« Li Taï Po (chanson chinoise du Honan) » : différence entre les versions
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« Li Taï Po (Chanson chinoise du Honan) » / Pierre Saintesse, in ''[[Arcadie (revue)|Arcadie : revue littéraire et scientifique]]'', 1{{Exp|ère}} année, n° 5, mai 1954, p. 41-42. – Paris : Arcadie, 1954 (Illiers : Impr. Launay). – 52 p. ; 23 × 14 cm. | *« Li Taï Po (Chanson chinoise du Honan) » / Pierre Saintesse, in ''[[Arcadie (revue)|Arcadie : revue littéraire et scientifique]]'', 1{{Exp|ère}} année, n° 5, mai 1954, p. 41-42. – Paris : Arcadie, 1954 (Illiers : Impr. Launay). – 52 p. ; 23 × 14 cm. | ||
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Version du 17 avril 2009 à 16:00
Le poème Li Taï Po, présenté comme une chanson chinoise de la province du Honan (ou Henan), a paru en 1954 dans la revue homophile Arcadie.
Origine
Le texte est signé « Pierre Saintesse », sans mention de responsabilité. On ne peut donc savoir s’il s’agit d’une traduction, d’une adaptation ou d’un poème original.
Li Taï Po signifie « Li (nom de famille) Grand Éclat ». Ce nom est connu également comme celui d’un des plus grands poètes chinois (transcrit Lǐ Táibó, Lǐ Bó ou Lǐ Bái), qui vécut entre 701 et 762.
Texte intégral
Li Taï Po
Dessous le toit cornu aux tuiles vernissées,
Où les dragons d’or posent sur le ciel bleu
Leurs corps écailleux et leurs longues échines,
À deux pas du lac où les saules,
En silence, dans l’eau, se mirent, s’interrogent,
Tu m’es apparu, Li, et j’ai sur l’instant reconnu
Ton pas souple, ton visage d’enfant rond comme une lune,
Li Taï Po !
Tu as descendu les degrés,
Lentement, bel enfant que nul orgueil ne diminue ;
Ton doux regard, brillant, fusait au mince auvent de tes paupières ;
Tes narines étaient larges, bien étalées,
Frémissantes comme on voit aux jeunes étalons ;
Tes reins étaient bien moulés dans la ceinture
Qui retenait ta culotte de soie,
Li Taï Po !
Je me suis approché de toi ; le salut que tu m’as donné
A fait se relever un peu ta lèvre lourde ;
Tu as regardé sans hauteur l’étranger
Qui s’inclinait très bas sur ton passage…
Sur le gazon, posant ton chapeau plat sur ta poitrine,
Sans mot dire, au soleil tu t’es étendu,
Ouvrant toute grande ta blouse de toile blanche,
Li Taï Po !
Ta jambe était fine et nerveuse ;
Sur ta cuisse la soie sombre était retroussée… ;
Le souffle un peu court, j’admirais
Comme le soleil dorait le marbre pur de ta chair nue…
Rampant à même le gazon,
Je me suis approché de toi,
Pour que nos ombres se mélangent,
Li Taï Po !
Je n’ai, je crois, dit que ton nom,
Murmuré près de ton oreille. Tu fredonnais une chanson
D’enfant, venue du Honan, très vieille :
« Vieil oncle Soleil me tient bien au chaud,
« Dans son ventre d’or je suis à mon aise.
« Je rencontre en rêve mon Cousin le Coq,
« Ma Sœur la Souris, ma Tante la Chèvre… »
Li Taï Po !
Ton front était pâle ; ton souffle faisait
Remuer un peu ton torse dans l’ombre ;
Ta nuque était rase sur l’herbe posée
Et ton cou semblait un lisse bambou,
Jailli des épaules et gorgé de lait.
Sur mes deux genoux me suis approché
Pour que mon haleine te caresse,
Li Taï Po !
Je t’ai dit : « Li Taï, ô mon bien-aimé,
Voici bien des jours, bien des nuits qui passent
Sans que mon amour s’apaise pour toi… »
Tu as rejeté ton chapeau de riz ;
Ta lèvre a souri ; se posant sur moi,
Tes yeux ont bien dit ce que retenait,
Derrière tes dents, ta bouche entrouverte,
Li Taï Po !
Ta chair était blanche tel un rais de lune ;
Tu as fait glisser la soie de tes reins
Et ton ventre rond lors m’est apparu ;
Sur lui reposait ton sexe d’ivoire ;
Sur toi j’ai posé ma lèvre et j’ai su
Que, sous le satin de ta peau dorée,
Ton âme était chaude et fort ton désir,
Li Taï Po !
Sommes restés là des heures et des heures.
Des roseaux du lac les bruits s’étaient tus ;
La rosée perlait à nos flancs rompus ;
Nous avons fredonné tous deux cette chanson :
« La mer dans le Kuang Tong avance et recule ;
« C’est tantôt le flux, tantôt le reflux
« Ton corps dans mon corps s’enfonce et se fond…
« Ton cœur dans mon cœur est un feu qui brûle »,
Li Taï Po. Li Taï Po !
Voir aussi
Bibliographie
- « Li Taï Po (Chanson chinoise du Honan) » / Pierre Saintesse, in Arcadie : revue littéraire et scientifique, 1ère année, n° 5, mai 1954, p. 41-42. – Paris : Arcadie, 1954 (Illiers : Impr. Launay). – 52 p. ; 23 × 14 cm.