Fils de personne ou Plus que le sang (citations)

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Fils de personne ou Plus que le sang est une pièce d’Henry de Montherlant, publiée et jouée en 1943. Les citations ci-dessous en sont extraites, ainsi que des textes annexes qui l’accompagnent.

Citations

Acte I

Georges : Je me disais : « Il fleurit loin de moi. Je n’aurai pas connu son fleurissement. Quand je le retrouverai, son rire même aura changé de forme… »
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang (1943), p. 224 (voir la fiche de référence)

Georges : J’avais cru que c’était ceci ou cela qui donnait un sens à ma vie : je voyais maintenant que c’était d’aimer. Gillou avait été bien des fois assez décevant : ah ! que ne l’avait-il été davantage ! J’aurais pu me libérer de lui. Mon affection me rongeait et m’empoisonnait. On s’adapte à tout, à l’inconfort, au froid, à la continence, au risque quotidien ; mais non à l’ignorance du sort de ce qu’on aime.
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang (1943), p. 224 (voir la fiche de référence)

Georges : J’avais mesuré mon affection, et ses entraves, et je les avais acceptées. Lui, j’avais mesuré ses travers et ses lacunes, et je les avais acceptés eux aussi.
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang (1943), p. 225 (voir la fiche de référence)

Acte III

Georges : Je serais inquiet pour un gosse qui ne serait pas un peu insupportable.
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang (1943), p. 247 (voir la fiche de référence)

Georges : J’ai connu des enfants, et des enfants du peuple, qu’on pouvait entretenir pendant une heure sans lassitude, bien plus, avec goût et intérêt. Ils étaient fins, ils réagissaient juste, ils avaient des trouvailles, une espèce de génialité…
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang (1943), p. 248 (voir la fiche de référence)

Georges : Oui, oui, oui, nous le savons, c’est un enfant parfaitement sain ! Si au moins il ne l’était pas ! S’il avait une passion ! La fugue, le vol, la mythomanie… Mais il est lisse et sur ce lisse en vain je cherche à m’accrocher : je glisse et n’accroche pas.
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang (1943), p. 249 (voir la fiche de référence)

Georges : Qu’est-ce que c’est que ça, la nature ? Il y a tout dans la nature.
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang (1943), p. 250 (voir la fiche de référence)

Marie : Intéressez-vous à lui matériellement, si vous l’aimez encore assez pour le faire, mais cessez de vouloir modeler cette petite âme selon vos excentricités. Ah ! pourquoi êtes-vous rentré dans sa vie, pour en troubler le cours calme et simple ? Mon fils n’a pas besoin d’être exceptionnel.
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang (1943), p. 250 (voir la fiche de référence)

Georges : Je l’aime, et je voudrais l’estimer autant que je l’aime, et je ne peux pas.
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang (1943), p. 252 (voir la fiche de référence)

Georges : La plupart des enfants, en France, sont des enfants abandonnés. Ou bien on ne s’occupe pas d’eux. Ou bien on s’occupe d’eux si mal. Ou bien on s’occupe d’eux pendant quelque temps, avec intelligence, et ensuite on les abandonne.
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang (1943), p. 254 (voir la fiche de référence)

Textes annexes

Les « préparations » de Fils de personne (1943)

Tu as besoin de moi, tu sais bien en quoi : en tout. Moi, j’ai besoin de toi à cause de ta gentillesse, et à cause de l’amour que j’ai pour toi. Donc, que chacun de nous fasse l’impossible non seulement pour ne pas ajouter aux difficultés de l’autre, mais pour lui être une occasion de plaisir et de légèreté.
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang, « Les “préparations” de Fils de personne » (1943), p. 295 (voir la fiche de référence)

Sa tendresse dure le temps de son plaisir ; à la lettre, elle n’est que l’explosion de son plaisir.
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang, « Les “préparations” de Fils de personne » (1943), p. 296 (voir la fiche de référence)

Tous les parents trop brusques avec l’enfant. Et tous les enfants trop brusques avec le chat.
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang, « Les “préparations” de Fils de personne » (1943), p. 296 (voir la fiche de référence)

