« La civilisation arabe et l’amour masculin (Marc Daniel) – I » : différence entre les versions

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Sur la pédérastie dans les pays musulmans, tout le monde a son opinion, généralement sans nuances.
Sur la pédérastie dans les pays musulmans, tout le monde a son opinion, généralement sans nuances.


Chez les Européens, on admet le plus souvent sans discussion que les mœurs dites « grecques » pourraient aussi bien être qualifiées d’ « arabes ». Les homosexuels de nos pays considèrent volontiers l’Afrique du Nord et le Proche-Orient comme une sorte de paradis, où les jeunes garçons sont peu farouches et où les hommes adultes ne le sont pas davantage, à condition qu’on ne leur demande pas le même genre de complaisances.
Chez les Européens, on admet le plus souvent sans discussion que les mœurs dites « grecques » pourraient aussi bien être qualifiées d’« arabes ». Les homosexuels de nos pays considèrent volontiers l’Afrique du Nord et le Proche-Orient comme une sorte de paradis, où les jeunes garçons sont peu farouches et où les hommes adultes ne le sont pas davantage, à condition qu’on ne leur demande pas le même genre de complaisances.


De cette perpétuelle et universelle « disponibilité » homosexuelle des mâles arabes, la littérature occidentale s’est faite l’écho, depuis le célèbre et incantatoire passage où Gide, dans ''Si le grain ne meurt,'' a raconté sa nuit dans les dunes de Sousse avec le jeune Ali, jusqu’aux innombrables récits et romans récents où le Maroc, la Tunisie, l’Égypte, le Liban, apparaissent comme des lieux de rêve pour l’Européen homophile.
De cette perpétuelle et universelle « disponibilité » homosexuelle des mâles arabes, la littérature occidentale s’est faite l’écho, depuis le célèbre et incantatoire passage où Gide, dans ''Si le grain ne meurt,'' a raconté sa nuit dans les dunes de Sousse avec le jeune Ali, jusqu’aux innombrables récits et romans récents où le Maroc, la Tunisie, l’Égypte, le Liban, apparaissent comme des lieux de rêve pour l’Européen homophile.
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Pour fixer les idées, rappelons que, du {{Petites capitales|vii}}{{Exp|e}} au {{Petites capitales|xi}}{{Exp|e}} siècles de notre ère, la vague de conquête arabe, partie de La Mecque sous l’impulsion de Mahomet et de ses successeurs les khalifes, recouvrit toute l’Asie orientale jusqu’au nord de l’Inde, toute l’Afrique du Nord, presque toute l’Espagne, la Sicile, échouant de justesse devant Constantinople, qui devait tomber finalement sous les coups des Turcs en 1453.
Pour fixer les idées, rappelons que, du {{Petites capitales|vii}}{{Exp|e}} au {{Petites capitales|xi}}{{Exp|e}} siècle de notre ère, la vague de conquête arabe, partie de La Mecque sous l’impulsion de Mahomet et de ses successeurs les khalifes, recouvrit toute l’Asie orientale jusqu’au nord de l’Inde, toute l’Afrique du Nord, presque toute l’Espagne, la Sicile, échouant de justesse devant Constantinople, qui devait tomber finalement sous les coups des Turcs en 1453.


Dans cet immense empire (qu’on se représente, pour des hommes du Moyen Âge, la distance entre Samarcande et Cadix !), une civilisation brillante, raffinée, s’épanouit, centrée d’abord à Damas, puis à Bagdad, puis en de multiples foyers, Le Caire, Kairouan, Cordoue, avant de tomber en décadence sous le choc des invasions et des guerres et de s’éteindre peu à peu, tandis que s’affirmait, en contraste, la suprématie de l’Europe et de la civilisation que nous appelons « occidentale » — la nôtre.
Dans cet immense empire (qu’on se représente, pour des hommes du Moyen Âge, la distance entre Samarcande et Cadix !), une civilisation brillante, raffinée, s’épanouit, centrée d’abord à Damas, puis à Bagdad, puis en de multiples foyers, Le Caire, Kairouan, Cordoue, avant de tomber en décadence sous le choc des invasions et des guerres et de s’éteindre peu à peu, tandis que s’affirmait, en contraste, la suprématie de l’Europe et de la civilisation que nous appelons « occidentale » — la nôtre.
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Quand on parle d’ « empire arabe », il faut d’ailleurs toujours garder en mémoire que l’élément proprement ''arabe'' (au sens ethnique du mot) n’y fut réellement prépondérant que dans certaines régions et dans certaines classes sociales. Les tribus conquérantes venues de la péninsule arabique n’étaient pas assez nombreuses pour modifier profondément le peuplement des immenses territoires que leurs armes firent tomber entre leurs mains en quelques foudroyantes campagnes. Les vainqueurs constituèrent simplement, dans la plupart des pays conquis, une sorte d’aristocratie guerrière, très orgueilleuse de ses origines purement arabes, mais qui, au cours des siècles, se mêla de plus en plus intimement aux races indigènes. Il en résulta une « arabisation » évidente des populations locales, mais aussi une « indigénisation » de l’aristocratie arabe. Ce phénomène fut particulièrement sensible dans le domaine de la culture et des mœurs, et il explique bien des faits que nous aurons à constater au cours de cette étude.
Quand on parle d’« empire arabe », il faut d’ailleurs toujours garder en mémoire que l’élément proprement ''arabe'' (au sens ethnique du mot) n’y fut réellement prépondérant que dans certaines régions et dans certaines classes sociales. Les tribus conquérantes venues de la péninsule arabique n’étaient pas assez nombreuses pour modifier profondément le peuplement des immenses territoires que leurs armes firent tomber entre leurs mains en quelques foudroyantes campagnes. Les vainqueurs constituèrent simplement, dans la plupart des pays conquis, une sorte d’aristocratie guerrière, très orgueilleuse de ses origines purement arabes, mais qui, au cours des siècles, se mêla de plus en plus intimement aux races indigènes. Il en résulta une « arabisation » évidente des populations locales, mais aussi une « indigénisation » de l’aristocratie arabe. Ce phénomène fut particulièrement sensible dans le domaine de la culture et des mœurs, et il explique bien des faits que nous aurons à constater au cours de cette étude.


