L’apprenti (Maurice Balland)

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L’apprenti est une nouvelle d’érotisme juvénile de Maurice Balland. Le récit se prolonge dans la nouvelle suivante, C’est vraiment mieux !, d’inspiration plus particulièrement pédérastique.





L’APPRENTI



Félix, allègrement rentre du travail. C’est bien la première fois qu’il revient en chantant à la maison après une journée bien remplie. C’est que maintenant il est apprenti. Finie l’école ! Ah, tout de même ! Qu’il a pu s’y ennuyer durant tant d’années ! Il n’est pas fait pour les études. Tenir des outils, tournevis, marteau, pinces, poser des baguettes, des fils, planter des clous. Ah, c’est quelque chose ! Il a vraiment l’impression de s’occuper. Ce n’est pas comme de tenir un bic et d’essayer de griffonner sur des cahiers en ne comprenant rien, attendant que les heures passent avant de sortir de classe pour courir un peu ! Désormais, c’est autre chose. De travailler, ça vous pose comme un homme ! Il n’est plus un bébé… Ah, oui ! Finie l’enfance ! Et aujourd’hui, il a fait une découverte sensationnelle !

Comment pourra-t-il raconter ça ?

Pourquoi en parler ? Ce sera son secret. Il a bien le droit de posséder dans son cœur un coin où conserver pour lui seul toutes ses richesses nouvelles, au moins pour un temps… Plus tard, on verra !

Sitôt parvenu à ses quinze ans, Félix a réussi à s’engager chez un patron comme apprenti électricien et à être admis dans un lycée d’enseignement professionnel pour les cours théoriques obligatoires. Il lui faudra donc encore aller en classe et tenir un bic entre ses doigts, mais, ce ne seront que de brefs moments à supporter jusqu’au C.A.P. Le plus clair de son temps sera au travail avec des ouvriers. Et puis, il y aura d’autres apprentis pour échanger ensemble leurs impressions du métier, ce qu’ils pensent de leurs patrons, participer à des grèves peut-être, ce sont des préoccupations d’hommes, n’est-ce pas ? On n’est plus des gosses, on est capable d’avoir des opinions !

Mais comment font les hommes en certaines occasions ? Cela aussi, il lui faudra le découvrir. Bien sûr, il y a des cours d’information sexuelle en classe de sciences. Mais, c’est vraiment con. On n’y apprend rien de vraiment utile. Entre copains, on découvre davantage de choses intéressantes. Il est vrai qu’en dehors de se branler ensemble dans les cabinets, ou chez un camarade souvent seul à la maison parce que ses parents sont perpétuellement absents, pour le reste on ne peut que l’imaginer. Les filles sont à peu près inabordables. Maintenant, peut-être, va-t-il parvenir à en intéresser une.

Car, voilà ! Ça y est, aujourd’hui il a trouvé, il sait enfin comment faire !

Ses débuts dans l’apprentissage ont été un peu pénibles. Les premiers jours, il fatiguait assez vite. C’est vrai, il avait à « gigoter » toute la journée, c’est-à-dire, aller de-ci, de-là, pour faire des tas de besognes que l’on confie ordinairement aux apprentis : des courses, aider à déplacer l’échelle, chercher et passer des outils, et autres diverses besognes qui ne sont pas tellement du travail, mais qu’un jeune doit exécuter pour s’imprégner de l’atmosphère du métier. Au début, donc, il en a eu plein les jambes !

Et puis, au bout de quelques semaines, il s’y est fait. D’aller sur les chantiers, ah, là, Félix se sentit heureux. La « félicité » qui commence ! Enfin du travail comme les hommes ! Avec des conversations à la manière des hommes. Sans doute, un langage à peu près semblable à celui de l’école quand les garçons font déjà les durs : con, putain, merde, enculé, gonzesses (pour parler des femmes), et autres verdeurs du langage… Mais dit entre hommes, avec des compagnons de travail, ça prend une autre saveur ! Félix est heureux !

Sa fatigue n’a pas duré longtemps. Il n’y a plus pensé. Tant de choses nouvelles à apprendre chaque jour. La rencontre des autres corps de métier. Quelle diversité ! Chacun fait son boulot. Il faut y mettre du sien pour que tout marche bien et que le patron soit content. Félix met tout son cœur à l’ouvrage si bien que rapidement, on peut lui faire confiance et il devient le compagnon privilégié d’un des plus excellents ouvriers de l’entreprise où il a été engagé.