De quelque façon qu’ils s’y prennent, les adultes ne font que gâcher l’enfance.
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang, « Les “préparations” de Fils de personne » (1943), p. 297 (voir la fiche de référence)

Il faut se garder des raisons de n’aimer pas les gens, pour ne pas souffrir le jour qu’on les perdra.
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang, « Les “préparations” de Fils de personne » (1943), p. 297 (voir la fiche de référence)

Boys and women are cattle of same colour. « Les garçons et les femmes sont bétail de même espèce. » Shakespeare.[1]
Les gosses, comme les femmes, désirent qu’on s’occupe d’eux.
Chez les jeunes garçons qui n’ont autour d’eux que des femmes, un besoin du père, ou plutôt de l’homme, qui n’est pas sans analogie avec celui qu’ont les femmes.
Délivrance de sortir d’eux, comme de sortir des femmes.
Leurs envies brusques de femme enceinte.
Le geste d’un enfant (toujours de moins de treize ans) quand, debout devant vous et vous faisant face, il pose les mains sur vos bras, appuie la tête contre votre poitrine et reste ainsi quelques instants. Exactement le geste classique de la femme amoureuse.
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang, « Les “préparations” de Fils de personne » (1943), p. 297 (voir la fiche de référence)

Notes (1943)

J’accepte que le rôle de Gillou soit joué en travesti, à condition que le rôle de Marie soit joué par un garçon de quatorze ans.
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang, « Notes » (1943), p. 266 (voir la fiche de référence)

J’incline à croire que la valeur générale d’un être, à quatorze ans, c’est celle qu’il gardera toute sa vie. […] N’avons-nous pas tous connu des gosses, d’un âge plus tendre encore, et dans tous les milieux, dont on pouvait dire qu’ils étaient des gosses d’esprit ou des gosses de cœur (comme on dit : un homme d’esprit, une femme de cœur) ? Toutefois, si la question évoquée ici m’était posée, je répugnerais à lui donner une réponse ferme. Je répondrais : « L’incertitude est la position de l’intelligence. Il n’y a que des cas particuliers. La plus grande partie des erreurs de l’action vient de notre pente à généraliser, pente où s’engagent les plus intelligents. »
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang, « Notes » (1943), p. 272 (voir la fiche de référence)

La langue de la passion croit qu’il lui suffit d’être la langue de la passion pour se faire comprendre, alors que, tout au contraire, c’est parce qu’elle est la langue de la passion qu’elle ne sait ni convaincre, ni se faire comprendre. Cette croyance si illusoire est une des beautés touchantes de la passion.
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang, « Notes » (1943), p. 273 (voir la fiche de référence)

Notes de 1948 sur Fils de personne

La cloison étanche entre la moralité générale d’un homme et sa moralité sexuelle. Vérité pas assez connue, je veux dire pas assez présente dans nos jugements sur les hommes, et dans notre conduite avec eux.
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang, « Notes de 1948 sur Fils de personne », p. 282 (voir la fiche de référence)

La voix du sang n’est puissante que chez la mère. Pour l’homme, ses seuls vrais fils sont spirituels ; il faut qu’il estime.
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang, « Notes de 1948 sur Fils de personne », p. 285 (voir la fiche de référence)

Ces jeunes vedettes, jetées, presque dans l’enfance, de l’obscurité à la plus vive lumière, reçoivent cependant une ombre émouvante qu’étend sur elles l’incertitude de leur avenir. Ce ne sont pas tout à fait des enfants perdus, mais ce sont des enfants menacés. Menacés par la trahison de leur propre nature, qui un jour refusera peut-être de fournir plus longtemps les richesses mystérieuses des premières années ; menacés aussi par le public, qui goûte le sang quand il lui est permis de se venger des réputations qu’il a lui-même construites.
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang, « Notes de 1948 sur Fils de personne », p. 292 (voir la fiche de référence)

Lorsque, pendant la guerre, je m’occupais d’une œuvre d’assistance aux enfants, combien de fois ai-je dit à telle dame qui s’intéressait passionnément à quelque gamin : « Quand il aura vingt ans, dix-huit ans même, vous vous ficherez pas mal de lui. Car, ce que vous aimez, ce n’est pas un ou des individus particuliers, c’est l’enfance. »
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang, « Notes de 1948 sur Fils de personne », p. 293 (voir la fiche de référence)