Si les conquérants arabes ne purent substituer leur race à toutes celles qu’ils trouvèrent dans les pays conquis, ils leur imposèrent en revanche très rapidement leur langue et, dans une très large mesure, leur religion, c’est-à-dire leur législation. Il se produisit à cet égard, dans tout l’empire des khalifes, un phénomène assez comparable à celui dont la Gaule avait été le théâtre après la conquête romaine. Les religions non-musulmanes et les langues non-arabes restèrent tolérées, mais elles cédèrent rapidement le terrain devant la force d’expansion de l’idiome et de la foi venus de La Mecque, et se trouvèrent, au bout de peu d’années, réduites à la condition de minoritaires&nbsp;({{refnote|exp=non|4}}).
Si les conquérants arabes ne purent substituer leur race à toutes celles qu’ils trouvèrent dans les pays conquis, ils leur imposèrent en revanche très rapidement leur langue et, dans une très large mesure, leur religion, c’est-à-dire leur législation. Il se produisit à cet égard, dans tout l’empire des khalifes, un phénomène assez comparable à celui dont la Gaule avait été le théâtre après la conquête romaine. Les religions non-musulmanes et les langues non-arabes restèrent tolérées, mais elles cédèrent rapidement le terrain devant la force d’expansion de l’idiome et de la foi venus de La Mecque, et se trouvèrent, au bout de peu d’années, réduites à la condition de minoritaires&nbsp;({{refnote|exp=non|4}}).
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Or, qu’était cette Syrie, sinon l’un des domaines privilégiés de l’amour homosexuel, depuis l’aurore de l’histoire ?
Or, qu’était cette Syrie, sinon l’un des domaines privilégiés de l’amour homosexuel, depuis l’aurore de l’histoire ?


On sait combien les prophètes juifs avaient eu de peine, après le retour de l’exil de Babylone, à extirper d’Israël la pratique des prostitués sacrés (III ''Rois,'' XIV, 24 ; ''Deuter.'' XXIII, 18 ; etc.). Ils y avaient réussi tant bien que mal, ainsi qu’à mettre hors-la-loi les relations sexuelles entre hommes ; mais ces mœurs étaient restées monnaie courante dans tout le reste du Proche-Orient. En pleine ère chrétienne, l’évêque Eusèbe de Césarée voyait encore à Aphaca (Afka en Phénicie) des prostitués sacrés au temple d’&nbsp;« Aphrodite », c’est-à-dire d’Astarté&nbsp;({{refnote|exp=non|6}}). À Émèse subsistait le souvenir du culte de la fameuse Pierre noire, dont le grand-prêtre Élagabal, devenu empereur de Rome au {{s-|III|e}}, avait étonné le monde par l’ampleur de ses débauches d’inverti mystique&nbsp;({{refnote|exp=non|7}}).
On sait combien les prophètes juifs avaient eu de peine, après le retour de l’exil de Babylone, à extirper d’Israël la pratique des prostitués sacrés (III ''Rois,'' XIV, 24 ; ''Deuter.'' XXIII, 18 ; etc.). Ils y avaient réussi tant bien que mal, ainsi qu’à mettre hors-la-loi les relations sexuelles entre hommes ; mais ces mœurs étaient restées monnaie courante dans tout le reste du Proche-Orient. En pleine ère chrétienne, l’évêque Eusèbe de Césarée voyait encore à Aphaca (Afka en Phénicie) des prostitués sacrés au temple d’« Aphrodite », c’est-à-dire d’Astarté&nbsp;({{refnote|exp=non|6}}). À Émèse subsistait le souvenir du culte de la fameuse Pierre noire, dont le grand-prêtre Élagabal, devenu empereur de Rome au {{s-|III|e}}, avait étonné le monde par l’ampleur de ses débauches d’inverti mystique&nbsp;({{refnote|exp=non|7}}).


