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celui que je croyais était plus grand que moi il me montre sa longue bite il la gratte souvent il la sort par sa braguette fourrée de poils brillants Touche allez touche-la qu’est-ce que t’attends t’as peur ? il m’a obligé à la mordre et j’ai dit que je le dirais On te croira pas ça existe pas je regarde les filles dans les rues elles ont des jambes les filles aussi j’ai répondu non

le bois sous la rivière ou la grande forêt de châtaigniers que traversent des routes blanches on s’y rejoint aux mois d’été on y bâtit des cabanes avec des choses fraîches branches vives feuilles de jonc et longues herbes entassées sur le toit ils volaient des bouteilles de vin chez leurs parents ils les vidaient ensemble dans les cabanes ils causaient se tapaient dessus sortaient courir ou jouaient aux cartes jusqu’au moment des branlées quand le soleil tombait ils aiment me mettre tout nu au milieu d’eux suffoqué par les vapeurs des bites qui sentent ils sont assis à l’indienne et je ramasse des poignées d’aiguilles de pin pour recouvrir le sol des cabanes c’est très épais ça crisse glisse picote ils ôtent leur tricot et le posent sous leurs fesses un garçon patient finit de tresser une porte de jonc sur un cadre aux ligatures végétales on n’avait pas assez de ficelle ou bien dans une poche des petits bouts le mien       on les perdait au fond des culottes elles étaient trop grandes et se soulevaient bien on court on saute on s’accroupit c’est ce que je fais avec ces jambes que j’ai qui dépassent en bas nu je ne les sens pas je ne les sens qu’en slip quand les cuisses sont avec mais on ne montre pas son slip on se met en maillot de bain aujourd’hui souvent quelquefois parce qu’ils m’ont dit T’es trop petit je ne fume pas je ne bois pas avec eux je préfère les baignades ou quand on sort la bite eux ils seront malades leurs poils au ventre vont suer ils sont trop jeunes pour supporter le vin pur les fumées qu’on avale       on a posé une couverture par terre je devrais la prendre et l’enrouler sur moi j’aurais moins froid il faut trembler dans un coin d’ombre et à la fin la fièvre est partie je replie mes bras et mes jambes moites sous la couverture je creuse la poitrine j’ai à peu près tout là-dessous ils le savent puisqu’ils m’ont couvert ils je n’ai vu personne la prochaine fois qu’ils viendront je demanderai à boire une chose glacée acide sucrée une citronnade

les yeux verts ouverts brillent et pleurent la gueule entrouverte crocs laiteux bout de langue et le corps est très plat couché sur le flanc je n’ai pas entendu la voiture l’écraser il ne passe aucune auto par ici la nuit mais il y a ce chat en travers de la rue son corps gris plat poussiéreux sans une goutte de sang sa tête moelleuse ronde qui pleure je ne m’approche pas je voudrais parler il y a longtemps que je n’essaie plus

comme le grand mur blanchi par la lune quand on rentrait et la fenêtre percée au milieu son rebord blanc doublé d’ombre sortait en relief attendait quelque chose des lueurs bleues craquantes le silence la maison on ne s’éloigne pas on se tient pétrifié comme une nuit après que tout sera mort       je rejoins la chambre obscure et le siège où je suis je réussis à changer les images ma tête sait tourner       un liquide un solide m’a rempli et chaque partie de mon corps s’est mise à peser ça m’attrape les mains la nuque les épaules et me tire par terre j’hésite à tomber j’ai honte du bruit       s’ils venaient

s’ils venaient je       tout ce poids se déplace en arrière je me rassure je forme une boule dans l’angle droit du siège le creux où on enfonce le cul alors une bulle remonte là devant ma gorge elle sort peut-être elle est opaque blanche opale ce n’est rien des effluves un désir le cercle qui danse quand on est assommé       un peu de mouvement je me verrais de loin je dirais je suis là ils m’aideront je ne finirai jamais ils ajouteront une couverture pour me laisser mourir plus lentement dessous je remercie c’est une main je l’ai vue rapide posée partie       attentive

comme des oiseaux qui ne craindraient rien je suis à picorer les mains m’entourent agissent sans que je les sente je n’ose pas dire qu’on devrait m’allonger