Et, désormais, c’est du boulot délicat. Jusqu’alors, il avait travaillé dans des chantiers d’immeubles neufs encore inoccupés, et voilà qu’on l’envoie dans un immeuble en rénovation, où des gens résident. On doit travailler en s’efforçant de déranger le moins possible les locataires. Ce n’est pas facile. Avec certaines personnes, il n’y a pas trop de problèmes. Mais d’autres sont grincheuses, rouspéteuses, se plaignent pour des riens, parce qu’il faut déplacer les meubles, et ça les gêne. Il faut pourtant faire le travail, alors c’est des assauts de gentillesse pour amadouer les vieilles personnes particulièrement perturbées par le remue-ménage auquel elles sont soumises. Félix est délicat, il a bon cœur, et fait de son mieux pour satisfaire tout le monde. Il a bon tempérament d’ailleurs, et sourit facilement. Il a au fond un caractère optimiste, C’est pourquoi il a supporté l’école durant si longtemps sans en être tellement accablé. Il supportera aussi les inconvénients de certaines situations dans son métier.

D’ailleurs, il n’y a pas que de vieilles personnes dans l’immeuble, une jeune mère de deux charmants petits bambins lui a offert un goûter un après-midi. Elle avait été vraiment chic. Il est vrai qu’il faisait chaud, et il avait terriblement soif. Un peu faim aussi. En maman attentive, Eugénie, c’est ainsi qu’elle se fit appeler, avait deviné le désir du jeune garçon. Car, au fond, c’était encore un garçon, tout frais émoulu dans la vie professionnelle. Le compagnon de travail, n’y avait pas vu d’inconvénient : « Tu sais, c’est toujours bon à prendre. De temps en temps, c’est un peu l’avantage de travailler chez les gens. Tu en verras d’autres. Il y a des occasions exceptionnelles qu’il ne faut pas rater. »

Le travail dans l’appartement d’Eugénie était assez compliqué. Il fallut y passer plusieurs jours, puis revenir la semaine suivante. Félix dut aller ailleurs, puis venir à nouveau pour continuer. Chaque fois, il venait avec le compagnon qui de temps en temps l’envoyait chercher quelque outil ou de menues fournitures au magasin de chantier. Un jour, il dut s’absenter plus d’une demi-heure. En revenant, il perçut chez l’ouvrier une bonne humeur peu habituelle. À la fin de la journée, quittant la salopette de travail dans la cabane de chantier, il lui fit la remarque :

— Eugénie t’a raconté des histoires drôles pour que tu rigoles comme ça quand je suis revenu ?

— Ah, la garce ! Si tu savais comme elle met en pétard. Il faudrait que tu voies ça.

Qu’y avait-il à voir ? Félix ne le sut pas.

Un après-midi, tandis qu’il travaillait dans la chambre à coucher, Eugénie alla à la salle de bain attenante, emplit d’eau la baignoire, commença à se déshabiller, puis ferma la porte. Le compagnon, malicieux, fit de l’œil au garçon qui rougit. À quoi cela pouvait-il l’inviter ? Il s’en douta quelque peu, un remue-ménage se faisant dans les profondeurs de son froc. L’ouvrier s’en aperçut :

— Dis donc ! Mon garçon, je vois que tu comprends. Écoute ! Je vais aller ailleurs sur le chantier et tu termineras le travail tout seul. Tu te débrouilleras bien, j’en suis sûr, et tu partiras après.

— Sois tranquille, il n’y en a plus pour bien longtemps, j’irai te rejoindre.

— Oh, prends ton temps, profites-en ! Je n’ai pas besoin de toi pour l’instant.

Et l’ouvrier partit après avoir encore fait au garçon un clin d’œil comme pour l’allumer.

Terminer seul ! Félix est heureux. Quelle confiance on lui témoigne ! Il fera donc de son mieux et vite ! On sera satisfait de lui. Il en est sûr, et son compagnon sera content. Les coups d’œil que celui-ci vient de lui faire c’est… bien sûr, pour l’encourager. Pourtant « ne serait-ce pas pour autre chose ? » se demande le garçon. C’est que le bruit de l’eau dans la salle de bain, l’idée qu’il y a là une femme à poil, provoque en lui une excitation qu’il se sent de moins en moins capable de contrôler. S’il désire voir sortir Eugénie, il redoute également de se trouver seul en face d’elle. À peine le compagnon parti qu’elle ouvrit la porte de la salle d’eau et parut ayant seulement ajusté autour de sa poitrine au niveau des seins une grande serviette pour se couvrir le corps. Elle retira le bonnet qu’elle avait mis sur sa tête pour protéger ses cheveux, ceux-ci tombèrent en volutes sur les épaules, véritable nimbe d’or encadrant un visage fin et racé : Vénus sortant de la mer, comme sur un tableau du Louvre qu’il avait vu un jour de visite scolaire au musée et en était resté impressionné, il ne l’avait pas oublié. Et voilà que l’image devenait réalité.