Le culte principal de la Syrie antique — celui de la « Déesse syrienne », nommée selon les lieux Ishtar, Astarté, Atargatis, et même, à l’époque hellénistique, Aphrodite — avait un rituel essentiellement sexuel, proche parent de celui d’Attis et de Cybèle, la « Grande Mère » de Phrygie, où la castration, le travesti, l’inversion jouaient un rôle important. Les manifestations en étaient nombreuses, à Palmyre, à Hiérapolis (Menbidj), à Baalbek, à Byblos (Djebaïl), etc.&nbsp;({{refnote|exp=non|8}}). C’est dans un temple de cette déesse que nous avons vu les derniers prostitués sacrés au {{s-|IV|e}} après J.-C. ; et c’est son mythe qui nous a valu l’un des plus anciens textes connus relatifs à l’inversion sexuelle, remontant au {{Petites capitales|iii}}{{Exp|e}} millénaire avant notre ère&nbsp;({{refnote|exp=non|9}}).
Le culte principal de la Syrie antique — celui de la « Déesse syrienne », nommée selon les lieux Ishtar, Astarté, Atargatis, et même, à l’époque hellénistique, Aphrodite — avait un rituel essentiellement sexuel, proche parent de celui d’Attis et de Cybèle, la « Grande Mère » de Phrygie, où la castration, le travesti, l’inversion jouaient un rôle important. Les manifestations en étaient nombreuses, à Palmyre, à Hiérapolis (Menbidj), à Baalbek, à Byblos (Djebaïl), etc.&nbsp;({{refnote|exp=non|8}}). C’est dans un temple de cette déesse que nous avons vu les derniers prostitués sacrés au {{s-|IV|e}} après J.-C. ; et c’est son mythe qui nous a valu l’un des plus anciens textes connus relatifs à l’inversion sexuelle, remontant au {{Petites capitales|iii}}{{Exp|e}} millénaire avant notre ère&nbsp;({{refnote|exp=non|9}}).

Version du 1 mars 2010 à 21:10



LA CIVILISATION ARABE

ET L’AMOUR MASCULIN



par Marc DANIEL.




Sur la pédérastie dans les pays musulmans, tout le monde a son opinion, généralement sans nuances.

Chez les Européens, on admet le plus souvent sans discussion que les mœurs dites « grecques » pourraient aussi bien être qualifiées d’« arabes ». Les homosexuels de nos pays considèrent volontiers l’Afrique du Nord et le Proche-Orient comme une sorte de paradis, où les jeunes garçons sont peu farouches et où les hommes adultes ne le sont pas davantage, à condition qu’on ne leur demande pas le même genre de complaisances.

De cette perpétuelle et universelle « disponibilité » homosexuelle des mâles arabes, la littérature occidentale s’est faite l’écho, depuis le célèbre et incantatoire passage où Gide, dans Si le grain ne meurt, a raconté sa nuit dans les dunes de Sousse avec le jeune Ali, jusqu’aux innombrables récits et romans récents où le Maroc, la Tunisie, l’Égypte, le Liban, apparaissent comme des lieux de rêve pour l’Européen homophile.

Au reste, l’observateur le plus superficiel sait combien sont accessibles aux plaisirs homosexuels les Arabes qui vivent dans nos grandes villes. Les publications racistes, qui se font de l’hostilité envers les Arabes une triste spécialité, en tirent d’ailleurs prétexte pour crier au scandale et pour proclamer que les mœurs occidentales sont menacées par cette « invasion » pédérastique.

Or, face à cette opinion universellement répandue et appuyée sur des faits de constatation aisée, beaucoup d’intellectuels arabes d’aujourd’hui se rebellent et s’indignent. Pour les plus engagés dans la lutte contre le colonialisme et le néo-colonialisme européen, le phénomène pédérastique dans les pays musulmans serait dû à la corruption engendrée et entretenue par les colonisateurs ; c’est dans cette perspective qu’il faut comprendre la loi anti-homosexuelle promulguée en Algérie depuis l’indépendance (1), les attaques du Président Bourguiba contre la prostitution homosexuelle et la démoralisation de la jeunesse en Tunisie, et tout un ensemble de mesures d’inspiration puritaine prises au cours des dernières années par plusieurs gouvernements arabes d’Orient.

Il serait trop facile, et certainement très insuffisant, de voir dans cette évolution un simple alignement sur l’austérité morale chère aux régimes marxistes autoritaires d’Europe de l’Est et d’Asie, ou une simple réaction contre une « débauche » identifiée à l’ère coloniale. Sans aller jusqu’au ridicule d’un René Khawam, qui prétend l’homosexualité absente de la tradition culturelle arabe (2), il faut convenir qu’à côté de la floraison littéraire pédérastique que nous allons étudier, il a toujours existé en pays musulman un puissant et réel courant de puritanisme et que (dans l’Arabie saoudienne par exemple) le rejet actuel de l’homosexualité — au moins en théorie — correspond à une renaissance de ce courant, tout autant qu’à une réaction anti-européenne.

Voici donc en conflit bien des visions contradictoires. Folklore érotique des Mille et une Nuits, que le film de Pier-Paolo Pasolini exprime avec une si admirable splendeur (3), clichés de dépliants touristiques coloriés par Hollywood, rêveries d’homosexuels européens séduits par la légendaire magie de l’Orient et par les charmes fort réels des Orientaux, tout cela ne pourrait être démythifié que par une longue et patiente analyse de chacun des éléments du problème.