un type m’a soulevé par les épaules et un autre par les pieds on me porte jusqu’à la maison et les dames nous accompagnent j’ouvre un œil de temps en temps ce sont des garçons comme moi robes mitées perruques en bourre de laine ils rigolent on aperçoit mieux leur figure aux chandeliers du vestibule ils se sont fardés rouge aux joues rouge aux lèvres cils noircis peau poudrée et les dents sont plus blanches les rires plus clairs les cous droits et soyeux sortent amaigris par les décolletés la robe flotte sur les poitrines sans seins on peut glisser la main et trouver qu’ils sont nus et dans les chatouilles ils se plient en deux et vous mordent les doigts et gloussent et se trémoussent comme des singes       j’étais prévu je manquais à la nuit ils me découvrent et m’adoptent un grand mec en gris les dirige il n’a pas de robe il n’est pas habillé c’est une blouse de classe il en pend aux patères du couloir ils prennent de la craie rouge et dessinent un chat au tableau le chat paraît crucifié ses quatre pattes écartées la tête idiote les griffes les yeux et les moustaches sont en vert le sang coule le long de la queue il part d’une balafre en travers du ventre       il hurle et se débat on le gifle j’en vois d’autres attachés sur d’autres chaises à côté de moi ils sont déjà morts certains n’ont pas huit ans certains ont mon âge ou d’autres âges des étrangers ses mollets nus en bas de la blouse grise sont bruns et poilus et ses chaussettes noires bien tirées ont une torsade rouge il dit

la chambre noire dans la chambre noire dépêchez-vous       c’est une pièce badigeonnée en bleu nuit sale avec des vieux matelas enroulés par terre on m’y monte

allez machin déroule ce truc tire ça ici       rien qu’un débarras sans meubles où ils entassent leurs vieilleries il réglait ses trois projecteurs Pose ce bonbon baisse ta culotte tiens ta pine regarde-moi bouge plus et j’obéissais

mets-toi là et chie       le maigre qui agite un fouet en ficelle a montré une cuvette rouillée et à demi enterrée le gros écarte les herbes un peu hautes qui lui piquent les fesses il pousse une ou deux crottes et pisse dessus c’est tout ils l’ont fait pour chier dans une cuvette cachés par un buisson je ne sais pas pourquoi et déjà une balle m’entraînait au bout du jardin en dévalant des pelouses et en cherchant des trous où elle se perd toute seule je ne suis pas habillé pour marcher dans la rue l’orage menace toujours le ciel est bleu soufré jusqu’en l’air

je reconnais son pas il vient me regarder il a treize ou quatorze ans et des gestes à lui je dis J’ai soif il répétait Tiens-toi droit le dossier de la chaise meurtrissait les omoplates en bas où le ruisseau s’étrangle les joncs sont trop haut trop enchevêtrés l’eau glisse plus claire invisible sous un bouquet d’aulnes la clôture électrique commence de l’autre côté et les vaches sont derrière on allait par là sans se presser en s’ennuyant en tapant partout avec des bouts de bois qu’on ramasse Qu’est-ce qu’on fait ? il ne répond pas il y a des petits cailloux blancs sur la mousse au bord de l’eau il en prend et vise les vaches mais elles sont loin on va s’approcher il faut traverser la clôture sans prendre de jus dans les pattes il me montre comment puis le fil de fer ronronne frôle mes cheveux mes doigts mes jambes il le remonte jusqu’à mon ventre et me fait passer le courant dans les couilles je crie sans crier c’est le mouchoir enfoncé dans ma bouche et le bâillon       par-dessus les garçons ont souvent des bleus ou des coupures des écorchures qui saignent et se croûtent et quelquefois la cheville tordue ou un bras cassé ils n’ont peur de rien

la maison la grande celle dans les pins après les vaches on entend des bruits la nuit

où ça non c’est les arbres y a des chauves-souris

non moi je sais ils battent quelqu’un

qui ça c’est pas habité

ça prouve rien si y a des bruits

c’est les bêtes       ou alors des mecs qui vont jouer c’est pas fermé un soir on irait avec une torche on se poilerait

n’empêche moi je

on va voir ?

moi on m’a dit y a eu des boches ils ont tué tout le monde même qu’ils torturaient les gens oui comme des flics

oh       c’est pas vrai

si ils sont venus je te parle quand c’était la guerre t’en as pas vu au ciné ? menteur c’est des histoires dans les films t’as la frousse tu dis ça pour pas y aller

non

si

non si

non

si et puis on le saurait si c’était vrai

vrai que quoi d’abord

ah ah vrai que mon œil eh patate tiens cours-moi après tu me rattrapes même pas

ils cavalent à travers le pré et disparaissent dans un bosquet de chênes quatre petits pieds une course rapide silencieuse évanouie comme dans la rue engloutie par un angle je suis enfermé je serai malade plusieurs jours puis on me lèvera et ensuite j’irai dehors j’essaie de m’asseoir au bord du lit la tête me tourne je transpire j’aimerais mieux être debout le ventre me barbouille je m’accroche je tombe en avant la descente de lit amortit le bruit de mon corps quelqu’un entrait je reconnaissais sa voix sérieuse presque muée ses mots à lui Il bouge sans arrêt on va l’attacher il se ferait mal c’est la fièvre       la fièvre j’avais froid la nuque glacée un vent du nord m’emportait dans ses spirales je serrais mon manteau davantage et je ne regardais plus qu’à travers mes paupières presque closes relever les yeux fait pleurer on y voit plus trouble encore nous flottons dans ces gouttes d’eau salée on n’est certain de rien je suis ailleurs par là contre le mur de briques noircies qui ferme cette impasse perdue sous la masse noire d’une ville

