« Charles Baudelaire » : différence entre les versions

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[[Roger Peyrefitte]] a développé sa thèse sur la pédérastie de Baudelaire à partir de deux éléments qu’il expose dans ''[[Notre amour]]''.<ref>''Notre amour'', Paris, Flammarion, 1967, p. 70-71 et 73-74.</ref>
[[Roger Peyrefitte]] a développé sa thèse sur la pédérastie de Baudelaire à partir de deux éléments qu’il expose dans ''[[Notre amour]]''.<ref>''Notre amour'', Paris, Flammarion, 1967, p. 70-71 et 73-74.</ref>


Le premier élément, sans doute  déterminant, a été la présence dans sa bibliothèque personnelle d’un livre rédigé par un camarade de Baudelaire au Lycée Louis-le-Grand : Charles Cousin (1822-1894). Le livre a pour titre ''Voyage dans mon grenier'' par Charles C…<ref>''Voyage dans un grenier'' par Charles C... de la Société des Amis des Livres, Paris, Damascène Morgand & Charles Fatout, 1878. Tiré à 620 exemplaires.</ref> L’exemplaire de Peyrefitte possédait une note manuscrite de l’auteur (''i. e.'' le fameux vers de [[Virgile]] sur [[Corydon]]), laquelle note n’était pas, en vérité, indispensable pour la compréhension de l’allusion. Le texte est en effet assez clair :
Le premier élément, sans doute  déterminant, a été la présence dans sa bibliothèque personnelle d’un livre rédigé par un camarade de Baudelaire au Lycée Louis-le-Grand : Charles Cousin (1822-1894). Le livre a pour titre ''Voyage dans mon grenier'' par Charles C…<ref>''Voyage dans un grenier'' par Charles C... de la Société des Amis des Livres, Paris, Damascène Morgand & Charles Fatout, 1878. p. 11. Édition tirée à 620 exemplaires.</ref> L’exemplaire de Peyrefitte possédait une note manuscrite de l’auteur (''i. e.'' le fameux vers de [[Virgile]] sur [[Corydon]]), laquelle note n’était pas, en vérité, indispensable pour la compréhension de l’allusion. Le texte est en effet assez clair :


{{Citation bloc|À M. R*** P***, éditeur à Paris.<br>J’étais, comme on vous l’a dit, Monsieur, le camarade de Charles Baudelaire au collège Louis-le-Grand. Nous avons usé, sur les mêmes bancs, plus d’une culotte : je l’avoue pourtant, à ma honte, le Baudelaire en habit bleu troué aux coudes, en bas chinés, en gros souliers, est complètement sorti de ma mémoire. Je me souviens seulement de sa brusque disparition avant la fin de nos études et du motif que lui donnèrent les cancans de la « première cour ». Le voici en latin – ou plutôt non : relisez, si vous êtes curieux, la seconde Églogue de Virgile.[…]<br>Je ne retrouvai ''Coridon'' qu’au sortir du collège. Nous nous voyions le plus souvent chez un ami commun, ancien camarade dont plus d’un contemporain, devenu célèbre (*), pourrait vous décrire le logis très fréquenté vers 1840.<br><br>(*) Octave Feuillet, Leconte de Lisle, Pierre Dupont, P. Bocage}}
{{Citation bloc|À M. R*** P***, éditeur à Paris.<br>J’étais, comme on vous l’a dit, Monsieur, le camarade de Charles Baudelaire au collège Louis-le-Grand. Nous avons usé, sur les mêmes bancs, plus d’une culotte : je l’avoue pourtant, à ma honte, le Baudelaire en habit bleu troué aux coudes, en bas chinés, en gros souliers, est complètement sorti de ma mémoire. Je me souviens seulement de sa brusque disparition avant la fin de nos études et du motif que lui donnèrent les cancans de la « première cour ». Le voici en latin – ou plutôt non : relisez, si vous êtes curieux, la seconde Églogue de Virgile.[…]<br>Je ne retrouvai ''Coridon'' qu’au sortir du collège. Nous nous voyions le plus souvent chez un ami commun, ancien camarade dont plus d’un contemporain, devenu célèbre (*), pourrait vous décrire le logis très fréquenté vers 1840.<br><br>(*) Octave Feuillet, Leconte de Lisle, Pierre Dupont, P. Bocage}}