Pour la reprise de 1963

L’infantilisme particulier à ceux qui vivent trop avec les enfants : certains éducateurs, moniteurs de formations de jeunesse, grands-parents à la retraite, désœuvrés et en adoration devant leurs petits-enfants…
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang, « Pour la reprise de 1963 », p. 301-302 (voir la fiche de référence)

Le gosse ne doit être pris qu’à petites doses.
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang, « Pour la reprise de 1963 », p. 302 (voir la fiche de référence)

J’ai vu des garçons qui à treize ans étaient des idiots et qui à seize ans étaient solides et bien.
J’ai vu des garçons qui à douze ans avaient une espèce de génie, et qui à quatorze ans, du jour au lendemain (je veux dire : en quelques semaines), étaient devenus des idiots, qu’ils sont restés.
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang, « Pour la reprise de 1963 », p. 303 (voir la fiche de référence)

Un enfant de douze ans, de qui le germe n’est pas fort, se gâte en huit jours.
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang, « Pour la reprise de 1963 », p. 305 (voir la fiche de référence)

Certains ne peuvent aimer que dans l’estime. Aimer de cœur, et même aimer sensuellement. […]
Mais c’est là une sorte particulière d’amour. Car il y a l’amour qui aime sans avoir besoin d’estimer. L’amour qui, à tout ce qu’il voit de mal dans l’être aimé, répète inlassablement : « Ça n’a aucune importance. » C’est l’amour des amants. […]
De ces deux amours je ne sais lequel préférer. J’ai ressenti plutôt le premier, toute ma vie. Aujourd’hui, j’imagine de pouvoir ressentir aussi le second. Amélioration, ou relâchement ? Disons que chacun de ces deux amours a sa beauté, et qu’il n’est pas nécessaire de donner à l’un ou à l’autre la prééminence.
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang, « Pour la reprise de 1963 », p. 306 (voir la fiche de référence)

Il y a presque toujours chez un enfant ou un adolescent, fût-il du terreau le plus ingrat, un instant où sort de lui quelque chose de merveilleux, qui ne peut être donné que par cet âge, et qu’il ne redonnera jamais plus. C’est une loi de la vie : que cela se gâte ou se dessèche, il n’y est pour rien.
  • Henry de Montherlant, Théâtre, [Paris], Éd. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1972, Fils de personne ou Plus que le sang, « Pour la reprise de 1963 », p. 307-308 (voir la fiche de référence)

Voir aussi

Bibliographie

Édition utilisée

  • Théâtre / Henry de Montherlant ; préf. de Jacques de Laprade, préf. complémentaire de Philippe de Saint Robert. – [Paris] : Éd. Gallimard, 1972 (Dijon : Impr. Darantiere, 20 décembre 1972). – LX-1412 p. : jaquette ill. ; 18 × 11 cm. – (Bibliothèque de la Pléiade ; 106). (fr)
    Contient : L’exil ; Pasiphaé ; La reine morte ; Fils de personne ou Plus que le sang ; Un incompris ; Malatesta ; Le maître de Santiago ; Demain il fera jour ; Celles qu’on prend dans ses bras ou Les chevaux de bois ; La ville dont le prince est un enfant ; Port-Royal ; Brocéliande ; La mort qui fait le trottoir (Don Juan) ; Le cardinal d’Espagne ; L’embroc ; La guerre civile ; Notes de théâtre. Index bibliographique p. LIII-LIX.

Articles connexes

Notes et références

  1. Extrait d’une tirade de Rosalinde dans Comme il vous plaira (As you like it), acte III, scène 2 :
    I set him every day to woo me: at which time would I, being but a moonish youth, grieve, be effeminate, changeable, longing and liking, proud, fantastical, apish, shallow, inconstant, full of tears, full of smiles, for every passion something and for no passion truly any thing, as boys and women are for the most part cattle of this colour; would now like him, now loathe him; then entertain him, then forswear him; now weep for him, then spit at him.