Jack B. Weinstein

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Jack Bertrand Weinstein (né en 1921 à Wichita, Kansas, États-Unis) est un juge fédéral exerçant dans le District Est de New York (quartier de Brooklyn), depuis 1967.

Un juge indépendant

Le juge Weinstein s’est fait connaître, au cours de sa longue carrière, par son esprit non-conformiste, et en particulier par ses efforts constants pour combattre ce qu’il appelle « les cruautés superflues de la loi ».

Selon la législation actuelle de l’État de New York, tout détenteur de pornographie juvénile encourt une peine minimale de cinq ans de détention. Aux États-Unis, en effet, le juge doit nécessairement prononcer contre les personnes qui ont été déclarées coupables une peine comprise entre un minimum et un maximum fixés par la loi. Jack B. Weinstein considère qu’en l’occurrence cette sévérité est excessive, ceux qui téléchargent ce type de documents n’étant pas dangereux pour les enfants :

« Nous détruisons des vies inutilement. Tout au plus ces personnes devraient-elles subir un traitement et être surveillées »[1] (sans bracelet électronique, selon lui).

Un autre jugement récent montre l’indépendance d’esprit de ce magistrat : il a refusé de rejeter une action intentée par une enseignante, suspendue pour avoir autorisé ses élèves à employer des « mots grossiers » lors d’un cours sur le sida. Selon lui, elle n’avait fait que suivre l’esprit d’une instruction officielle, qui stipule que les élèves doivent être encouragés à utiliser les termes sexuels qu’ils comprennent.

Dans une interview donnée au mois de mai 2010, Jack Weinstein déclare que « bien sûr, [il] n’approuve pas la pornographie enfantine ». Mais il estime aussi qu’à l’inverse des personnes qui produisent et vendent ces images, ceux qui les regardent ne représentent nullement une menace pour les enfants.

Informer les jurés des conséquences de leur décision

Dans une affaire récente de pornographie enfantine, le juge Weinstein a incité le jury à déclarer innocente la personne jugée, afin de ne pas être obligé de la condamner aux cinq années de détention minimale (la “recommandation” officielle est en réalité de 11 à 14 ans de détention). Puis il a déclaré que cet homme, en attente d’un nouveau procès, ne présentait pas de risque pour la société, et qu’il n’y avait donc pas lieu de lui imposer un bracelet électronique.

Suite à ce procès, le juge Weinstein s’est engagé à prévenir désormais les jurés qu’en déclarant un accusé coupable, dans de telles affaires, ils le condamnent en fait à une peine disproportionnée par rapport au délit commis (cette procédure d’avertissement n’étant jusqu’à présent ni obligatoire ni habituelle, en général le jury n’est pas conscient des conséquences réelles de sa décision – ce qui, selon Jack Weinstein, est contraire aux droits constitutionnels de l’accusé).

Regrets d’appliquer une peine excessive

Dans un autre procès, où il fut contraint d’infliger cette peine minimale à un homme qui plaidait coupable de réception de pornographie enfantine, il tint néanmoins à exprimer nettement ses réserves et ses regrets :

« Étant donné les circonstances, déclara-t-il, c’est une condamnation inutilement dure et cruelle. La cour n’a aucune possibilité inférieure au minimum légal. Cet accusé a besoin d’un traitement et d’une vie stable en dehors de la prison. La prison ne lui fera que du mal, mais elle ne protègera en rien la société, étant donné qu’il ne présente aucun risque de crime ni de passage à l’acte envers des enfants. Je suis désolé, il n’y a rien que je puisse faire dans ce cas ».[2]

Le juge Weinstein est aujourd’hui rejoint par un nombre de plus en plus important de juges fédéraux, lesquels critiquent les changements récents dans les lois pénales, qui en une dizaine d’années ont quadruplé le temps d’incarcération réel des détenteurs de pornographie juvénile.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. “We’re destroying lives unnecessarily. At the most, they should be receiving treatment and supervision.”
  2. “This is an unnecessarily harsh and cruel sentence under the circumstances. The court has no alternative under the statute. This defendant requires treatment and a stable life outside of prison. Prison will only harm him and will do nothing to protect society, since he does not constitute a risk of crime or any acting out towards children. I’m sorry, there is nothing I can do in this case.”