Épigrammes de Martial – Livre I (extraits)
Liber I —— Livre I
Ce volume, publié fin 84 ou début 85, contient 118 épigrammes.
Epigramma VI —— Épigramme 6 (vers 1-2)
Aetherias aquila puerum portante per auras |
Un aigle[2] emporta jadis, à travers les airs, un enfant,[3] précieux fardeau qu’il pressait, sans le blesser, de ses serres timides. |
Epigramma XXXI —— Épigramme 31
Hos tibi, Phoebe, uouet totos a uertice crines |
Encolpe, l’amour du centurion son maître, te voue, ô Phébus, sa chevelure entière. Lorsque Pudens aura obtenu le grade de primipilaire que mérite ses services, fais aussitôt, Phébus, tomber sous les ciseaux ces longs cheveux. Tandis que le moindre duvet ne dépare point encore le visage délicat d’Encolpe, que ses cheveux flottants jouent avec grâce autour de son cou blanc comme le lait, et pour que le maître et l’esclave jouissent longtemps de tes bienfaits, accorde à celui-ci d’être bientôt tondu, et de ne devenir un homme que le plus tard possible. |
Epigramma XLVI —— Épigramme 46
Cum dicis « Propero, fac si facis », Hedyle, languet |
Lorsque tu me dis, Hédylus : « Je me hâte, fais ce que tu dois faire », ma flamme affaiblie languit aussitôt et s’éteint. Ordonne-moi de ne pas me presser ; retenu, je n’irai que plus vite. Hédylus, si tu te hâtes, dis-moi de ne pas me hâter. |
Epigramma LVIII —— Épigramme 58
Milia pro puero centum me mango poposcit : |
Un marchand d’esclaves me demandant cent mille sesterces pour le prix d’un jeune garçon, je me mis à rire ; mais Phébus les lui donna aussitôt. J’en suis fâché ; et ma verge me fait secrètement des reproches, tandis que Phébus est loué à mes dépens. Mais sa verge valut à Phébus deux millions de sesterces. Qu’on m’en donne autant, et je mettrai l’enchère. |
Epigramma LXXXVIII —— Épigramme 88
Alcime, quem raptum domino crescentibus annis |
Alcimus, toi que la mort vient d’enlever à ton maître dans le printemps de tes années, toi que la terre de Labicum couvre d’un léger gazon, reçois sur ta tombe, non pas une pierre de Paros branlante, dont la matière périssable écraserait ta cendre de son poids inutile, mais de faibles buis, des pampres épais, et des fleurs dérobées aux prés que font verdir mes larmes. Accepte, cher enfant, ces monuments de ma douleur. Ta mémoire s’éternisera dans ces vers. Lorsque Lachésis aura achevé de filer mes dernières années, je ne demande pas d’autres honneurs pour mes cendres. |
Epigramma XCII —— Épigramme 92
Saepe mihi queritur non siccis Cestos ocellis, |
Souvent Cestos se plaint à moi, les larmes aux yeux, Mamurianus, des attouchements de ton doigt. Pas besoin du doigt : prends Cestos tout entier, s’il ne te manque rien d’autre, Mamurianus. Mais si ton foyer est sans feu et ton grabat sans support ; si tu n’as pas même le vase ébréché de Chione ou d’Antiope ; si une casaque grasse et usée pend sur tes reins ; si une mauvaise jaquette gauloise couvre à peine la moitié de tes fesses ; si tu n’as, pour tout aliment, que la noire vapeur de la cuisine ; et si, à quatre pattes, tu bois de l’eau sale avec les chiens, ce n’est pas ton cul (si l’on peut appeler cul ce qui ne chie plus), c’est dans l’œil qui te reste que j’enfoncerai le doigt. Ne m’accuse point de jalousie ni de méchanceté ; mais ne pédique, Mamurianus, qu’une fois rassasié. |
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