Version du 24 mai 2012 à 04:35

Charles-Pierre Baudelaire (Paris, 9 avril 1821 – Paris, 31 août 1867) est un poète français dont la vie dissolue et l’amour pour les femmes est bien connu, comme en témoigne son œuvre la plus célèbre, Les fleurs du mal. Peu conformiste, il s’intéressa pourtant à l’homosexualité – surtout sous la forme du saphisme – et semble avoir vécu au moins un épisode pédérastique à la fin de son adolescence.

Baudelaire pédéraste ?

Roger Peyrefitte a développé sa thèse sur la pédérastie de Baudelaire à partir de deux éléments qu’il expose dans Notre amour.[1]

Le premier élément, sans doute déterminant, a été la présence dans sa bibliothèque personnelle d’un livre rédigé par un camarade de Baudelaire au Lycée Louis-le-Grand : Charles Cousin (1822-1894). Le livre a pour titre Voyage dans mon grenier par Charles C…[2] L’exemplaire de Peyrefitte possédait une note manuscrite de l’auteur (i. e. le fameux vers de Virgile sur Corydon), laquelle note n’était pas, en vérité, indispensable pour la compréhension de l’allusion. Le texte est en effet assez clair :

« À M. R*** P***, éditeur à Paris.
J’étais, comme on vous l’a dit, Monsieur, le camarade de Charles Baudelaire au collège Louis-le-Grand. Nous avons usé, sur les mêmes bancs, plus d’une culotte : je l’avoue pourtant, à ma honte, le Baudelaire en habit bleu troué aux coudes, en bas chinés, en gros souliers, est complètement sorti de ma mémoire. Je me souviens seulement de sa brusque disparition avant la fin de nos études et du motif que lui donnèrent les cancans de la « première cour ». Le voici en latin – ou plutôt non : relisez, si vous êtes curieux, la seconde Églogue de Virgile.[…]
Je ne retrouvai Coridon qu’au sortir du collège. Nous nous voyions le plus souvent chez un ami commun, ancien camarade dont plus d’un contemporain, devenu célèbre (*), pourrait vous décrire le logis très fréquenté vers 1840.

(*) Octave Feuillet, Leconte de Lisle, Pierre Dupont, P. Bocage
»

Le second élément sur lequel se fonde Peyrefitte est d’ordre psychologique, et d’une implacable lucidité. Il consiste en une analyse des vers de jeunesse de Baudelaire, où il est question d’« écoliers » et d’« adolescence pâle » :

« Et puis venaient les soirs malsains, les nuits fiévreuses
Qui rendent de leur corps les filles amoureuses
Et les font, aux miroirs – stérile volupté –
Contempler les fruits mûrs de leur nubilité.
»

Roger Peyrefitte pose très pertinemment la question : « Qu’est-ce que ces demoiselles qui débouchent en plein lycée, comme des levrettes dans un jeu de quilles, à une époque où il n’y avait pas de cours mixte ? »

Et il demande tout aussi pertinemment si un garçon a jamais vu une fille dans une telle posture, « fût-elle sa sœur ».

« En revanche, puisque tous les garçons, n’est-ce pas ? commencent par être amoureux d’eux-mêmes, ils se contemplent volontiers tout nus aux miroirs pour s’exciter, comme Narcisse, à une véritable volupté. »

L’argument tient.

D’autres éléments dans la vie de Baudelaire justifient un réexamen de la question de la pédérastie du poète, écartée un peu vite à la suite de Baudelaire lui-même, qui s’en est défendu avec une très grande habileté : « C’est moi-même qui ai répandu ce bruit, et l’on m’a cru ! »

Voir aussi

Notes et références

  1. Notre amour, Paris, Flammarion, 1967, p. 70-71 et 73-74.
  2. Voyage dans un grenier par Charles C... de la Société des Amis des Livres, Paris, Damascène Morgand & Charles Fatout, 1878. p. 11. Édition tirée à 620 exemplaires.