Jocelyn – 4ème époque, 1

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Texte et orthographe de l’édition de 1841

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Avril 1794


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Quatrième époque


Grotte des Aigles, 15 avril 1794.


J’ai trouvé ce matin, dans le creux du rocher,

Le pain que chaque mois le pâtre y vient cacher ;

De cet homme de bien pieuse providence !

Deux mots l’accompagnaient : « Redoublez de prudence :

« Dans nos cités sans Dieu malheur à qui descend,

« L’échafaud des martyrs a toujours soif de sang. »

Brisez, brisez, Seigneur, ces glaives de colère ;

Abrégez, en faveur des justes de la terre,

Ces jours de désespoir et de convulsions,

Où votre nom s’éclipse aux yeux des nations.

Puisse l’ange de paix bientôt y redescendre !

Mais moi, je n’ai, Seigneur, que grâces à vous rendre,

Et si ce temps n’était une ère de forfaits,

Je dirais : Que ces jours ne finissent jamais !



∞–∞



La Grotte, 6 mai 1794.


Il est des jours de luxe et de saison choisie

Qui sont comme les fleurs précoces de la vie,

Tout bleus, tout nuancés d’éclatantes couleurs,

Tout trempés de rosée et tout fragrans d’odeurs,

Que d’une nuit d’orage on voit parfois éclore,

Qu’on savoure un instant, qu’on respire une aurore,

Et dont, comme des fleurs, encor tout enivrés,

On se demande après : Les ai-je respirés ?

Tant de parfum tient-il dans ces étroits calices ?

Et dans douze momens si courts, tant de délices ?


Aujourd’hui fut pour nous un de ces jours de choix :

Éveillés aux rayons du plus riant des mois,

À l’hymne étourdissant de la vive alouette

Qui n’a que joie et cris dans sa voix de poète,

Au murmure du lac flottant à petit pli,

Nous nous sommes levés le cœur déjà rempli,

Ne pouvant contenir l’impatient délire,

Qui nous appelle à voir la nature sourire,

Et nous sommes allés, pas à pas, tout le jour,

Du printemps sur ces monts épier le retour.


La neige qui fondait au tact du rayon rose,

Avant d’aller blanchir les petites qu’elle arrose,

Comme la stalactite, au bord glacé des toits,

Distillait des rochers et des branches des bois ;

Chaque goutte en pleuvant remontait en poussière

Sur l’herbe, et s’y roulait en globes de lumière.

Tous ces prismes, frappés du feu du firmament,

Remplissaient l’œil d’éclairs et d’éblouissement ;

On eût dit mille essaims d’abeilles murmurantes

Disséminant le jour sur leurs ailes errantes,

Sur leur corset de feu, d’azur et de vermeil,

Et bourdonnant autour d’un rayon de soleil ;

Puis en mille filets ses gouttes rassemblées

Allaient chercher leurs lits dans le creux des vallées,

Y couraient au hasard des pentes sur leurs flancs,

Y dépliaient leur nappe ou leurs longs rubans blancs,

Y gazouillaient en foule en mille voix légères,

Comme des vols d’oiseaux cachés sous les fougères,

Courbaient l’herbe et les fleurs, comme un souffle en glissant,

Y laissaient des flocons d’écumes en passant ;

Puis la brise venait essuyer cette écume,

Comme à l’oiseau qui mue elle enlève une plume !


L’air tiède et parfumé d’odeurs, d’exhalaisons,

Semblait tomber avec les célestes rayons,

Encor tout imprégné d’ame et de sèves neuves,

Comme l’air virginal qui vint fondre les fleuves

Du globe enseveli dans son premier hiver,

Quand la vie et l’amour se respiraient dans l’air ;

Il soufflait des soupirs, il apportait des nues

Des tiédeurs, des odeurs, des langueurs inconnues ;

Il caressait la terre avec de tels accords,

Il étreignait les monts avec de tels transports,

Il secouait la neige et les troncs et les cimes

Avec des mouvemens et des bruits si sublimes,

Que l’on croyait entendre, entre les démens,

Des paroles d’amour et des embrassemens,

Et dans les forts élans qui semblaient les confondre,

L’eau, la terre et le ciel, et l’Éther, se répondre !

Tout ce que l’air touchait s’éveillait pour verdir,

La feuille du matin, sous l’œil semblait grandir ;

Comme s’il n’avait eu pour été qu’une aurore,

Il hâtait tout du souffle, il pressait tout d’éclore,

Et les herbes, les fleurs, les lianes des bois

S’étendaient en tapis, s’arrondissaient en toits,

S’entrelaçaient aux troncs, se suspendaient aux roches,

Sortaient de terre en grappe, en dentelles, en cloches,

Entravaient nos sentiers par des réseaux de fleurs,

Et nos yeux éblouis dans des flots de couleurs !