Or, malgré l’abondante littérature sur ce sujet, celui-ci reste beaucoup moins étudié en profondeur qu’il n’y paraît, en raison des positions a priori — louange ou dénigrement, sympathie ou condamnation — qui, la plupart du temps, faussent le débat. Les uns exaltent la civilisation arabe parce qu’elle est pédérastique, les autres refusent de la croire pédérastique parce qu’ils l’admirent tout en détestant la pédérastie, d’autres enfin la proclament pédérastique parce que cela leur permet de mépriser en bloc pédérastie et arabisme.

Notre but, dans cet essai, est de tenter un retour aux sources, c’est-à-dire à la grande civilisation arabe classique, qui reste — plus que les Européens ne le croient souvent — la base culturelle de la société musulmane d’aujourd’hui.

Rechercher les origines de l’amour pédérastique dans l’empire arabe du Moyen Âge, préciser l’étendue et les limites de son extension, passer en revue les différents aspects de son expression littéraire, nous aidera, autant que les analyses politiques et les enquêtes sociologiques plus ou moins « orientées » idéologiquement, à apprécier la réalité de l’homophilie dans le monde arabe actuel et à en comprendre le caractère.


I. LES VOLUPTÉS DE L’ANTIQUE ORIENT

Pour fixer les idées, rappelons que, du viie au xie siècle de notre ère, la vague de conquête arabe, partie de La Mecque sous l’impulsion de Mahomet et de ses successeurs les khalifes, recouvrit toute l’Asie orientale jusqu’au nord de l’Inde, toute l’Afrique du Nord, presque toute l’Espagne, la Sicile, échouant de justesse devant Constantinople, qui devait tomber finalement sous les coups des Turcs en 1453.

Dans cet immense empire (qu’on se représente, pour des hommes du Moyen Âge, la distance entre Samarcande et Cadix !), une civilisation brillante, raffinée, s’épanouit, centrée d’abord à Damas, puis à Bagdad, puis en de multiples foyers, Le Caire, Kairouan, Cordoue, avant de tomber en décadence sous le choc des invasions et des guerres et de s’éteindre peu à peu, tandis que s’affirmait, en contraste, la suprématie de l’Europe et de la civilisation que nous appelons « occidentale » — la nôtre.

Bien qu’il ne s’agisse pas à proprement parler de la civilisation arabe, nous inclurons dans notre étude, d’une part la Perse musulmane, d’autre part la Turquie ottomane, nourries de la tradition culturelle arabe et très proches d’elle du point de vue qui nous intéresse.

Quand on parle d’« empire arabe », il faut d’ailleurs toujours garder en mémoire que l’élément proprement arabe (au sens ethnique du mot) n’y fut réellement prépondérant que dans certaines régions et dans certaines classes sociales. Les tribus conquérantes venues de la péninsule arabique n’étaient pas assez nombreuses pour modifier profondément le peuplement des immenses territoires que leurs armes firent tomber entre leurs mains en quelques foudroyantes campagnes. Les vainqueurs constituèrent simplement, dans la plupart des pays conquis, une sorte d’aristocratie guerrière, très orgueilleuse de ses origines purement arabes, mais qui, au cours des siècles, se mêla de plus en plus intimement aux races indigènes. Il en résulta une « arabisation » évidente des populations locales, mais aussi une « indigénisation » de l’aristocratie arabe. Ce phénomène fut particulièrement sensible dans le domaine de la culture et des mœurs, et il explique bien des faits que nous aurons à constater au cours de cette étude.

Si les conquérants arabes ne purent substituer leur race à toutes celles qu’ils trouvèrent dans les pays conquis, ils leur imposèrent en revanche très rapidement leur langue et, dans une très large mesure, leur religion, c’est-à-dire leur législation. Il se produisit à cet égard, dans tout l’empire des khalifes, un phénomène assez comparable à celui dont la Gaule avait été le théâtre après la conquête romaine. Les religions non-musulmanes et les langues non-arabes restèrent tolérées, mais elles cédèrent rapidement le terrain devant la force d’expansion de l’idiome et de la foi venus de La Mecque, et se trouvèrent, au bout de peu d’années, réduites à la condition de minoritaires (4).

Quels étaient donc les pays qui constituèrent l’empire khalifal, et quelle y était, au moment de l’arrivée des Arabes, la situation de l’amour homophile ?

La Palestine et la Syrie. L’an 632 après Jésus-Christ, au mois de juin, s’éteignait à Médine le prophète Mahomet (5), laissant au peuple arabe le message du Coran et l’ivresse de la guerre sainte. Deux ans après, trois batailles livraient aux Arabes la Palestine, et en 636 l’armée byzantine de Syrie était écrasée dans la vallée du Yarmouk. En cinq ans, toute la face méditerranéenne du Proche-Orient devenait arabe jusqu’au Taurus. Ainsi commençait la destinée d’un des plus grands empires de l’histoire.

Palestine, Syrie, étaient alors depuis longtemps « romaines », c’est-à-dire byzantines, de langue grecque et de religion chrétienne, du moins officiellement. En fait, bien des indices nous permettent de soupçonner que la christianisation, et même l’hellénisation, n’avaient pas aussi profondément imprégné ces pays qu’on serait tenté de le croire à ne lire que les textes officiels.

