eberts dans le rôle du garçon qui se prénomme ici Edmund (car il est américain dans cette version) au lieu d’Edgar. Ce film anglais est beaucoup moins fidèle à la nouvelle de Zweig que le téléfilm allemand.

Anecdote

Le film allemand, son tournage même peut-être, et en tout cas le jeune acteur Thomas Ohrner semblent avoir exercé une forte impression sur l’artiste et illustrateur français Michel Gourlier (1925-2018). Non seulement ses portraits de garçons suggèrent une influence du physique du jeune interprète d’Edgar, mais il est possible que Gourlier ait inventé, sur son modèle, l’existence d’une sorte de garçon idéal, portant les deux prénoms de Jory et de David. L’artiste a en effet retracé la courte et tragique existence de ce garçon, en la décrivant comme réelle, dans sa correspondance avec quelques amis choisis. [1]

  1. Jean-Claude Féray : « Michel Gourlier : données bio-bibliographiques.» Bulletin Quintes-feuilles hors-série n°8. En ligne : https://www.quintes-feuilles.com/wp-content/uploads/BQ-F-HS8.pdf