La sève débordant d’abondance et de force

Coulait en gommes d’or des fentes de l’écorce,

Suspendait aux rameaux des pampres étrangers,

Des filets de feuillage et des tissus légers,

Où les merles siffleurs, les geais, les tourterelles,

En fuyant sous la feuille, embarrassaient leurs ailes ;

Alors tous ces réseaux, par leur vol secoués,

Par leurs extrémités d’arbre en arbre noués,

Tremblaient, et sur les pieds du tronc qui les appuie,

De plumes et de fleurs répandaient une pluie ;

Tous ces dûmes des bois, qui frémissaient aux vents,

Ondoyaient comme un lac aux flots verts et mouvans ;

Des nids d’oiseaux, bercés au roulis des lianes,

Y flottaient remplis d’œufs tachetés, diaphanes,

Des mères qui fuyaient, fragile et doux trésor,

Comme dans le filet la perle humide encor !

Chaque fois que nos yeux, pénétrant dans ces ombres,

De la nuit des rameaux éclairaient les dais sombres,

Nous trouvions sous ces lits de feuille où dort l’été,

Des mystères d’amour et de fécondité.

Chaque fois que nos pieds tombaient clans la verdure,

Les herbes nous montaient jusques à la ceinture,

Des flots d’air embaumé se répandaient sur nous,

Des nuages ailés partaient de nos genoux,

Insectes, papillons, essaims nageans de mouches,

Qui d’un Éther vivant semblaient former les couches ;

Ils montaient en colonne, en tourbillon flottant,

Comblaient l’air, nous cachaient l’un à l’autre un instant,

Comme clans les chemins la vague de poussière

Se lève sous les pas et retombe en arrière ;

Ils roulaient ; et sur l’eau, sur les prés, sur le foin,

Ces poussières de vie allaient tomber plus loin ;

Et chacune semblait d’existence ravie

Épuiser le bonheur dans sa goutte de vie,

Et l’air qu’ils animaient de leurs frémissemens

N’était que mélodie et que bourdonnemens.


Oh ! qui n’eût partagé l’ivresse universelle

Que l’air, le jour, l’insecte, apportaient sur leur aile ?

Oh ! qui n’eût aspiré cette haleine des airs

Qui tiédissait la neige et fondait les hivers ?

La sève de nos sens comme celle des arbres

Eût fécondé des troncs, eût animé des marbres ;

Et la vie, en battant dans nos seins à grands coups,

Semblait vouloir jaillir et déborder de nous !

Nous courions ; des grands rocs nous franchissions les fentes,

Nous nous laissions rouler dans l’herbe sur les pentes ;

Sur deux rameaux noués le bouleau nous berçait ;

Notre biche étonnée à nos pieds bondissait ;

Nous jetions de grands cris pour ébranler les voûtes

Des arbres d’où pleuvait la sève à grosses gouttes ;

Nous nous perdions exprès, et pour nous retrouver,

Nous restions des momens, sans parole, à rêver ;

Puis nous partions d’un trait, comme si la pensée,

Par le même ressort en nous était pressée,

Et vers un autre lieu prompts à nous élancer,

Nous courions pour courir et pour nous devancer ;

Mais toute la montagne était la même fête ;

Les nuages d’été qui passaient sur sa tête

N’étaient qu’un chaud duvet que les rayons brûlans

Enlevaient au glacier, cardaient en flocons blancs.

Les ombres qu’allongeaient les troncs sur la verdure,

Se découpant sûr l’herbe en humide bordure,

Dans quelque étroit vallon, berceau déjà dormant,

Versaient plus de mystère et de recueillement ;

Et chaque heure du jour en sa magnificence,

Apportant sa couleur, son bruit ou son silence,

À la grande harmonie ajoutait un accord,

À nos yeux une scène, à nos sens un transport !

Enfin, comme épuisés d’émotions intimes,

L’un à côté de l’autre, en paix nous nous assîmes

Sur un tertre aplani, qui comme un cap de fleurs,

S’avançait dans le lac plus profond là qu’ailleurs,

Et dont le flot bruni par l’ombre haute et noire,

Ceignait d’un gouffre bleu ce petit promontoire ;

On y touchait de l’œil tout ce bel horizon,

Une mousse jaunâtre y servait de gazon,

Et des verts coudriers l’ombre errante et légère,

Combattant les rayons, y flottait sur la terre.

Nos cœurs étaient muets à force d’être pleins ;

Nous effeuillions sur l’eau des tiges dans nos mains ;

Je ne sais quel attrait des yeux pour l’eau limpide

Nous faisait regarder et suivre chaque ride,

Réfléchir, soupirer, rêver sans dire un mot.

Et perdre et retrouver notre ame à chaque flot.