D’abord, il y avait la Palestine, où le royaume juif avait été détruit par Titus, mais où l’élément ethnique juif restait nombreux, ainsi que l’élément arabe (Pétra), qui devait faciliter l’arabisation générale du pays après la conquête de 634.

Et puis, en Syrie même, à côté des foyers de culture et de vie grecques comme Antioche, subsistaient les substrats immémoriaux de race, de langue, de religion, prépondérants dans des centres comme Émèse (Homs), Palmyre (Tadmor), Héliopolis (Baalbek). L’élément arabe se mêlait, au long des routes caravanières, aux éléments mésopotamiens et perses, sous le contrôle plus ou moins effectif des garnisons « romaines » ou réputées telles.

Les Arabes musulmans, arrivés là en vainqueurs du fond des déserts de l’Arabie, allaient trouver, dans ce pays aux contrastes multiples, un monde où le paganisme antique n’avait jamais entièrement abdiqué devant le christianisme triomphant.

Seule, par tradition, la Palestine était réellement monothéiste (et encore faut-il en excepter la côte hellénisée, la Samarie hostile aux Juifs, et le sud arabisé). Plus au nord, la Syrie était pleine de moines et le clergé orthodoxe emplissait l’Orient de ses criailleries théologiques, mais les anciennes croyances païennes restaient vivaces dans le peuple, de même que les anciennes mœurs.

Or, qu’était cette Syrie, sinon l’un des domaines privilégiés de l’amour homosexuel, depuis l’aurore de l’histoire ?

On sait combien les prophètes juifs avaient eu de peine, après le retour de l’exil de Babylone, à extirper d’Israël la pratique des prostitués sacrés (III Rois, XIV, 24 ; Deuter. XXIII, 18 ; etc.). Ils y avaient réussi tant bien que mal, ainsi qu’à mettre hors-la-loi les relations sexuelles entre hommes ; mais ces mœurs étaient restées monnaie courante dans tout le reste du Proche-Orient. En pleine ère chrétienne, l’évêque Eusèbe de Césarée voyait encore à Aphaca (Afka en Phénicie) des prostitués sacrés au temple d’« Aphrodite », c’est-à-dire d’Astarté (6). À Émèse subsistait le souvenir du culte de la fameuse Pierre noire, dont le grand-prêtre Élagabal, devenu empereur de Rome au IIIe siècle, avait étonné le monde par l’ampleur de ses débauches d’inverti mystique (7).

Le culte principal de la Syrie antique — celui de la « Déesse syrienne », nommée selon les lieux Ishtar, Astarté, Atargatis, et même, à l’époque hellénistique, Aphrodite — avait un rituel essentiellement sexuel, proche parent de celui d’Attis et de Cybèle, la « Grande Mère » de Phrygie, où la castration, le travesti, l’inversion jouaient un rôle important. Les manifestations en étaient nombreuses, à Palmyre, à Hiérapolis (Menbidj), à Baalbek, à Byblos (Djebaïl), etc. (8). C’est dans un temple de cette déesse que nous avons vu les derniers prostitués sacrés au IVe siècle après J.-C. ; et c’est son mythe qui nous a valu l’un des plus anciens textes connus relatifs à l’inversion sexuelle, remontant au iiie millénaire avant notre ère (9).

Un pays où la notion de sacré était si intimement mêlée à celle d’inversion sexuelle ne pouvait manquer de pratiquer l’homosexualité sur une grande échelle, depuis le parvis des temples jusqu’aux bas-fonds des ports. De fait, les textes grecs et latins qui montrent les Syriens comme adonnés avec prédilection à l’amour homosexuel ne manquent pas, de Catulle à Lucien et Apulée, jusqu’au grand raz-de-marée chrétien des iiie-ive siècles. Bien que les preuves manquent (elles ont disparu avec les archives des tribunaux et des églises byzantines), il est évident que des mœurs aussi profondément ancrées ne pouvaient disparaître en quelques dizaines d’années ; les invectives des Pères de l’Église grecs répercutent jusqu’à nous l’écho des luttes qu’ils durent mener pour christianiser les populations d’Orient, et nous pouvons tenir pour assuré que les Arabes musulmans, lorsqu’ils s’installèrent en Syrie, se trouvèrent de tous côtés exposés aux tentations de l’amour que nous appelons grec, mais qu’on pourrait aussi bien nommer asiatique, puisque les plus anciens témoignages que nous en possédons sont originaires de ce continent.

Le fait a d’autant plus d’importance qu’en 661 le khalife arabe Moawyia, abandonnant Médine et les déserts d’origine de sa race, vint fixer sa résidence en Syrie et fit de Damas sa capitale, titre qu’elle devait conserver plus d’un siècle (661-762).

