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Monseigneur '''Fernand Maillet''', né à Paris en [[1896]] et mort en [[1963]], était un [[prêtre catholique]] [[France|français]]. Il a dirigé la [[Manécanterie des Petits Chanteurs à la Croix de Bois]] entre [[1924]] et 1963 et a fondé la fédération internationale des [[Pueri Cantores]] en [[1951]].
Monseigneur '''Fernand Maillet''', né à Paris en [[1896]] et mort en [[1963]], était un [[prêtre chrétien|prêtre catholique]] [[France|français]]. Il a dirigé la [[Manécanterie des Petits Chanteurs à la Croix de Bois]] entre [[1924]] et 1963 et a fondé la fédération internationale des [[Pueri Cantores]] en [[1951]].


==Biographie==
==Biographie==

Dernière version du 8 septembre 2019 à 18:48

Monseigneur Fernand Maillet, né à Paris en 1896 et mort en 1963, était un prêtre catholique français. Il a dirigé la Manécanterie des Petits Chanteurs à la Croix de Bois entre 1924 et 1963 et a fondé la fédération internationale des Pueri Cantores en 1951.

Biographie

Issu d’une famille modeste dans le quartier des Buttes-Chaumont, il fait ses études au petit séminaire. Puis il entre au grand séminaire. Ordonné prêtre en 1921, il est nommé vicaire de Saint-Jean-Baptiste de Belleville. Là, il fonde une chorale d’enfants : La Petite Maîtrise de Belleville. En 1924, Jacques de Noirmont lui confie la direction de la Manécanterie des Petits Chanteurs à la Croix de Bois. Il fusionne alors ces deux œuvres.[1] Il va donner à la manécanterie un rayonnement international, partant dès 1931 dans des tournées de plusieurs mois aux États-Unis et au Brésil.

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale – durant laquelle il a été décoré de la Francisque –, il crée la Fédération française des Petits Chanteurs : en effet, le rayonnement de la manécanterie a fait des émules. Cette fédération est reconnue par les évêques français en 1947.[2] Puis il fonde en 1951 la fédération internationale des Pueri Cantores, dont il devient le premier président. C’est cette année-là que le pape Pie XII le nomme au rang honorifique de prélat de Sa Sainteté. De grands congrès internationaux sont organisés, et en particulier le « congrès de la réconciliation » qui se tient en Allemagne en 1953.

Amours, délices et orgues

Dans Propos secrets, Roger Peyrefitte lève le voile sur certains aspects peu connus de la vie des petits chanteurs :

« Après la publication des Amitiés particulières, deux garçons, de dix-huit et dix-neuf ans, m’ont écrit ensemble. Dans leur lettre, ils me disaient qu’ils avaient été petits chanteurs à la Croix de bois. Cette allusion m’a émoustillé. On sait que ces petits chanteurs font rêver tous les pédérastes à chacun de leurs récitals. Je suis donc entré en relations avec ces deux jeunes gens, très charmants. Ils avaient passé l’âge de me plaire. Toutefois, j’ai eu une petite aventure avec l’un d’eux, qui ne s’est pas marié, et mène une vie de pédéraste, comme organiste dans la région parisienne. L’autre a pris femme. […]

Par eux, j’ai appris comment leur vie de petits chanteurs était organisée. Un système admirablement fait, sans en avoir l’air. Lors de leurs tournées, les chanteurs étaient toujours groupés par deux pour la nuit, un grand et un petit. Très souvent, il n’y avait qu’un lit. Et Dieu fermait les yeux sur ce qui s’y passait. Dans le groupe, existait toujours un favori, qui couchait dans la chambre de l’abbé, devenu ensuite monseigneur. Mes deux éclaireurs de pointe me disaient : « Si vous voulez voir qui c’est, allez au prochain récital. Le plus joli, c’est lui. »[3]

»

Le scandale

De nombreuses personnes s’intéressent alors aux Petits Chanteurs – hommes d’Église, musiciens, artistes, journalistes, etc.[4] Cet intérêt va parfois plus loin que la morale officielle ne le tolèrerait. Il est vraisemblable que Monseigneur Maillet était au courant de ce qui se passait entre certains visiteurs et les garçons, lui-même étant très sensible à leur charme. Un scandale éclate en 1959, impliquant plusieurs personnalités connues.