Il était en train de fixer un interrupteur. Ses doigts tremblent, l’outil échappe. Ses genoux flanchent. Il s’assied sur une chaise proche, confus, le visage tout rouge. « Il fait chaud, Félix, dit Eugénie, repose-toi un peu. Je vais t’apporter de quoi te rafraîchir. »

Que d’attention ! Cette personne est bien prévenante, déjà elle a montré de l’intérêt à l’adolescent. Un jour n’a-t-elle pas dit : « Félix, oui, Félix, c’est bien ça ton prénom, tu es bien balancé. Tu as une belle carrure déjà. Tu parais fort. Tu veux bien que je te tutoie, ça met moins de distance entre nous, tu ne trouves pas ? » Le garçon rougit de plaisir. Les filles qu’il connaît ne le regardent pas, ça le désole. Voilà une femme qui l’admire. Tout de même ! On peut donc s’intéresser à lui. La jeune femme n’insista pas et reprit ses occupations.

Un autre jour, elle remarqua : « Félix, tu as de fort jolis yeux. » Que lui répondre ? Il est embarrassé. Il balbutie : « Oh, je vous remercie… c’est… c’est bien gentil de me dire ça. » Ses yeux, à elle, sont jolis aussi. Va-t-il le lui dire ? Comment parler à une femme ? Le regard d’Eugénie maintenant le trouble. Des yeux fascinants ! Il se sent attiré. Une impression nouvelle… Il devine ses propres yeux brillants, ardents de désir. Et ces autres yeux qui le fixent, semblant plonger au profond de son être, le sonder, appeler à se précipiter… Où ? Dans l’inconnu. Mais Eugénie n’a pas insisté…

Une autre fois encore, Eugénie lui adressa encore la parole. Elle parut plus doucereuse, comme plus intéressée dans sa façon de parler, et plus envoûtante :

— Félix, tu n’es pas mal, tu parais déjà un homme pour ton âge. Combien dis-tu ?

— Quinze ans et demi. Je sais, je suis plutôt grand. J’ai forci depuis que je travaille.

— Je vois. Tu dois avoir de belles cuisses. Je le devine à travers ton bleu de travail. Tu sais, ce que je ne vois pas, je le sens. Tu es certainement un garçon bien fait, tout comme il faut…

Il rougit de plaisir. Ah, voilà qu’on s’intéresse particulièrement à son corps ! Et aussi qu’on suscite en lui un intérêt : car il découvre tout à coup qu’il pourrait bien retourner un compliment du même genre à la jeune femme, par exemple, lui dire qu’elle a une belle poitrine, ce dont il se rend compte maintenant car jusqu’à présent, il n’y avait pas prêté tellement attention, loin de penser que durant son travail il fût possible de faire de telles découvertes. Mais Eugénie n’insista pas…

Pourtant, quand elle avait fait allusion à ses cuisses, il avait ressenti quelques remous au fond de son pantalon. Que donc avait-elle deviné à travers son vêtement de travail ? Ce qui alors s’était produit, le gonflement qui incite à se procurer une jouissance. Il s’était senti gêné, hésitant à mettre la main pour libérer un peu son organe qui se coinçait. Il n’osait bouger. Ayant interrompu son travail, ses mains tremblaient, et il risquait de faire tomber son outil. La jeune femme s’en aperçut-elle ? Cependant, elle n’insista pas…

Le soir, dans son lit, il pensa aux paroles entendues au cours de son travail. Il sentit une chaleur dans ses cuisses, le besoin de se caresser. « Ce serait mieux avec Eugénie, se dit-il. Quelle idée ! Avec une fille, je comprends, mais une femme ! Comment le lui demander ? Je n’oserai jamais. Et puis, elle ne pourra que me refuser, ça ne se fait pas… » En attendant de trouver une solution, il se satisfit, seul, tout simplement, tout désespérément plutôt. « Que la vie est compliquée ! » songea-t-il, apaisé, avant de s’endormir.

Eugénie, toujours enroulée dans sa serviette de bain, revint de la cuisine avec une bouteille et deux verres. Elle lui en tendit un pour qu’il le tienne tandis qu’elle le remplirait. Il le prit. Elle commença à verser. De se trouver tout proche de la femme si précairement vêtue émut davantage le garçon et lui fit faire un faux mouvement. Le liquide tomba à côté, mouillant son pantalon. « Oh, maladroite que je suis ! Attends, je vais t’essuyer. » Prenant un linge, elle frotta, ce qui mit le garçon au comble de l’excitation.

— Enlève ton bleu de travail, ce sera plus facile pour le faire sécher.

— Vous croyez ?