La Mésopotamie et l’Iran. À peine terminée la conquête de la face méditerranéenne du « Croissant fertile », la vague de fond arabe déferlait déjà de l’autre côté du désert syrien, dans les vallées du Tigre et de l’Euphrate. Là, ce n’était plus au monde gréco-romain qu’elle se heurtait, mais à l’antique berceau des civilisations du Vieux Monde, à la Mésopotamie où étaient nées, voici des millénaires, les traditions les plus vénérables de l’humanité, et qui avait vu s’élever et s’écrouler tant d’empires. Elle avait été, au cours des siècles, sumérienne, assyrienne, babylonienne, achéménide, grecque sous Alexandre et ses successeurs, puis disputée entre Rome et les Parthes, enfin intégrée, sous la dynastie des Sassanides, au grand empire perse dont la capitale était Ctésiphon, non loin de l’antique Babylone.

Or, là encore, la force agressive des Arabes devait s’imposer rapidement : en 650, tout était terminé, et la bannière verte du Prophète flottait jusqu’aux frontières de l’Afghanistan.

Dans ce vaste ensemble, coexistaient depuis l’époque de Cyrus deux civilisations apparemment proches, mais profondément différentes en réalité : celle de la plaine mésopotamienne et celle du plateau iranien. Le bassin du Tigre et de l’Euphrate — pays anciennement sémitisé — était le berceau des vieux mythes astrologiques et des cultes babyloniens, et l’amour homosexuel y était pratiqué aussi loin que le souvenir des hommes pût remonter. C’est là qu’était née, au iiie millénaire avant J.-C., l’épopée de Gilgamesh, qui met en scène l’amour de deux hommes (10). C’est là que les Juifs avaient appris à haïr la prostitution sacrée des hommes dans les parvis des temples. C’est là que les devins assyriens avaient enseigné la signification des rêves où l’on voit deux hommes avoir des relations sexuelles (11). C’est là qu’avaient fleuri les prêtres invertis d’Ishtar (12). Pour tout dire, la symbiose entre la Mésopotamie et la Syrie (les deux cornes du « Croissant fertile ») était si ancienne que tout ce qu’on peut dire de l’une, dans le domaine de la religion et des mœurs, est vrai de l’autre ; la seule différence est que la Mésopotamie avait été moins hellénisée et christianisée que la Syrie, et que par conséquent le fonds païen y était encore plus vivace, au moment de l’arrivée des Arabes, qu’à Antioche et à Damas.

Or on sait que ce pays devait être, pendant les cinq siècles les plus brillants de la civilisation arabe, le centre de l’Empire des Khalifes, qui fixèrent en 762 leur capitale à Bagdad sur le Tigre.

Pour l’Iran, la situation était sensiblement différente. La population iranienne est d’origine indo-européenne, et sa religion, dès la haute Antiquité, avait été tout autre que celle des peuples sémitisés de la plaine des Deux Fleuves. Nous ne connaissons aucun témoignage d’un culte ou d’un rite homosexuel quelconque dans la Perse antique. La religion perse (le Mazdéisme ou Zoroastrisme, dont la doctrine est exposée dans l’Avesta), condamnait sévèrement les relations sexuelles entre hommes (13). Cependant, la réalité des mœurs n’était pas aussi austère que la théorie : Hérodote, dès le Ve siècle avant J.-C., avait constaté au cours de ses séjours en Perse que la pédérastie grecque s’y était bien acclimatée (14). Nous avons des témoignages du même ordre sous les plumes de Sextus Empiricus et de Quinte-Curce (15). Du reste, un témoignage tardif confirme ces indications : au IXe siècle, l’écrivain arabe Yahiz se faisait l’écho d’une tradition selon laquelle les mœurs pédérastiques se seraient répandues dans le monde islamique à partir du Khorassan, région montagneuse du nord-est de l’Iran (16). Théorie qui, à défaut d’exactitude historique, devait au moins, pour être proférée, posséder le caractère de la vraisemblance…

En résumé, les Arabes, en s’installant dans la plaine mésopotamienne, y trouvaient l’amour homosexuel florissant de temps immémorial et lié aux plus antiques traditions culturelles et religieuses ; sur le plateau iranien, la religion traditionnelle le condamnait, mais il n’en était pas moins largement pratiqué.

L’Égypte. La Syrie n’était pas encore entièrement conquise que déjà le désert du Sinaï était franchi (639) et le delta du Nil envahi. Alexandrie, la grande métropole du monde antique, capitulait en 642, trahie, dit-on à Constantinople, par son patriarche chrétien.

Avec l’Égypte, l’Empire arabe s’accroissait, presque sans coup férir, d’une des terres les plus riches et les plus anciennement civilisées du monde. Or, là aussi, l’amour homosexuel avait de tout temps été couramment pratiqué et admis. Dès les temps antiques des Pharaons, la mythologie de la vallée du Nil faisait état des relations sexuelles des dieux-frères Seth et Horus (17). Plus tard, après la conquête grecque, Alexandrie, fondée par l’illustre adepte de l’amour pédérastique que fut le grand Alexandre, devint en quelque sorte la métropole de toutes les voluptés, au premier rang desquelles, bien entendu, l’homosexualité sous toutes ses formes. La réputation de l’Égypte à cet égard, vers le début de l’ère chrétienne, était telle que l’on désignait couramment, à Rome, les jeunes garçons esclaves que les maîtres débauchés se réservaient pour les plaisirs du lit sous le nom du « pueri Alexandrini » ou « pueri Ægyptii » (18). Au reste, la littérature que nous appelons « alexandrine » est précisément celle qui fit de la pédérastie son thème poétique préféré ; nous la retrouverons plus loin.

