Fresque des enfants boxeurs

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La fresque des enfants boxeurs
à côté de celle des antilopes

La fresque des enfants boxeurs est une décoration murale du XVIIe siècle AEC, mise au jour dans l’île de Santorin (ou Théra) en mer Égée.

Contexte

Entre -1628 et -1600, une éruption volcanique cataclysmique détruisit l’île de Santorin, provoquant des tremblements de terre ainsi que des tsunamis dévastateurs en Crète, en Égypte et dans toute la Méditerranée orientale.

On a émis l’hypothèse que cette catastrophe serait à l’origine du mythe de l’Atlantide évoqué par Platon — civilisation très avancée située dans une île également détruite de façon soudaine. D’autres ont supposé que les événements extraordinaires décrits dans la Bible, lors de l’exode des Hébreux hors d’Égypte, pourraient trouver là une explication : ouverture de la mer (prélude à un tsunami), colonne de feu (éruption volcanique), manne venue du ciel (retombées de cendres), etc.

Quoi qu’il en soit, Santorin faisait partie de l’aire d’influence de la civilisation minoenne, établie en Crète. Or celle-ci a été, depuis la plus haute antiquité, l’un des lieux privilégiés de la pédérastie : légende du roi Minos, pratiques initiatiques particulières, mythes divers (certains auteurs anciens situaient en Crète, au lieu des environs de Troie, l’enlèvement de Ganymède par Zeus sur le mont Ida — cette dénomination se retrouve en effet dans les deux régions).

Analyse

Fresque des enfants boxeurs

La fresque, habilement complétée pour les parties détruites, montre deux jeunes garçons nus, chacun portant pour seuls vêtements une ceinture et un gant de boxe. Leur tête est rasée (d’où la nuance bleutée), sauf pour deux longues mèches à l’arrière et deux plus courtes sur le front. Leur peau rouge foncé indique le sexe masculin : par convention, comme dans les fresques étrusques, les artistes minoens peignaient les hommes et les garçons en rouge, et les femmes en blanc.

Les organes sexuels ne sont pas visibles. En revanche, la cambrure des reins, très prononcée, met les fesses en valeur.

Le garçon de gauche, légèrement plus grand que son adversaire, est le mieux conservé. Il porte des bijoux (bracelets, collier), ce qui pourrait indiquer un statut social plus élevé. Par ailleurs, il apparaît entièrement de profil — innovation importante par rapport au canon esthétique de l’époque : normalement, comme en Égypte, le buste était toujours dessiné de face, alors que la tête et les jambes étaient montrés de profil.

Cette œuvre a été réalisée par le même artiste que la fresque des antilopes située dans la même salle (pièce B1, édifice B d’Akrotiri). D’où une incontestable unité décorative : outre les fonds qui se répètent, les jambes des garçons répondent à celles des antilopes, de même que les courbes horizontales de celles-ci rappellent les ondulations verticales des petits boxeurs. Et si l’on en juge par les cornes, dont la taille est comparable, les deux antilopes seraient elles aussi du même sexe.

Peut-on en déduire que le parallèle entre garçons et gazelles, constant dans la littérature de la civilisation arabo-musulmane, existait déjà vingt-cinq siècles avant Abû Nuwâs, qui utilise souvent cette image, et plus de trente siècles avant Les prairies des gazellesMuhammad an-Nawâjîy fait l’éloge des beaux garçons ?…

En tout cas, la présence d’une fresque murale aussi imposante, sur un sujet exclusivement garçonnier, indique que les habitants de Santorin savaient apprécier la beauté des jeunes adolescents ou préadolescents. Ceci dans un contexte tout à fait similaire à ce que connaîtra la Grèce antique un millénaire plus tard : la pratique d’un sport et la nudité totale, qui mettent en relief l’érotisme des corps juvéniles.

Voir aussi