Nocivité des rapports sexuels intergénérationnels

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La nocivité des rapports sexuels intergénérationnels — entre adulte et mineur — est une opinion répandue dans les sociétés occidentales. Cette croyance a pris des formes très diverses depuis une quinzaine de siècles — religieuses, sociales, médicales, psychologiques. La nature de ces méfaits supposés a également beaucoup varié.

Pour autant, aucune preuve scientifique n’en a jamais été apportée — pas plus que de la nocivité de la masturbation. Au contraire, certains travaux récents prouveraient que ce type de relations sexuelles ne présente pas de danger particulier, si elles ont lieu sans contrainte ni violence, ni culpabilisation de la sexualité, ni répression par une autorité extérieure.

Allégations de nocivité

Destruction de cités avec leurs habitants

Historiquement, il semble que la première mention d’une nuisance des relations pédérastiques — qui étaient alors confondues avec les autres formes d’homosexualité — concerne la destruction de Sodome telle que racontée par la Bible (Genèse, chapitres 18 et 19) : le dieu Yahweh (appelé aussi אדני Adônây = « le Seigneur ») aurait détruit cette cité parce que ses habitants — « depuis les garçons jusqu’aux vieillards » — avaient tenté de violer deux anges.

Cependant, le texte biblique originel ne suppose pas une telle interprétation. Celle-ci n’est apparue que lentement et tardivement : d’abord dans quelques ouvrages juifs, entre le IIIe siècle AEC et le Ie siècle AEC ; puis chez des exégètes chrétiens, particulièrement à partir d’Augustin d’Hippone (354430).

Auparavant, les habitants de Sodome étaient uniquement accusés d’orgueil, d’insouciance, d’insoumission à Dieu, ou de manquement à l’obligation d’hospitalité.

Les novelles de Justinien

L’interprétation anti-homosexuelle de l’épisode de Sodome fut officiellement consacrée dans deux lois édictées par l’empereur byzantin chrétien Justinien (régnant de 527 à 565). Il s’agit des novelles (νεαραί διατάξεις, novellæ constitutiones = « nouvelles lois ») 77 et 141 — lois particulièrement cruelles, qui ordonnent la peine de mort pour tout acte sexuel entre deux mâles.

Cette interprétation se retrouvera, un demi-siècle plus tard, dans les sourates pré-hégiriennes (mecquoises) du Coran, qui selon la tradition musulmane datent des années 610-622.

Novelle 77

Loi promulguée en 538 :

« Et puisque nous savons que certains hommes, dans les chaînes du diable, s’adonnent à un grand libertinage et font des choses contraires à la nature, nous leur enjoignons de garder à l’esprit la crainte de Dieu et le jugement futur, et de s’abstenir de jouissances aussi démoniaques et illégales, de peur qu’à cause de tels actes impies, Dieu, dans sa colère, puisse détruire les cités et leurs habitants. Car les saintes écritures nous enseignent que des cités et ceux qui y habitaient ont péri à cause de tels actes impies. »
Novelle 141

Loi promulguée en mars 559 :

« Nous savons par les saintes écritures quelle juste punition Dieu infligea aux anciens habitants de Sodome en raison de cette relation insensée, contre nature, de sorte que jusqu’à aujourd’hui cette région brûle d’un feu inextinguible, par lequel Il nous enseigne que nous devons avoir une telle conduite en abomination. »

Perte de semence

La doctrine traditionnelle de l’Église estime que seule la reproduction justifie moralement l’exercice de la sexualité — il faudra attendre l’encyclique Humanæ vitæ de Paul VI, en 1968, pour nuancer un peu cette vision puritaine.

Dans cette optique, tout acte sexuel non reproductif par nature est un péché : masturbation, homosexualité, pédérastie, pédophilie, contraception, etc.

En outre, une ancienne conception du processus reproductif enseignait que l’enfant est entièrement formé à partir de la « semence » virile, la femme n’étant que le terreau nourricier du fœtus. Ce qui conduisait à penser que toute dilapidation du sperme est l’équivalent moral d’un avortement : la pédérastie active devenait alors, comme la masturbation, un véritable meurtre !