un chat se sauve lorsque j’approche dans la nuit j’écrabouille les pattes d’un petit cadavre je me retourne le gamin n’en finit pas de se dévêtir Tu sais pas te déshabiller ? il dit si d’une voix vexée ténue aiguë il a rougi jusqu’aux oreilles ils ont de grandes oreilles rondes décollées et on serre leur cou frêle d’une seule main ça craquerait rien qu’en tournant un peu ils sont vivants l’air et la lumière les traversent et des lueurs se promènent sous leur peau ils n’en savent rien je l’ai connu tout jeune encore si petit que ses pieds ne descendaient pas jusqu’au sol mais il grandit vite il attend en chaussettes ses épaules grêles frissonnent ses omoplates sortent et son ventre avance et ses fesses dodues se cambrent tandis qu’il bande sans le faire exprès maintenant les autres garçons s’arrêtent de jouer et de parler leurs vêtements mous ont des faux plis des chutes des bâillements qui dessinent des corps fluides vivaces élastiques leur nudité toujours

on lui ordonnait de s’asseoir pendant qu’on préparait son lit il a dû attendre longtemps il était épuisé il n’y avait plus de draps propres sauf ceux qui étaient pendus dans la cave mais ils n’avaient pas fini de sécher on en a rapproché de la chaudière ils s’installent sur le lit à genoux face à face avec une lampe de poche sous leur drap qui les cache et qu’ils tendent entre leurs têtes ils jouent au camping ils n’ont pas assez de pine pour ne jouer qu’à la pine ils s’amusaient à en être une de haut en bas pâlotte longue fraîche rieuse rapide ce qu’on appelle un enfant j’appelle il faut qu’on me donne à boire j’ai des pierres et des cendres au milieu de la bouche

ne lui donne rien il va se calmer on verra demain       encore eux je suis seul parce qu’ils sont là isolé dans cette chambre tiraillé vers eux que je n’aperçois plus la jambe de l’un les fesses de l’autre et cette manière de tenir ma langue un peu levée dans ma bouche quand mes lèvres s’écartent tous ces morceaux que je ne sais pas mettre ensemble je veux autre chose leur corps pas ces miettes pas le mien ils l’ont attaché eux ils n’en voient qu’un seul la corde aussi la chaise aussi le croient et le silence où j’ai une seule voix avec un seul gosier mais je les devine tous j’ai des yeux pour cela je me regarde encore ils réapparaîtront

une putain me hèle dans l’impasse je ne vais pas lui répondre j’ai peur du noir je suis trop jeune pour monter sur une putain je dirai oui dans quatre ou cinq ans elle insiste

mais madame je suis pas un petit monsieur je suis un petit garçon       elle n’écoute pas elle me tire à elle par une oreille elle porte des bottes vertes et un col de chat roux

t’es bien assez grand coco mais t’as pas de sous hein ? quel âge t’as tu veux un bonbon ma coquine dis-moi

je suis pas une fille

t’es pas ci t’es pas ça eh ben alors toi dis donc quelle tête de cochon

oui

et il dit oui encore allez raconte-moi qu’est-ce que tu fais ici c’est pas un endroit pour les enfants       elle me prenait la braguette avec un petit vieux rire de singesse elle répétait Ah ta coquine coquin ah ah la coquinette et me touchait plus près et des larmes de froid lui coulaient des yeux je lui frappais les bras elle m’a tiré par une porte un monsieur au milieu d’une chambre mettait sa pine dans mes fesses sa bouche les mouillait beaucoup j’ai crié quand il a poussé il m’a attaché sur le lit à plat ventre il a poussé longtemps il m’a jeté dehors j’étais assis là devant l’entrée je me réveillais et je me sauvais j’avais mal au trou il avait dû laisser quelque chose enfoncé je tâtais sous ma culotte c’était un coton rouge de sang elle dit que je ne dois pas serrer les fesses on m’habituera ils ont des chaises exprès avec des bâtons arrondis plantés dans le siège on reste assis déculotté dessus tout l’après-midi il y a des gros bâtons et d’autres moins gros elle les mouille d’huile à salade on m’assoit sur le plus petit bâton on m’attachait mais ce n’est plus la peine je m’y tiens sage à présent c’est un grand qui m’a expliqué il peut s’asseoir sur de très gros bâtons ça ne le gêne pas mais il a au moins treize ans on me couche dans le même lit que lui il a promis qu’il me défendra il y a une douzaine de lits au grenier certains grands d’autres non c’est là qu’on dort ils ne se ressemblent pas le nôtre a une cage en fer des barreaux vernis et des boules jaunes au bout le grenier est long très bas mal éclairé on ne nous surveille pas la nuit on fait ce qu’on veut mais le jour je m’assois sur la chaise et puis j’obéis aux messieurs qui viennent c’est un bordel ici c’est pour ça on mange bien j’ai grossi le grand me touche tout le temps et il met sa bite dans ma bouche je n’aime pas ça il dit que ça viendra ça ne vient pas encore mais lui c’est venu il me lèche jusqu’au