Il est certain que le christianisme, introduit en Égypte dès le Ier siècle, et constitué dès le iiie en une puissance dynamique et agressive grâce à une série de patriarches et d’évêques à la forte personnalité, avait dû influer notablement sur les mœurs et entraîner une sérieuse réaction anti-homosexuelle, comme dans tout le reste du monde gréco-latin. Mais n’oublions pas que l’édit de Théodose interdisant les cultes païens n’est que de 392, et que lors de la conquête arabe la dictature officielle du christianisme en Égypte ne datait guère de plus de deux siècles : c’est peu pour changer les mœurs et les traditions d’un pays à la civilisation plusieurs fois millénaire.

L’Afrique du Nord. À la fin de l’an 642 — à peine plus de vingt ans après la mort du Prophète — l’empire de l’Islam s’étendait des confins de l’Inde à ceux du désert de Libye, et des montagnes d’Arménie aux cataractes du Nil. L’étape suivante allait conduire les cavaliers arabes jusqu’à l’Atlantique, d’abord par la Cyrénaïque (642), puis par ce que nous appelons la Tunisie, l’Algérie et le Maroc. La résistance des populations locales, à défaut de celle des garnisons byzantines, fut plus sérieuse qu’en Orient. Si, dès 670, Kairouan était un centre de propagation de la nouvelle religion, ce n’est guère qu’en 709 que le Maroc fut définitivement soumis.

À la différence des autres pays recouverts jusqu’alors par le raz-de-marée arabe, il n’existait pas au Maghreb de tradition hellénistique profonde. La domination romaine y avait succédé directement à celle des Carthaginois, venus de Palestine. Mais les mœurs pédérastiques n’y étaient pas moins courantes et florissantes. La réputation des Carthaginois à cet égard auprès des Romains était bien établie (19), et il est certain que les Romains eux-mêmes n’eurent aucune peine à se mettre, une fois installés outre-Méditerranée, au goût du pays. Pour une époque pas tellement éloignée de l’invasion arabe (début du Ve siècle), le témoignage de saint Augustin, évêque d’Hippone (Bône) est formel quant à la fréquence des relations homosexuelles dans ce pays. Rien ne permet de penser que la situation eût changé un siècle et demi plus tard.

L’Espagne. Avec l’Espagne — étape suivante de l’expansion islamique, et qui devait être, à partir de la fin du VIIIe siècle, le siège d’une brillante civilisation d’expression arabe — les témoignages formels d’homosexualité avant l’avènement de l’Islam sont moins nombreux, mais néanmoins significatifs. Au moment où les troupes de l’émir Târik débarquent, venant du Maroc (711), l’ancienne Iberia romaine est, depuis deux siècles, le domaine des Wisigoths, barbares venus d’Europe orientale et convertis au catholicisme. Sous leur domination, les peuples autochtones, Ibères et Celtes, fortement imprégnés d’éléments carthaginois, grecs et romains, ont continué à vivre leur vie propre, dont nous ne connaissons pas grand-chose sur le plan des mœurs sexuelles. Tout au plus pouvons-nous penser que, mêlées depuis si longtemps aux civilisations de tant de peuples fortement homosexuels, les populations d’Espagne avaient eu le temps de se familiariser avec cette sorte d’amour. En tout cas, en 693 — dix-huit ans avant l’arrivée des Arabes — le concile de Tolède avait jugé nécessaire de prononcer des peines ecclésiastiques extrêmement sévères contre la « sodomie » : preuve que ce « péché » était largement pratiqué (20). La Loi wisigothique, de son côté, lui consacrait un chapitre, inspiré de la législation byzantine de Justinien.

La Sicile. Bien que la Sicile, tardivement conquise par l’Islam (IXe siècle), ne lui ait appartenu que pendant assez peu de temps, elle ne peut être passée sous silence ici, en raison de la vigoureuse floraison intellectuelle et littéraire en langue arabe dont elle fut le théâtre durant les deux siècles qui précédèrent la « reconquête » chrétienne. Or, à l’égal de la Grèce dont elle avait été, longtemps, l’une des provinces lointaines, elle était profondément imprégnée par les traditions pédérastiques des Doriens, qui se sont, comme chacun sait, perpétuées jusqu’à nos jours de Syracuse à Taormine à travers seize ou dix-sept siècles de christianisme (21).

L’Inde. Enfin, à l’autre bout du monde, l’expansion arabe en Inde, à partir de 711 (l’année même où Târik envahissait l’Espagne) allait être lourde des plus importantes conséquences pour l’avenir de la civilisation islamique. En contact désormais, sur leurs confins orientaux, avec les antiques civilisations de l’Indus et du Gange, les Arabes d’Iran, de Mésopotamie, de Syrie, d’Égypte, allaient en subir profondément l’influence — une influence dont les Mille et une Nuits, de fonds en grande partie indien, sont une preuve parmi d’autres. Or, là encore, il s’agissait d’un pays pétri de tradition homosexuelle, que ce soit dans ses mythes ou dans ses cultes religieux, dans sa vie quotidienne ou dans son expression artistique et littéraire (22).