Conversion à l’homosexualité

On a longtemps cru que la pédérastie risquait de donner au garçon un goût définitif pour les hommes, et de le détourner de l’hétérosexualité. Cette croyance semble avoir été particulièrement répandue, y compris dans le corps médical, au XIXe siècle et dans la première moitié du XXe (à peu près à la même époque, donc, que le mythe de la nocivité de la masturbation).

En réalité, même les garçons qui ressentent à l’adolescence une forte attirance pour les hommes (andrérastie) peuvent en même temps être hétérosexuels, puis avoir à l’âge adulte une existence tout à fait « normale » — avec mariage et vie familiale sans problème.

Évidemment, un garçon déjà homosexuel dans l’enfance et à l’adolescence a de grandes chances de le rester ensuite. S’il a très tôt mis en pratique cette tendance, par exemple avec un homme adulte, on ne doit pas en déduire que la relation pédérastique a provoqué son homosexualité : c’est le contraire qui est vrai.

Troubles psychologiques

Depuis la fin du XXe siècle, certaines organisations antipédophiles, des psychologues, et surtout bon nombre de journalistes plus ou moins ignorants du sujet, soutiennent l’idée que les relations pédophiliques et pédérastiques engendrent systématiquement des troubles psychologiques chez les enfants et adolescents qui en sont « victimes ».

On ne peut nier que des personnes psychologiquement perturbées aient eu des rapports sexuels avec des adultes lorsqu’elles étaient mineures. Cependant, seules des recherches à caractère scientifiques peuvent prouver qu’il existe un lien entre ces troubles et ces actes ; et surtout, dans quel sens doit être interprétée la relation de causalité, si elle existe.

Circonstances traumatisantes

Dans les cas où l’enfant a été victime de violence ou de contrainte (viol), il semble prouvé que des conséquences psychologiques négatives à long terme sont possibles ; mais uniquement dans une minorité des cas.

Il en va de même si l’enfant avait reçu, préalablement aux épisodes sexuels, une éducation puritaine, tendant à culpabiliser la sexualité et à la rendre angoissante.

Enfin, plusieurs études (dont certaines réalisées par des forces de police) montrent que, dans le cas d’une relation sexuelle acceptée ou voulue par le jeune, l’intervention de personnes hostiles (parents, travailleurs sociaux, prêtres, policiers, juges, etc.) peut avoir des conséquences néfastes et traumatisantes.

Troubles psychologiques préexistants

Dans une population type d’êtres humains, se trouve toujours un certain pourcentage de personnes souffrant de troubles psychologiques. Attribuer sans preuve ces dysfonctionnements à une relation sexuelle est aussi incongru que de prétendre en trouver la cause dans un rhume ou dans des conditions climatiques particulières.

La bonne question à poser est celle-ci : toutes choses étant égales par ailleurs, et hormis les circonstances traumatisantes évoquées ci-dessus, y a-t-il statistiquement plus de troubles psychologiques chez les personnes qui ont vécu des relations sexuelles intergénérationnelles, que chez celles qui n’en ont pas vécu ?

Si non, la preuve est faite que les relations sexuelles entre adulte et mineur ne sont pas, par elles-mêmes, une cause de déséquilibre psychologique.

Si oui, la première donnée à considérer pour une analyse plus approfondie est le sexe : les troubles psychologiques existent-ils de la même façon chez les garçons que chez les filles ? dans les relations avec un homme ou avec une femme ? dans les relations homosexuelles ou hétérosexuelles ?

Il peut être pertinent également de considérer l’âge du jeune partenaire : une relation sexuelle avec un adulte quand on a trois ans, sept ans, dix ans, treize ans ou seize ans, sera sans doute vécue de façon très différente.

Effet de marginalité

Enfin, il faut tenir compte d’un phénomène psychologique que l’on pourrait appeler « effet de marginalité ».

