Richard Renvoisy

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Richard Renvoisy (parfois orthographié Richard Renvoysy ou Richard de Renvoisy), né vers 1520, exécuté à Dijon le 6 mars 1586, est un prêtre catholique, compositeur, joueur de luth et maître de chœur.

La vie de Renvoisy, probablement né sous le règne de François Ier, et mort sous Henri III, correspond à l’apogée de la Renaissance française ; mais aussi aux guerres de Religion en France et dans le Saint-Empire romain germanique, en particulier lors d’une longue période de troubles religieux à Dijon entre 1530 et 1595.


Compositeur, luthiste et chef de chœur

Richard Renvoisy fut un des meilleurs musiciens français du xvie siècle. Outre ses talents de compositeur et de joueur de luth, il dirigeait le chœur de la Sainte-Chapelle de Dijon, dont il était l’un des chanoines. Philibert Colin composa des vers latins à sa louange.

Outre les psaumes de David, Renvoisy mit en musique des traductions d’odes d’Anacréon, poète grec connu pour avoir célébré aussi bien les garçons que les filles.

Contemporain de la quatrième et de la cinquième générations de l’école musicale franco-flamande, il exerce son art à la même époque que deux autres compositeurs condamnés pour leurs pratiques pédérastiques : le Flamand Nicolas Gombert, né vers 1495, envoyé aux galères en 1540 et mort vers 1560 ; et le Français Dominique Phinot, né vers 1510, brûlé vif à Lyon vers 1560.

Libre fréquentation avec ses jeunes disciples

Renvoisy était âgé déjà lorsqu’on lui reprocha « la trop libre fréquentation avec ses jeunes disciples », et de s’être livré avec eux à « un vice abominable » : il aurait eu des relations charnelles avec un ou plusieurs des petits choristes placés sous son autorité. Jugé par le parlement de Dijon, il fut condamné à être brûlé vif « aussi bien que certaine chaise, dont il s’était servi pour commettre son crime ». L’exécution eut lieu le 6 mars 1586.

Cet arrêt impitoyable, resté célèbre, avait été rendu sous la présidence de Denis Brulard, à propos duquel le Journal des Sçavans évoquera « un zèle aveugle pour la religion ». Le même ouvrage mentionne que ce juge féroce fut pourtant critiqué par Henri IV pour sa pusillanimité.[1]

Notices biographiques

Les notices biographiques ci-dessous sont classées par ordre chronologique de publication.

Jean Bouhier, « Jean Bégat » (1742)


Du reste ce grand Magistrat ne s’ocupoit pas toujours d’études sérieuses. Philippe Robert nous aprend (o) qu’il s’en délassoit quelque fois avec les Muses, & qu’il traduisit même les Odes d’Anacréon en Vers François. Voici comme il en parle :


Nec mage Pimplæis quisquam se proluit undit.
Teïus Anacreon restis, quem carmine nuper
Ludentem patrio tua nobis Musa reliquit.


Je ne doute pas que cette traduction ne soit celle, que Richard Renvoisy, Maitre des enfans de Chœur de la Sainte Chapelle de Dijon, mit en Musique à quatre parties, & qu’il fit imprimer à Paris chez Richard Breton. Car Antoine du Verdier, qui en parle, (p) et qui ne connoissoit pas l’Auteur de cette traduction, convient qu’elle étoit différente de celle de Remy Belleau.

Ce Renvoisy, pour le dire en passant, a été un des plus excellens Musiciens, & des meilleurs Joüeurs de luth de son tems. On en peut juger par les vers, que Philibert Colin fit à sa loüange, & desquels j’ai seulement extrait les suivans du Manuscrit de ses Poësies, qui est aujourd’hui entre les mains de Mr. Le Gouz, Président à mortier en ce parlement.


Carmine vocali clarum devincet Iopam,
Dorceus huic fidibus cedet, & huic Glaphyrus.
.   .   .   .   .   .   .   .   .
Quidquid ab his olim factum cecinere Poëtæ,
Hoc nihil est, spectes si quæ agit hic citharâ.
Cui cita, tarda, gravis, vox magna est, parvula, acuta,
Quam premit, inflectis, sublevat ex libito.


Mais ces belles qualitez furent ternies par un vice abominable, ou malgré son âge déja avancé, & son caractére de Prêtre, le fit tomber, son penchant à la débauche, & la trop libre fréquentation avec ses jeunes Disciples. Il en fut sévérement puni par un Arrêt célébre du Parlement, (a) rendu le 6. Mars 1586. qui le condamna au feu, aussi bien que certaine chaise, dont il s’étoit servi pour commettre son crime.


(o) Carm. p. 34.
(p) Pag. 34. & 122 2. de sa Bibliothéque.
(a) Régistres du Parlement.[2]



Rigoley de Juvigny (1773)


RICHARD RENVOISY, Maître des Enfans de chœur de la Sainte Chapelle à Dijon, a mis en Musique, à quatre Parties, les Odes d’Anacréon1, imprimées à Paris, par lettre Françoise, par Richard Breton.


1 L’opinion de M. le Président Bouhier, pag. xli & xlii de son Histoire des Commentateurs de la Coutume de Bourgogne, est que la Traduction d’Anacréon, en vers François, par Jean Bégat, mort Président au même Parlement, l’an 1572, est celle que Richard Renvoisy mit en musique ; car, dit-il, Antoine du Verdier, qui en parle en deux endroits de sa Bibliothèque, convient, au mot Anacréon, que cette Traduction, dont il ne connoissoit pas l’Auteur, étoit différente de celle de Remi Belleau. Le reste de la Remarque nous apprend que, comme Renvoisy étoit Maître des Enfans de Chœur de la Sainte Chapelle de Dijon, sa trop libre fréquentation avec ses jeunes Elèves le fit tomber dans un crime, pour lequel il fut condamné au feu, le 6 Mars 1586. (M. de la Monnoye).[3]


Rob. Eitner (1903)


Renvoysy, Richard, Kanonikus und Chorknabenlehrer an St.-Chapelle zu Dijon, wurde wegen unerlaubten Umganges mit seinen Schülern zum Feuertode am 6. März 1586 verurteilt. Er war ein ausgezeichneter Lautenist u. Komponist (siehe Näheres bei Fétis). Von seinen Werken führt derselbe an:

Psalmi Davidici quatuor vocum. Paris 1573 Richard Breton. 4 Stb. qu4°.