Marc DANIEL.



  1. Loi du 11 juin 1966.
  2. René R. Khawam, La poésie arabe des origines à nos jours, éd. Marabout-Université, 1967, pp. 24-25 (l’édition originale de cet ouvrage, sous le titre Anthologie de la poésie arabe, avait paru en 1960 chez Seghers). Le même auteur récidive, avec un manque d’à-propos particulièrement cruel, dans la préface des Délices des Cœurs (1971), ouvrage d’une extrême crudité homosexuelle dont nous reparlerons plus loin. Il est amusant de citer, par contraste, l’opinion d’un excellent connaisseur et ami des pays d’Islam, nullement suspect de sympathie pour la pédérastie : « Les Arabes… parlent inversion sexuelle avec une liberté entière et une jovialité dont aucune répugnance, pas plus qu’aucune affectation, n’altère la saveur » (Élie Faure, D’autres terres en vue, Paris, 1923, p. 91).
  3. Enver Dehoi, L’érotisme des Mille et une Nuits, Paris, 1962 (éd. J.-J. Pauvert).
  4. Sauf la langue perse, qui résista victorieusement à l’arabe, mais l’arabisation de la culture persane n’en fut pas moins profonde et définitive.
  5. Cet essai ne s’adressant pas à un public spécialisé d’arabisants, nous avons volontairement adopté, pour les noms arabes, la forme la plus simple et la plus courante, en renonçant aux complications de la translittération scientifique qui transforme Mahomet en Muhammad et Omar en Umar. Nous écrirons Abou Nowas et non Abu Nuwas, Coran et non Quran. Les arabisants rétabliront d’eux-mêmes la graphie qui leur est familière.
  6. Eusèbe, Vie de Constantin, III, 5.
  7. Voir G. Duviquet, Héliogabale, Paris, 1903, et autres ouvrages sur cet empereur.
  8. Lucien de Samosate, La Déesse syrienne ; Apulée, Métamorphoses, VIII, 24 ; L.-R. Farnell, The Cults of the Greek States, II, pp. 618-619.
  9. Mythe d’Irra : voir J. Plessis, Études sur les textes concernant Ishtar-Astarté, Paris, 1921, p. 228.
  10. G. Contenau, L’épopée de Gilgamesh, Paris, 1939.
  11. B. Meissner, Homosexualität bei der Assyrern (dans Mitteil der Vorderasiatischen Gesellschaft, XII, 1907, 3) ; A. Boissier, Documents assyriens relatifs aux présages, Paris, 1894-1899.
  12. P. Dhorme, Choix de textes religieux assyro-babyloniens, Paris, 1907, pp. 336 sq.
  13. Pour les références, voir E. Westermarck, L’origine et le développement des idées morales, trad. fr., Paris, 1928-1929, I, pp. 464 sq.
  14. Hérodote, Histoires, I, 135.
  15. Sextus Empiricus, Hypotyposes, I, 152 ; Quinte-Curce, Histoire d’Alexandre le Grand, X, 1, 26.
  16. A. Mez, El renacimiento del Islam, trad. esp., Madrid, 1936, p. 427.
  17. G. Lefebvre, Romans et contes de l’Égypte pharaonique, Paris, 1949, pp. 195-197.
  18. M.H.E. Meier et L.R. de Pogey-Castries, Histoire de l’amour grec, Paris, 1952, p. 197.
  19. Gustave Flaubert s’en est fait l’écho — lointain — dans un passage célèbre de Salammbô.
  20. Hefélé-Leclercq, Histoire des conciles, IV, pp. 232-233.
  21. M.H.E. Meier et L.R. de Pogey-Castries, Histoire de l’amour grec, p. 52, n° 1.
  22. Alain Daniélou, L’érotisme divinisé (1962), Le polythéisme hindou (1960), Les quatre sens de la vie : l’Inde traditionnelle (1964).


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Introduction
I. Les voluptés de l’antique Orient
La Palestine et la Syrie. La Mésopotamie et l’Iran.
L’Égypte. L’Afrique du Nord. L’Espagne. La Sicile. L’Inde
II. Mœurs arabes d’avant Mahomet
III. Le Coran et l’homosexualité
IV. La muse grecque et les garçons
V.
La description de l’aimé. L’amour et le vin.
Femmes et garçons. Les joies et les tourments de l’amour
VI. Le bien-aimé céleste
VII. De la poésie à la réalité
La littérature et la vie. Pudeur et délicatesse de sentiments.
Garçons faciles et prostitution masculine. Lieux de rencontre.
Pédérastie et libre-pensée. De la bisexualité à l’homosexualité exclusive.
L’inversion sexuelle. Amours de princes
VIII. Hier, aujourd’hui, demain

Voir aussi

Source

  • « La civilisation arabe et l’amour masculin. [1] » / par Marc Daniel, in Arcadie : revue littéraire et scientifique, 22ème année, n° 253, janvier 1975, p. 8-19. – Paris : Arcadie, 1975 (Luisant : Impr. Durand). – 52 p. ; 21 × 14 cm.

Articles connexes