Phylogenèse de la pédophilie

De BoyWiki
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La théorie de l’évolution est aujourd’hui largement admise, quoiqu’elle fasse l’objet d’oppositions dans certains pays, pour des motifs principalement religieux. Certains des développements et implications de cette théorie sont cependant assez peu connus.

Le mécanisme à la base de l’évolution est la sélection naturelle : les organismes les plus résistants et les plus adaptés survivent tandis que les autres disparaissent, ce qui avec une variabilité et quelques mutations des gènes qui définissent les organismes, conduit à une très lente transformation d’une espèce, voire à l’apparition d’une nouvelle espèce par qui se sépare d’une autre.

Ce qu’on sait dans un second temps, c’est que la sélection finale ne porte pas uniquement sur le critère de résistance, mais de reproduction : une plante résistante aux maladies, à la sécheresse, mais qui ferait nettement moins de graines ayant des chances de germer, que sa voisine de la même espèce, n’est pas éliminée plus vite comme individu, mais sa lignée le sera.

La sélection retient donc les caractères permettant une reproduction bonne en quantité et en qualité, si on comprend la qualité comme les chances qu’auront les individus issus de cette reproduction de perpétuer le cycle. Cette sélection permet cependant des stratégies variées pour obtenir le même résultat : certaines plantes produisent une grande quantité de graines qui auront chacune peu de chances de se développer, tandis que d’autres produisent des graines plus grosses et moins nombreuses, qui contiennent une réserve d’énergie qui aidera les premiers stades de leur développement. Chez les animaux, cette sélection induit le développement d’un instinct de reproduction ainsi que celui d’assurer le développement des petits. Ceci avec encore des stratégies variées, entre celle des tortues qui abandonnent leur ponte relativement abondante, et celle des animaux qui protègent ou nourrissent leurs petits pendant une période plus ou moins longue.

Au delà de cet aspect, un animal pour assurer le succès de sa progéniture, doit trouver un partenaire de l’autre sexe, qui lui assure le meilleur succès pour cette opération : on parlera alors de sélection sexuelle. C’est ici que se trouvent les bases de la psychologie évolutionniste pour les Hommes. Celle-ci fait le lien entre les mécanismes de sélection générale et sexuelle, et la psychologie qu’elle a induit chez les femmes et chez les hommes, au cours du développement de notre espèce. Cette approche explique non seulement l’attirance des uns pour les autres, mais des points plus particuliers, comme la jalousie, l’infidélité ou le fait que les hommes ont un penchant plus prononcé que les femmes pour les relations passagères : en effet, si celles-ci sont fécondes, les enfants à naitre représentent un investissement « incompressible » pour la mère, (porter l’enfant puis assurer au moins ses premiers mois ou années) tandis que cet investissement sera dans ce cas très léger pour le père, qui peut se permettre de refaire l’opération fréquemment. Au sein de l’espèce humaine, voire chez un individu, on peut de cette façon lire dans les comportements et caractères psychologiques des stratégies visant non seulement la simple reproduction, mais à assurer à sa progéniture les meilleures chances de faire sa place dans le monde, et en fin de compte la diffusion de ses gènes. Par exemple, les femmes sont attirées par les hommes riches ou de pouvoir parce qu’ils sont les mieux en mesure de leur garantir des ressources pour élever leurs enfants, tandis que les hommes sont attirée par les femmes jeunes parce qu’elle sont les plus fécondes.

L’évolution étant un processus lent, on considère que pour l’espèce humaine, elle a été relativement insignifiante au cours des 10 000 dernières années. Cette évolution s’est donc faite essentiellement avant, au cours du Paléolithique, dans le cadre d’un mode de vie préhistorique, dit « primitif » de chasseurs-cueilleurs nomades. C’est donc ce type de société qu’il faut considérer.

Dans le cadre de cette approche, la pédophilie et l’homosexualité sont des anomalies difficilement explicables, puisqu’elles ne conduisent pas à priori à avoir une descendance. Comment expliquer qu’elles se maintiennent dans la population ?

Plusieurs éléments ont été apportés concernant le cas de l’homosexualité. Par exemple elle crée des liens et alliances entre individus de même sexe, ce qui permettrait de favoriser la survie du groupe. Par ailleurs, les caractères liés à l’homosexualité notamment un comportement plus féminin, rendraient les hommes plus attractifs auprès des femmes.

Dans ce cas ce ne serait pas l’homosexualité stricte qui serait un avantage, mais les caractères qui l’induisent, lorsqu’ils sont présents à dose plus faible[1]. Ou encore, l’homosexualité, en particulier chez les animaux, est en général non exclusive, les homosexuels ont dont souvent une descendance[2]. Ces idées sont toujours discutables et à préciser, du fait qu’elles manient des catégories difficiles à définir en fonction de l’époque chez les hommes, voire de l’espèce à laquelle on fait référence, et puis que l’avantage proposé est assez indirect.