un grondement lointain premiers nuages noirs on sent la pluie se préparer le soleil brille faux la lumière jaunit acide piquante survoltée il me dit de courir on va se faire tremper un autre grondement les nuages se massent autour du soleil et le rétrécissent on ne le voit plus sauf des rayons gris et jaunes qui éclaboussent la campagne un vrai coup de tonnerre cette fois il crie Vite ! on file s’abriter dans la maison après les vaches la maison abandonnée ses bruits bizarres c’est les vaches dans les arbres qui font whouh à cause de l’orage j’ai peur le ciel craque et un éclair le traverse juste au moment où on grimpe à la grille du jardin pour entrer la grille est en fer rouillé on va recevoir la foudre mais ce sont des gouttes d’eau chaude lentes énormes on se dépêche on remonte un escalier de ciment herbu fendillé presque noir qui serpente à travers une roseraie la maison est en haut les fleurs redeviennent sauvages rose pâle et le cœur jaune la pluie tombe plus vite et plus froide on atteint la marquise on s’écrase dessous pour la porte c’est facile il n’y a qu’à pousser rien ne ferme le couloir est sombre ça sent les légumes sous l’averse les grandes feuilles de potiron les groseilliers l’oseille et surtout les tomates vertes je lui demande On monte en haut ? Il dit Non qu’est-ce qu’il pleut ça va pas durer on voit les carreaux du couloir maintenant ce sont des losanges blancs et rouges assemblés en étoile

alors où qu’ils sont tes boches hein ducon ducon fais gaffe aux fantômes ils vont te bouffer les pieds

je n’aurais pas dû dire ducon il a pris son petit air spécial de quand on se tâte et on s’est trouvé face à face contre le mur du couloir à côté d’un sous-verre un bateau à cheminées qui pendait

quoi ducon ducon c’est toi       en me donnant des petits coups de poing pour rire pointus frôleurs ses tas de petits coups qui me cherchent je les lui rends on s’excite

non c’est toi ducon

non c’est toi

non ducon       je l’agace partout avec les deux mains je tourne autour je lui pinçonne le bide les bras les cuisses le nombril on se tortille on se halète dessus on se rit comme chien et chat

et ça ducon       une prise à la braguette c’est dur dedans il n’attendait que ça mon ventre se creuse ses yeux cillent sa langue sort de son rire pour rattraper de la bave les dents brillent il se ramasse se rapproche feinte chatouille m’empoigne tout le paquet on s’attrape par le cou on se fait tomber je lui cogne les fesses il me mord l’oreille les saletés c’est toujours comme ça qu’elles s’amènent je le connais il veut enculer le premier mais il n’a pas le droit d’abord il ne jute pas

d’abord tu jutes pas eh pisseux

si je jute si tiens regarde       il se tire la peau il me montre une petite goutte de mouillé sur la fente au bout je dis

ouah c’en est même pas       on se déculotte mais le carrelage est froid on se relève essoufflé il y a un éclair brutal je vois des ventres blancs des bites verdâtres je rattache ma ceinture sans boutonner il donne des tapes sur ma pine qui dépasse Eh c’est quoi ça hein c’est quoi ça balance à gauche à droite c’est drôle je lui happe le poignet je l’oblige à se retourner je me colle à ses fesses vite très vite mais il y a son froc je tire dessus Arrête tu le déchires attends lâche-moi on va chercher y a peut-être un pieu

non on reste ici y a qu’à le faire debout

non couché c’est mieux on se mettra à poil on se

y a pas besoin t’es le vrai vicieux toi

ah et toi alors       comme si c’était un matin quelqu’un entre tire les rideaux et ouvre la fenêtre je remonte la vieille couverture je bâille je me sens bien j’entends dire bonjour d’une jolie voix j’ouvrais les paupières la chambre était bleue et brillante de soleil je voyais un enfant lumineux les jambes nues et le genou long près de moi les cheveux égaillés les yeux gris de menthe


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