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Épigrammes de Martial – Livre I (extraits)
 
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Version du 11 avril 2011 à 22:06

Liber I —— Livre I

Ce volume, publié fin 84 ou début 85, contient 118 épigrammes.

Epigramma VI —— Épigramme 6 (vers 1-2)

De leone Caesaris

Aetherias aquila puerum portante per auras
   inlaesum timidis unguibus haesit onus.
[…]

Sur le lion de César[1]

Un aigle[2] emporta jadis, à travers les airs, un enfant,[3] précieux fardeau qu’il pressait, sans le blesser, de ses serres timides.
[…]

Epigramma XXXI —— Épigramme 31

De Encolpo, puero Pudentis

Hos tibi, Phoebe, uouet totos a uertice crines
   Encolpos, domini centurionis amor,
grata Pudens meriti tulerit cum praemia pili.
   Quam primum longas, Phoebe, recide comas,
dum nulla teneri sordent lanugine uoltus
   dumque decent fusae lactea colla iubae ;
utque tuis longum dominusque puerque fruantur
   muneribus, tonsum fac cito, sero uirum.

Sur Encolpe, garçon de Pudens

Encolpe, l’amour du centurion son maître, te voue, ô Phébus, sa chevelure entière. Lorsque Pudens aura obtenu le grade de primipilaire que mérite ses services, fais aussitôt, Phébus, tomber sous les ciseaux ces longs cheveux. Tandis que le moindre duvet ne dépare point encore le visage délicat d’Encolpe, que ses cheveux flottants jouent avec grâce autour de son cou blanc comme le lait, et pour que le maître et l’esclave jouissent longtemps de tes bienfaits, accorde à celui-ci d’être bientôt tondu, et de ne devenir un homme que le plus tard possible.

Epigramma XLVI —— Épigramme 46

Ad Hedylum

Cum dicis « Propero, fac si facis », Hedyle, languet
   protinus et cessat debilitata Venus.
Expectare iube : uelocius ibo retentus.
   Hedyle, si properas, dic mihi ne properem.
.

Contre Hédylus

Lorsque tu me dis, Hédylus : « Je me hâte, fais ce que tu dois faire », ma flamme affaiblie languit aussitôt et s’éteint. Ordonne-moi de ne pas me presser ; retenu, je n’irai que plus vite. Hédylus, si tu te hâtes, dis-moi de ne pas me hâter.

Epigramma LVIII —— Épigramme 58

De pueri pretio

Milia pro puero centum me mango poposcit :
   risi ego, sed Phoebus protinus illa dedit.
Hoc dolet et queritur de me mea mentula secum
   laudaturque meam Phoebus in inuidiam.
Sed sestertiolum donauit mentula Phoebo
   bis decies : hoc da tu mihi, pluris emam.

Sur le prix d’un garçon

Un marchand d’esclaves me demandant cent mille sesterces pour le prix d’un jeune garçon, je me mis à rire ; mais Phébus les lui donna aussitôt. J’en suis fâché ; et ma verge me fait secrètement des reproches, tandis que Phébus est loué à mes dépens. Mais sa verge valut à Phébus deux millions de sesterces. Qu’on m’en donne autant, et je mettrai l’enchère.

Epigramma LXXXVIII —— Épigramme 88

Epitaphium Alcimi pueri

Alcime, quem raptum domino crescentibus annis
   Labicana leui caespite uelat humus,
accipe non Pario nutantia pondera saxo,
   quae cineri uanus dat ruitura labor,
sed faciles buxos et opacas palmitis umbras
   quaeque uirent lacrimis roscida prata meis
accipe, care puer, nostri monimenta doloris :
   hic tibi perpetuo tempore uiuet honor.
Cum mihi supremos Lachesis perneuerit annos,
   non aliter cineres mando iacere meos.

Épitaphe du jeune Alcimus

Alcimus, toi que la mort vient d’enlever à ton maître dans le printemps de tes années, toi que la terre de Labicum couvre d’un léger gazon, reçois sur ta tombe, non pas une pierre de Paros branlante, dont la matière périssable écraserait ta cendre de son poids inutile, mais de faibles buis, des pampres épais, et des fleurs dérobées aux prés que font verdir mes larmes. Accepte, cher enfant, ces monuments de ma douleur. Ta mémoire s’éternisera dans ces vers. Lorsque Lachésis aura achevé de filer mes dernières années, je ne demande pas d’autres honneurs pour mes cendres.

Epigramma XCII —— Épigramme 92

Ad Mamurianum

Saepe mihi queritur non siccis Cestos ocellis,
   tangi se digito, Mamuriane, tuo.
Non opus est digito : totum tibi Ceston habeto,
   si dest nil aliud, Mamuriane, tibi.
Sed si nec focus est nudi nec sponda grabati
   nec curtus Chiones Antiopesue calix,
cerea si pendet lumbis et scripta lacerna
   dimidiasque nates Gallica paeda tegit,
pasceris et nigrae solo nidore culinae
   et bibis inmundam cum cane pronus aquam :
non culum, neque enim est culus, qui non cacat olim,
   sed fodiam digito qui superest oculum ;
nec me zelotypum nec dixeris esse malignum.
   Denique pedica, Mamuriane, satur.

Contre Mamurianus

Souvent Cestos se plaint à moi, les larmes aux yeux, Mamurianus, des attouchements de ton doigt. Pas besoin du doigt : prends Cestos tout entier, s’il ne te manque rien d’autre, Mamurianus. Mais si ton foyer est sans feu et ton grabat sans support ; si tu n’as pas même le vase ébréché de Chione ou d’Antiope ; si une casaque grasse et usée pend sur tes reins ; si une mauvaise jaquette gauloise couvre à peine la moitié de tes fesses ; si tu n’as, pour tout aliment, que la noire vapeur de la cuisine ; et si, à quatre pattes, tu bois de l’eau sale avec les chiens, ce n’est pas ton cul (si l’on peut appeler cul ce qui ne chie plus), c’est dans l’œil qui te reste que j’enfoncerai le doigt. Ne m’accuse point de jalousie ni de méchanceté ; mais ne pédique, Mamurianus, qu’une fois rassasié.


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Notes et références

  1. Écrit à l’occasion d’un spectacle de cirque offert par l’empereur Domitien.
  2. L’aigle qui sert Jupiter (Zeus), ou, selon les versions, le dieu lui-même changé en aigle.
  3. Ganymède.