Le cas de la pédophilie et de la pédérastie est certainement spécifique, et mérite ses explications propres. Passons par la notion de sélection de groupe. Considérer la concurrence et la sélection au niveau strictement individuel est insuffisant. Un groupe dont les membres ont un comportement plutôt altruiste au sein de ce groupe, a un avantage important sinon crucial par rapport aux autres groupes, dont chaque membre agirait de façon égoïste. Cela a été énoncé par Charles Darwin lui-même dans son livre, Descent of Man, and Selection in Relation to Sex[3]. Il illustre cela par les comportements de défense du groupe : se mettre en avant et se battre pour défendre sa tribu comporte plus de risques que de bénéfices pour l’individu, mais un groupe dont les membres sont portés à le faire aura un avantage, se développera aux dépends des autres groupes et propagera ce caractère.

L’attirance pédophilique/pédérastique porte sur des tranches d’âge qui recoupent assez bien celles pour lesquelles les sociétés contemporaines ont décidé d’instaurer la scolarisation. En France, l’obligation scolaire porte sur la tranche des 6 à 16 ans et on passe son bac à 18 ans environ, ce à quoi on pourrait ajouter l’école maternelle d’un côté et les études supérieures de l’autre. On voit que la société française, comme beaucoup d’autres, estime que se faire transmettre des connaissances au delà du cadre de la famille restreinte, doit être la principale occupation des jeunes, au moins de 6 à 16 ans, voire de 3 à 23 ans environ. Or si la scolarisation est généralement avancée comme un progrès et, pour les pays où elle n’est pas généralisée, un objectif indiscutable, l’école « formelle » n’existait pas pendant la préhistoire. L’école à notre époque n’est certainement qu’une manière (probablement discutable) de répondre à un besoin qui s’est développé bien avant.

Les sociétés primitives qui ont fait le développement de notre espèce n’étaient pas brutes et bestiales. On peut s’en faire une représentation en supposant leur mode de vie similaires à celui de tribus amérindiennes nomades des siècles passés. L’étude des peuples de chasseurs-cueilleurs contemporains ou de la période historique montre que ces sociétés portent chacune une masse de connaissance et une culture complexe, qui permettent leur adaptation au milieu où elles vivent. Ce sont des connaissances portant sur des domaines variés, notamment techniques, géographiques, ou simplement sur les relation humaines, et puis des savoirs-faire pour s’abriter, assurer ses ressources alimentaires au cours de l’année, etc. Or chaque génération doit acquérir ces connaissances pour assurer la pérennité voire le développement de la tribu, et comme de nos jours, la qualité de ces acquisitions ne sont pas indépendantes de l’éducation que reçoivent les jeunes de la tribu.

Sans prétendre que des limites strictes soient valables, le rôle d’une mère pour son enfant parait essentiel au cours des deux ou trois premières années de sa vie. Celui du père aussi pendant cette période étant donné que la mère enceinte, occupée par son bébé ou jeune enfant a particulièrement besoin du soutien notamment matériel de son conjoint pendant cette période. Cela expliquerait même la durée typique d’une relation amoureuse qui serait de trois ans[4].

Pas plus que de nos jours, les parents préhistoriques ne devaient abandonner fréquemment leurs enfants aux âges de trois ou six ans. Pourtant, à partir de ces âges, leur prise en charge devait être transférée en grande partie au groupe : enfants plus âgés, et autres adultes de différents âges. Cela correspond à l’adage « Il faut tout un village pour éduquer un enfant », et était indispensable si ces enfants devenaient orphelins. Cette prise en charge comprenait la couverture de besoins de base comme la nourriture, la protection et puis la transmission de connaissances et de nombreuses facettes de l’éducation. Pour permettre cela, il faut d’une part un désir d’apprendre, d’imiter de la part de ces enfants, une propension à admirer ses ainés du même sexe, et puis le désir de transmettre, de protéger, de montrer, d’aider de la part des ainés. Ceux-ci ont beaucoup d’autres intérêts et centres d’intérêt comme les activités auxquelles ils se consacrent, leur relations avec leur pairs, avec les personnes de l’autre sexe et leurs propres enfants le cas échéant. De plus, les garçons et les hommes sont potentiellement des concurrents, auprès des femmes notamment. Le risque est donc fort que ces hommes soient indifférents aux enfants et adolescents encore peu expérimentés, peu productifs et faibles qui ne sont ni leurs enfants ni leurs petits frères.

Ces jeunes, et en particulier les garçons, sont pourtant ceux qui assureront quelques années plus tard non seulement la reproduction, mais qui contribueront aux ressources et à la protection de l’ensemble de la tribu. De ce fait, si l’éducation, la transmission auprès de ces jeunes est négligée c’est la pérennité de tout le groupe qui est compromise. Les connaissances et l’expérience des hommes en particulier portent sur des objets plus éloignés du foyer où l’enfant passe ses premières années. Par ailleurs, ces deux groupes sont a priori assez éloignés : le garçon a passé ses premières années principalement avec les femmes. Les garçons ont pourtant particulièrement besoin d’être nourris des connaissances et de l’expérience des hommes de leur groupe, ainsi que d’avoir leur appui dans leurs premières entreprises.