Un garçon qui, pour une raison ou une autre, se sent marginal, ou anormal, ou mal aimé, ou ayant une vie problématique, aura naturellement tendance :
— d’une part, à rechercher l’affection et le soutien d’un adulte ;
— et d’autre part, à entrer sans crainte, voire avec plaisir et attirance, dans une situation marginale.

Or un tel garçon, en raison de son caractère, de ses particularités, de son environnement ou de son vécu, est plus susceptible qu’un autre de présenter des troubles psychologiques — dans son enfance, son adolescence, ou plus tard.

Supposons par exemple le cas d’un garçon sensible, orphelin d’un de ses parents, victime de violences physiques, en échec scolaire, ayant dans sa famille proche des cas d’alcoolisme, de drogue, de délinquance grave, de suicide… Quelle que soit la façon dont il vit sa sexualité — avec ou sans adulte —, le risque qu’il manifeste un jour des troubles psychologiques est beaucoup plus important que pour un enfant à la vie « banale ». D’autre part, s’il rencontre un homme sympathique, aimant, et auprès duquel il aura la sensation de compenser, au moins en partie, les problèmes qui lui rendent la vie difficile, il aura tendance, plus qu’un autre enfant sans doute, à accepter, ou même à provoquer, une liaison amoureuse avec cet adulte.

Dans certains cas, la relation pédérastique pourra contrebalancer les problèmes du garçon, et l’aider à se sortir peu à peu de la situation difficile dans laquelle il se trouve. Dans d’autres cas, elle ne le pourra pas, ou pas complètement : soit par insuffisance de l’adulte ; soit parce que les troubles du garçon ou de son milieu sont trop graves ; soit, comme dans toute existence humaine, par simple malchance. Il serait alors injuste, et absurde, d’en faire peser toute la responsabilité sur le pédéraste.

Risques de suicide

Les risques de suicide, qu’on évoque souvent, relèvent de la même approche que les autres types de problèmes psychologiques :

  • ils existent dans toutes les populations, avec ou sans relations pédérastiques ;
  • ils peuvent être plus ou moins majorés en cas de circonstances traumatisantes à l’intérieur d’une relation, telles que la violence, le viol, le puritanisme ou la répression ;
  • ils sont souvent aggravés par diverses circonstances familiales, sociétales ou psychologiques extérieures à la relation sexuelle ;
  • ils peuvent être liés à un effet de marginalité, l’enfant suicidaire recherchant volontiers l’affection d’un adulte, et n’hésitant pas à entrer dans une conduite à risque.

Réfutations

L’idée selon laquelle un dieu pourrait détruire une ville pratiquant habituellement la pédérastie est purement religieuse : elle ne peut donc être réfutée scientifiquement — pas plus que l’existence des anges, du Père Noël, ou des korrigans. On remarquera simplement qu’à ce compte, dans les temps historiques, bien des villes auraient dû subir le feu du ciel, d’Athènes à Rome, de Naples à Tokyo, de Philadelphie à Marrakech

La croyance en une sorte de « contagion », qui rendrait homosexuels les jeunes amants des pédérastes, reste encore présente parmi les gens peu instruits, en particulier dans certains pays où l’éducation est insuffisante.

La thèse des méfaits psychologiques de la pédophilie et de la pédérastie a été répandue dans les médias depuis les années 1990, essentiellement à partir des pays anglo-saxons. On est surpris de voir y adhérer certains penseurs, des psychologues, des responsables religieux — et il faudrait mentionner aussi des hommes ou des femmes politiques toujours à l’affût d’une argumentation populiste.

Une des réponses scientifiques les plus pertinentes qui aient été apportées à ces thèses antipédophiles est la méta-analyse publiée en 1998 par les professeurs Bruce Rind, Philip Tromovitch et Robert Bauserman : « A meta-analytic examination of assumed properties of child sexual abuse using college samples ».

Voir aussi

Bibliographie

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Articles connexes