En état second, Félix s’exécute, aidé par Eugénie. Mais dans la manœuvre, la serviette entourant le corps de la jeune femme tombe dévoilant ce que le garçon ardemment désirait voir, toucher, palper. Il ne peut nier son attente, décelable à son slip fortement tendu.

La femme ne semble aucunement s’émouvoir. Restée à poil, doucement, elle ordonne :

— Mets-toi à l’aise, enlève tout le reste, ce sera mieux, tu ne crois pas ?

— O…u…i, bafouille-t-il, surpris de ce qui lui arrive et ne sachant que faire, sinon obéir.

Il ne réfléchit plus. Il va se laisser conduire… Il sent que la femme avait tout prévu. Il la laisse donc diriger. Docile autant qu’anxieux et gauche, il lui caresse les seins, puis met sa main à son sexe pour en jauger la fente : « Tu vois, c’est pas difficile ! »

Pour sûr, mais le garçon est impatient. C’est autre chose qu’il voudrait et n’ose demander. Il sent le paroxysme de l’attente, son organe commence à devenir douloureux à force de tension. Il tourne les yeux vers le lit.

— Petit polisson, que veux-tu là ? tu es trop jeune !… Mais, à ce que je vois, tu es quand même bien pourvu.

Elle lui tâte le sexe, puis passe ses doigts au travers des poils déjà abondants qu’elle tiraille aussi quelque peu.

C’était le remplir de fierté, mais aussi l’exciter davantage. Un regard de détresse du garçon, qu’elle avait voulu provoquer et qui lui plut, la commanda de ne plus différer. Elle alla vers le lit où Félix la suivit.

Allongé près d’elle, il ne sut encore que faire, c’était tellement nouveau. Mais bientôt, Eugénie le prit à bras le corps et le renversa à plat ventre sur elle, puis prestement lui prit le sexe qu’elle guida vers la fente que le garçon pénétra comme par instinct, trouvant comme une ardeur sauvage à s’enfoncer au maximum de l’avantage qui lui était offert. Tout à coup, il fut secoué de spasmes comme jamais il n’en ressentait en se branlant. Ç’avait été si violent qu’il en fut comme assommé, et resta étendu sur le corps qui lui communiquait une douce et agréable chaleur, sensible surtout à son organe toujours fiché. Eugénie le laissa savourer un instant.


Son travail terminé, Félix partit le cœur gros car il n’aurait plus à revenir dans cet appartement. Le soir dans son lit, tardant à trouver le sommeil, il revit la scène de l’après-midi, la découverte qu’il avait faite, la « félicité » enfin trouvée !

— Je ne savais pas que c’était ça ! avait-il dit à Eugénie.

— Eh, oui, tu n’es qu’un apprenti. Tu auras à te perfectionner. Je n’ai crainte, comme tu es monté déjà à ton âge, tu pourras jouir de la vie.

Il se sent fier. C’est vrai, il a un bel organe. Il s’en doutait bien, mais personne ne le lui avait fait remarquer, ni surtout ne l’avait initié à la façon de s’en servir.

— Maintenant, je saurai comment faire avec une fille si j’en trouve une, avait-il encore dit à la femme.

— Comment ! Tu n’as pas de petite amie.

— Non. Elles ne s’intéressent pas à moi. J’ai beau faire, c’est les autres copains qui réussissent avec elles.

— Oh, tu devrais pourtant leur faire tourner la tête.

— Comment ?

— C’est simple, fais comme si les filles ne t’intéressaient pas. Tu verras, il y en aura une qui essaiera d’attirer ton attention, alors, surtout n’hésite pas, fais-lui un sourire, et tout marchera très bien.

— C’est pas plus difficile que ça ?

— Non ! Quand on désire vraiment, tout arrive comme on veut.

— Personne ne nous dit rien pour réussir.

— Eh bien, moi, je t’ai montré. Tu as eu plus de chance que beaucoup de jeunes. Retiens bien la leçon, et tu seras heureux, bel apprenti !





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Table des matières
LEÇONS PARTICULIÈRES
nouvelles
 
LES DEUX COPAINS
nouvelles
Deuxième série
   
Leçons particulières Les deux copains
Ne suis pas n’importe qui !… Vous reviendrez demain ?
L’apprenti Un papa heureux !
C’est vraiment mieux ! Manoel
Enfant de cœur ! Le laveur de pare-brise
Sortis du tunnel ! Dominique
Droits de l’Homme ! Le gars de la colonie
Chassé-croisé Un moyen de communiquer !
Mon maître Les Buttes-Chaumont
Le boulevard nous sépare… On a commencé par la queue !
Le garçon dans la nuit Vacances en Angleterre
La fugue Je ressemble à papa !
Le camp de jeunesse Au musée
La Villette L’Espagnol
La relève Ce n’est pas dans l’ordre !

Voir aussi

Articles connexes