Comme dit plus haut, cette bienveillance et ce désir de transmettre, de faire fonction de tuteur, de protéger ne vont pas de soi, et entrent en concurrence avec d’autres motivations et stratégies. Il fallait donc qu’existât une motivation particulière, un sentiment suffisamment fort, au moins chez une partie des adultes, et en particulier chez les hommes par rapport aux garçons. Notre espèce aurait de ce fait développé une attraction sensuelle, sexuelle et affective chez une partie des hommes envers les garçons, ainsi que la réciproque chez les garçons. Ce caractère présent dans les gènes d’un groupe se serait maintenu et diffusé du fait du bénéfice pour les jeunes et pour leur groupe de cette meilleure protection et prise en charge éducative[5]. Il n’est pourtant pas indispensable que tous les adultes ou tout les hommes s’investissent autant dans cette éducation : l’apprentissage se fait en grande partie par imprégnation, imitation, participation ou écoute des discussions, mais une attention particulière même occasionnelle, porté à ces jeunes, une bienveillance ou un enseignement délibéré donné ne serait-ce que par une minorité de ces adultes multiplie l’efficacité de cet apprentissage.

Biologiquement, l’attirance pour les garçons serait d’une part un « caractère dérivé », en ce qu’il réemploie l‘attirance hétérosexuelle pour un autre objet et une autre autre fonction, comme l’évolution a par exemple réemployé les pattes avant des ancêtres des oiseaux pour en faire des ailes. D’autre part ce caractère s’exprimerait par « polymorphisme »[6], c’est-à-dire qu’un génotype très proche ou identique peut exprimer des caractères assez différents : en l’occurrence l’hétérosexualité stricte, la pédophilie exclusive et toutes les nuances entre ces deux points. On utilise cette notion dans le cas des truites chez qui, parmi les sujets d’une même ponte, une partie restera toute sa vie près du lieu de ponte, une autre dévalera en aval dans le cours d’eau plus important, et une dernière partie migrera jusqu’en mer, comme les saumons. Ces truites de mer prendront une apparence très différente de leurs frères et sœurs restés en rivière, mais reviendront s’y reproduire. (Pour la population globalement, cela revient à ne pas mettre tout ses œufs dans le même panier, puisque les truites ayant migré en mer, peuvent faire une croissance beaucoup plus forte mais sont exposés à plus de risques au cours de leur migration.) Il y a également polymorphisme chez les abeilles, et fourmis, chez qui les femelles ouvrières ou reines, identiques génétiquement auront des phénotypes et des fonctions très différents. Cette sorte de polymorphisme est caractéristique d’une population ou d’une espèce plutôt que de consister en caractères héritables au niveau individuel. Le génotype ne définirait pas l’orientation sexuelle de chacun, mais des orientation potentielles, voire leur fréquence au sein d’une population. L’orientation sexuelle de chacun se situe sur un continuum, et définir des types et des catégories est une tâche difficile ou même vaine. On pourrait faire l’hypothèse que le type de la base de la pédérastie est une simple sympathie pour les adolescents, une attirance physique sensible mais moins forte que pour les femmes. Dans ce cas, ceux dont l’attirance pour les garçons est dominante, ou qui sont attirés par des garçons pré-adolescents seraient des accidents explicables parce qu’il fallait que la nature laisse une marge à la détermination de l’attirance sexuelle pour obtenir une part d’hétérosexuels majoritaire et une certaine part d’hommes portés à se préoccuper des garçons ; mais « inutiles » parce qu’allant au delà du nécessaire. On pourrait aussi bien dire que la norme du pédéraste est celui, exclusif ou presque, qui consacrera ses ressources et son intelligence à l’éducation d’un ou plusieurs garçons successivement, qui leur fournira une éducation poussée permettant même dans certains cas de produire une élite à un groupe humain, des hommes capable de le diriger, de le mener dans des entreprises exceptionnelles comme des migrations ou des guerres. On oublierait alors les premiers, les hommes chez qui la pédérastie n’est pas dominante, mais joue pourtant dans les efforts qu‘ils feront, plus marqués que ceux d’un homme lambda, pour la protection et l’éducation des garçons.

Ces deux hypothèses n’étant pas satisfaisantes, il est probable que chaque degré (ou presque) de la pédophilie ait son rôle ou au moins soit susceptible de le trouver ou de ne pas le trouver en fonction du contexte, de la culture de la société de cas hommes et de ces garçons, ainsi qu’en fonction des histoires particulières. La pédophilie et la pédérasties, si elle n’apportent probablement pas un avantage individuel pour la sélection, prennent leur sens au niveau du groupe et n’apparaissent donc pas comme un défaut ou une anomalie génétique ou de développement. leurs expressions ont pris des formes très variées en fonction de la culture dans laquelle elles s’inscrivaient dans la période historique, et sans doute dans les sociétés préhistoriques. L’orientation sexuelle pédophile et pédéraste, est sans doute le moteur d’une part essentielle de l’éducation sans lequel le désintérêt des hommes pour les jeunes de leur groupe hypothéquerait l’avenir de ces groupes. En tant que telle, elle paraît donc comme un produit de la sélection naturelle.