C’est cet épisode que relate à demi-mot Roger Peyrefitte dans Des Français, en 1970 :

« Dans l’affaire des ballets roses, était compromis le beau-père d’un ministre important : il ne fut pas inquiété. À la même époque, un prélat qui dirigeait une célèbre manécanterie, fut impliqué dans une affaire d’une autre couleur : celle des « ballets bleus ». La justice ne frappa que les laïcs, le monseigneur ayant été sauvé par une démarche de l’archevêque de Paris auprès du général. L’Église était d’obédience gaulliste.[5] »

Dans Propos secrets, sur la foi de ses jeunes informateurs, le même auteur reprend avec plus de détails :

« Ils m’ont appris (cela me fut confirmé par un ami avocat) comment ce beau système s’est déréglé. Monseigneur Maillet s’était lié avec un photographe de banlieue, spécialiste des nudités garçonnières et auteur d’un livre qui délayait les Amitiés particulières. Celui-ci était venu me voir, puis j’avais été voir ses photographies, mais nos rapports s’arrêtèrent là. Monseigneur Maillet avait loué, avec le photographe et un troisième larron, une propriété près de Nevers, où les petits chanteurs sont allés passer des vacances. Le bon monseigneur était-il devenu fou ? L’affaire s’est-elle déroulée à son insu ? Il s’est tourné de véritables films pornographiques dans le parc. Imaginez le scandale, vite étouffé par l’archevêque de Paris, qui est intervenu auprès de de Gaulle. Monseigneur Maillet a été blanchi. Ses deux complices ont été condamnés à plusieurs mois de prison. Voilà ce qui arrive quand on confond l’amour de la musique avec l’amour des jolis musiciens.

Pauvre monseigneur Maillet ! Il en est mort.[6]

»

Brièvement arrêté, Monseigneur Maillet doit renoncer à ses responsabilités et passer la main à son successeur, l’abbé Delsinne.[7] Il meurt à Paris d’une crise cardiaque, le 20 février 1963.

Œuvre musicale

On doit à Monseigneur Maillet le renouveau de l’interprétation publique des chants sacrés et profanes traditionnels.

Ses Petits Chanteurs furent des messagers de la paix en se faisant diplomates et représentants de la grâce dans un contexte historique lourd.

Le Pape Jean XXIII (régnant de 1958 à 1963) appellera les Petits Chanteurs à la Croix de Bois « mes petits missionnaires de la Paix ».

Voir aussi

Bibliographie

  • Abbé F. Maillet, Les Petits Chanteurs à la Croix de Bois : souvenirs et anecdotes, Paris, Flammarion, 1946.
  • Abbé F. Maillet, Petits Chanteurs d’hier et d’aujourd’hui, Paris, Flammarion, 1948.
  • Jean Rolland, Monseigneur Maillet et les Petits Chanteurs à la Croix de Bois, Éd. du Cerf, 2001.

Sources

Articles connexes

Notes et références

  1. Abbé F. Maillet, Les Petits Chanteurs à la Croix de Bois : souvenirs et anecdotes, Flammarion, 1946, p. 10-11.
  2. Abbé F. Maillet, Les Petits Chanteurs d’hier et d’aujourd’hui, Flammarion, 1948, p. 239-240.
  3. Roger Peyrefitte, Propos secrets, Paris, Albin Michel, 1977, p. 245-246.
  4. Jean Rolland, Les Petits Chanteurs à la Croix de Bois, Rennes, Ouest-France, 1981, p. 12-13.
  5. Roger Peyrefitte, Des Français, Paris, Flammarion, 1970, p. 44.
  6. Roger Peyrefitte, Propos secrets, Paris, Albin Michel, 1977, p. 246.
  7. Texte relevé le 31 janvier 2009 sur le site Globetrotter :
    « FERNAND MAILLET. Fernand naît en 1896. Cet ecclésiastique français est le fondateur de la manécanterie des Petits Chanteurs à la croix de bois. Monseigneur Maillet, d’après d’anciens choristes, n’apprécie pas seulement les voix de ses jeunes garçons mais également leur physique. Pendant les tournées, le soliste (toujours le plus beau des petits chanteurs) avait le privilège de partager la chambre de Monseigneur. En 1959, on découvre que d’importantes personnalités sont invitées à la résidence de vacances des petits chanteurs pour des « ballets bleus ». Arrêté, Monseigneur Maillet renonce à toutes ses responsabilités et coulera une retraite paisible jusqu’à sa mort en 1963. »