Nul n’osait le premier rompre un si doux silence,

Quand, levant par hasard un regard sur Laurence,

Je vis son front rougir et ses lèvres trembler,

Et deux gouttes de pleurs entre ses cils rouler,

Comme ces pleurs des nuits qui ne sont pas la pluie,

Qu’un pur rayon colore, et qu’un vent tiède essuie.

— Que se passe-t-il donc, Laurence, aussi dans toi ?

Est-ce qu’un poids secret t’oppresse ainsi que moi ?

— Oh ! je sens, me dit-il, mon cœur prêt à se fendre ;

Mon ame cherche en vain des mots pour se répandre :

Elle voudrait créer une langue de feu

Pour crier de bonheur vers la nature et Dieu.

— Dis-moi, repris-je, ami, par quelles influences,

Mon ame au même instant pensait ce que tu penses.

Je sentais dans mon cœur, au rayon de ce jour,

Des élans de désirs, des étreintes d’amour

Capables d’embrasser Dieu, le temps et l’espace,

Et pour les exprimer ma langue était de glace.

Cependant la nature est un hymne incomplet,

Et Dieu n’y reçoit pas l’hommage qui lui plaît

Quand l’homme, qu’il créa pour y voir son image,

N’élève pas à lui la voix de son ouvrage ;

La nature est la scène, et notre ame est la voix :

Essayons donc, ami, comme l’oiseau des bois,

Comme le vent dans l’arbre ou le flot sur le sable,

De verser à ses pieds le poids qui nous accable,

De gazouiller notre hymne à la nature, à Dieu ;

Créons-nous par l’amour prêtres de ce beau lieu !

Sur ces sommets brûlans son soleil le proclame,

Proclamons-l’y nous-même et chantons-lui notre ame !

La solitude seule entendra nos accens !

Écoute ton cœur battre et dis ce que tu sens !


laurence.


D’où venez-vous, ô vous, brises nouvelles
Pleines de vie et de parfums si doux,
Qui de ces monts palpitans comme nous
Faites jaillir au seul vent de vos ailes
Feuilles et fleurs comme des étincelles ?
Ces ailes d’or où les embaumez-vous ?

Est-il des monts, des vallons et des plaines,
Où vous baignez dans ces parfums flottans ?
Où tous les mois sont de nouveaux printemps ?
Où tous les vents ont ces tièdes haleines ?
Où de nectar les fleurs sont toujours pleines ?
Toujours les cœurs d’extase palpitans ?

Ah ! s’il en est, doux souffles de l’aurore,
Emportez-nous avec l’encens des fleurs,
Emportez-nous où les ames sont sœurs !
Nous prîrons mieux le Dieu que l’astre adore,
Car l’ame aussi veut le ciel pour éclore,
Et la prière est le parfum des cœurs !


moi.


Vois-tu là-haut dans la vallée
Où le jour glisse pas à pas,
Où la neige, en tapis roulée,
Se fane, fume et ne fond pas ;
Vois-tu l’arc-en-ciel, dans sa couche,
Frémir au rayon qui le touche,
Comme un serpent dans son sommeil,
Qui sur ses mille écailles peintes
Reflète à l’œil les triples teintes
De l’eau, de l’air et du soleil ?

C’est le nid où sur la montagne
Ce serpent du ciel vient muer ;
À mesure que le jour gagne,
Vois ses écailles remuer !
Vois comme en changeante spirale
Il noue, il concentré, il étale
Ses tronçons d’orange et de bleu !
Regarde ! le voilà qui lève,
Au brouillard, son cou comme un glaive
Et lui vibre son dard de feu.

Il monte aspiré par l’aurore ;
Oh ! comme chaque anneau dormant
Du glacier qui se décolore
Se détache insensiblement !
Il se déroule ! il plane, il courbe
Du mont au ciel sa vaste courbe,
Et sa tête à ses pieds répond !
Dieu ! quelle arche de monde à monde !
Quel océan avec son onde
Comblerait ce céleste pont ?…

Est-ce un pont pour passer tes anges ?
Ô toi qui permets à nos yeux
De voir ces merveilles étranges,
Est-ce un pont qui mène à tes cieux ?
Ah ! si je pouvais, ô Laurence,
Monter où cette arche commence,
Gravir ces degrés éclatans !
Et pour qu’un ange m’y soutienne
L’œil au ciel, ma main dans la tienne,
Passer sur la mort et le temps !


laurence.


Vois dans son nid la muette femelle
Du rossignol qui couve ses doux œufs,
Comme l’amour lui fait enfler son aile
Pour que le froid ne tombe pas sur eux !

Son cou, que dresse un peu d’inquiétude,
Surmonte seul la conque où dort son fruit,
Et son bel œil, éteint de lassitude,
Clos du sommeil, se rouvre au moindre bruit.