Les Odes d’Anacréon mis en musique ... à 4 parties. Paris, Le Roy et Ballard 1573. [Paris Nat: Superius, qu4° (Fétis zeigt Breton 1581 als Verleger an).[4]


Voir aussi

Bibliographie

Œuvres de Richard Renvoisy

  • Psalmi Davidici quatuor vocum. – Paris : Richard Breton, 1573. – In-4°.
  • Quelques odes d’Anacréon poete ancien, nouuellement mises en francoys apres le grec, les nombres gardez : et depuis mises en musique / par maistre Richard Renuoysy maistre des enfans, et chanoyne de la sainte chapelle Ste Foy à Dijon. – A Paris : de l’imprimerie de Richard Breton, 1559. – 24 f. ; in-12.
    Au dos de la page de titre figure cet avertissement :
    Renuoysy au lecteur. N’estimes lecteur que j’aye rien de commun en ma vie avec la lubricite et yurongnerie d’Anacreon : je ne le traittay jamais en intention de le faire venir en public, sinon pour te faire cognoistre le juste jugement de Dieu qui fit mourir un si grand yurongne comme il auoit vescu : Car on dit qu’il mourut en beuvant estranglé d’un petit pin de raisin. Quant à moy j’ayme bien à boire comme bon compaignon, et n’espargne le bon vin à mes amis qui me visitent, mais c’est auec la cognoissance de Dieu et action de graces. Ce que je publie en ce liure n’est pas pour t’enseigner à viure, mais pour te faire rire. A Dieu.[5]

Sur Richard Renvoisy

  • Histoire des commentateurs de la Coutume du duché de Bourgogne / par Mr. Bouhier, président à mortier honoraire au Parlement de Dijon, & de l’Académie Françoise. – Dijon : chez Arnauld Jean-Baptiste Augé, 1742. – XXVIII p.
    Fin du chapitre « Jean Bégat », p. XVI-XVII.
  • « Richard Renvoisy et les Odes d’Anacréon (1559) » / F. Dobbins, M.-A. Colin ; in Musique et musiciens dans les saintes-chapelles / E. Anheim, D. Fiala, V. Zara, D. Saulnier, éds.
  • Biographisch - Bibliographisches Quellen-Lexikon der Musiker und Musikgelehrten der christlichen Zeitrechnung bis zur Mitte des neunzehnten Jahrhunderts. 8. Band, Po — Scheiffler / von Rob. Eitner. – Leipzig : Breitkopf & Haertel, 1903.
    P. 191.
  • Bibliothèque des auteurs de Bourgogne. Tome second, M-X / par feu M. l’Abbé Papillon, chanoine de la Chapelle au Riche de Dijon. – Dijon, 1745.
    Article « RICHARD DE RENVOISY », p. 197-198.
  • Les bibliothèques françoises de La Croix du Maine et de Du Verdier sieur de Vauprivas. T. 5 / Rigoley de Juvigny. – Nouv. éd. – Paris : Saillant & Nyon, 1773.
    Article « RICHARD RENVOISY », p. 415.

Notes et références

  1. Journal des Sçavans, septembre 1775, p. 617.
  2. Fin du chapitre « Jean Bégat », p. XVI-XVII, in Bouhier, Histoire des commentateurs de la Coutume du duché de Bourgogne, Dijon, Arnauld Jean-Baptiste Augé, 1742.
  3. Article « RICHARD RENVOISY », p. 415, in Rigoley de Juvigny, Les bibliothèques françoises de La Croix du Maine et de Du Verdier sieur de Vauprivas, T. 5, Paris, Saillant & Nyon, 1773.
  4. Rob. Eitner, Biographisch - Bibliographisches Quellen-Lexikon der Musiker und Musikgelehrten der christlichen Zeitrechnung bis zur Mitte des neunzehnten Jahrhunderts, 8. Band, Po — Scheiffler, Leipzig, Breitkopf & Haertel, 1903, p. 191.
  5. Orthographe moderne :
    « Renvoisy au lecteur. N’estime, lecteur, que j’aie rien de commun en ma vie avec la lubricité et ivrognerie d’Anacréon : je ne le traitai jamais en intention de le faire venir en public, sinon pour te faire connaître le juste jugement de Dieu qui fit mourir un si grand ivrogne comme il avait vécu : Car on dit qu’il mourut en buvant étranglé d’un petit pin de raisin. Quant à moi j’aime bien à boire comme bon compagnon, et n’épargne le bon vin à mes amis qui me visitent, mais c’est avec la connaissance de Dieu et action de grâces. Ce que je publie en ce livre n’est pas pour t’enseigner à vivre, mais pour te faire rire. Adieu. »
    Si Renvoisy se défend plaisamment et longuement d’imiter « l’ivrognerie » d’Anacréon, il ne s’attarde pas sur sa « lubricité »… Quant à son évocation du « juste jugement de Dieu qui fit mourir » le poète grec, elle fut hélas prémonitoire pour lui, et rappelle qu’il n’est guère sage de donner des leçons de morale en se réjouissant du malheur des autres.