Pour ses petits son souci la consume,
Son blond duvet à ma voix a frémi ;
On voit son cœur palpiter sous sa plume,
Et le nid tremble à son souffle endormi.

À ce doux soin quelle force l’enchaîne ?
Ah ! c’est le chant du mâle dans les bois ;
Qui, suspendu sur la cime du chêne,
Fait ruisseler les ondes de sa voix !

Oh ! l’entends-tu distiller goutte à goutte
Ses lents soupirs après ses vifs transports,
Puis de son arbre étourdissant la voûté
Faire écumer ses cascades d’accords ?

Un cœur aussi dans ses notes palpite !
L’ame s’y mêle à l’ivresse des sens,
Il lance au ciel l’hymne qui bat si vite,
Ou d’une larme il mouille ses accens !

À ce rameau qui l’attache lui-même ?
Et qui le fait s’épuiser de langueur ?
C’est que sa voix vibre dans ce qu’il aime
Et que son chant y tombe dans un cœur !

De ses accens sa femelle ravie
Veille attentive en oubliant le jour ;
La saison fuit, l’œuf éclôt, et sa vie
N’est que printemps, que musique et qu’amour !

Dieu de bonheur ! que cette vie est belle !
Ah ! dans mon sein je me sens aujourd’hui
Assez d’amour pour reposer comme elle,
Et de transports pour chanter comme lui !


moi.


Vois-tu glisser entre deux feuilles

Ce rayon sur la mousse où l’ombre traîne encor,
Qui vient obliquement sur l’herbe que tu cueilles
S’appuyer par le bout comme un grand levier d’or ?
L’étamine des fleurs qu’agite la lumière
Y monte en tournoyant en sphère de poussière,
L’air y devient visible, et dans ce clair milieu,
On voit tourbillonner des milliers d’étincelles,
D’insectes colorés, d’atomes bleus, et d’ailes
Qui nagent en jetant une lueur de Dieu !


Comme ils gravitent en cadence !

Nouant et dénouant leurs vols harmonieux !
Des mondes de Platon on croirait voir la danse
S’accomplissant aux sons des musiques des cieux.
L’œil ébloui se perd dans leur foule innombrable ;
Il en faudrait un monde à faire un grain de sable,
Le regard infini pourrait seul les compter.
Chaque parcelle encor s’y poudroie en parcelle,
Ah ! c’est ici le pied de l’éclatante échelle
Que de l’atome à Dieu l’infini voit monter.


Pourtant chaque atome est un être !

Chaque globule d’air est un monde habité !
Chaque monde y régit d’autres mondes peut-être
Pour qui l’éclair qui passe est une éternité !
Dans leur lueur de temps, dans leur goutte d’espace,
Ils ont leurs jours, leurs nuits, leurs destins et leur place,
La pensée et la vie y circulent à flot ;
Et pendant que notre œil se perd dans ces extases,
Des milliers d’univers ont accompli leurs phases

Entre la pensée et le mot !


Ô Dieu ! que la source est immense

D’où coule tant de vie, où rentrent tant de morts !
Que perçant l’œil qui porte à de telle distance !
Qu’infini le regard qui veille à tant de sorts !
Que d’amour dans ton sein pour embrasser ces mondes,
Pour couver de si loin ces poussières fécondes,
Descendre aussi puissant des soleils au ciron !
Et comment supporter l’éclat dont tu te voiles ?
Comment te contempler au jour de tes étoiles,

Dieu si grand dans un seul rayon ?


laurence.


Oh ! comme ce rayon, que son regard nous touche,
Lui qui descend d’en haut jusqu’à ces profondeurs.


moi.


Ah ! puisse son oreille entendre sur ma bouche

L’humble bégaiement de nos cœurs,
Lui qui du sein de ses splendeurs

Entend le battement des ailes de la mouche

Noyée au calice des fleurs !


laurence.


Qu’il nous garde en ce lieu pour savourer ensemble
Les trésors que sa main dans le désert assemble.


moi.


Comme deux rossignols au même nid éclos
Enseignons-nous l’un l’autre à moduler ces hymnes ;
De la voix de la terre expirant sur ces cimes

Soyons-lui les derniers échos !


laurence.


Qu’un seul souffle pour lui sorte de deux poitrines !
Qu’il nous fasse un seul sort ! qu’il nous cueille en commun !


moi.


Et parfumons ses mains divines,

Comme sur un seul jet deux lis qui n’en font qu’un,
Qui n’ont dans le rocher que les mêmes racines,
Et qu’on cueille à la fois sur les mêmes collines,

Tout remplis du même parfum !



∞–∞



Des pleurs mouillaient nos voix ; je regardais Laurence,

Et longtemps nos esprits prièrent en silence !…


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