Ganymède

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Dans la Mythologie gréco-romaine, Ganymède (en grec ancien Γανυμήδης / Ganymếdês) est un jeune garçon troyen, enlevé par Zeus pour devenir son amant et l’échanson des dieux.

Il est fils de Tros[1][2] (mythique roi fondateur de Troie) et de Callirrhoé (Nymphe, fille du fleuve Scamandre arrosant la Troade).

Récit

Ganymède était d’une beauté sans égale[2] : le roi des dieux brûla d’amour[3] pour lui et voulu l’avoir auprès de lui. Tandis que le jeune prince gardait les troupeaux (selon Ovide[3] ou Lucien de Samosate[4]) ou était à la chasse (selon Virgile[5]), Zeus prit l’apparence d’un aigle, l’enleva et l’emmena jusqu’à l’Olympe. Là, il en fit à la fois son amant et son échanson, chargé de lui servir le nectar et l’ambroisie et lui offrit de devenir immortel. Ganymède figure dorénavant dans le ciel nocturne sous la forme de la constellation du Verseau. En compensation de l’enlèvement de son fils, Zeus fit cadeau à Tros de 2 juments immortelles.

Âge de Ganymède

Selon les sources antiques, Ganymède au moment de son enlèvement est à un âge compris entre l’enfance et l’adolescence. A minima, il est assez grand pour être chargé de la garde des troupeaux, ce qui suppose qu’il ait au moins 7 ou 8 ans. A l’opposé, il est presque toujours qualifié de « jeune », n’est pas marié et est parfois accompagné de personnes chargées de veiller sur lui : il n’est donc pas adulte. Lucien de Samosate dans son Dialogue des Dieux est un des plus précis, que ce soit dans les qualifications directes (« Que ce garçon est simple et naïf ! Que c'est bien un véritable enfant ! », « Sur le mont Ida nous étions beaucoup d'enfants du même âge ») ou sur les informations contextuelles : Ganymède joue aux osselets, dormait avec son père ou sa mère.

Postérieurement à l’Antiquité, les représentations de l’âge de Ganymède ont beaucoup varié en fonction des artistes, des circonstances et des contraintes de leur époque : Rembrandt l’a représenté comme un nourrisson L’Enlèvement de Ganymède et Pierre Julien comme un jeune adulte (Ganymède versant le nectar à Jupiter changé en aigle).

Archétype de la relation pédérastique

Le couple Zeus (Jupiter)/Ganymède est emblématique de la relation pédérastique dont elle constitue dès l’origine un symbole et un archétype.

Il n’y a en effet aucune ambigüité sur la nature sexuelle de la relation unissant le jeune garçon et le dieu : Héra (Junon), l’épouse légitime de ce dernier est toujours présentée comme étant jalouse[6][7] de l’enfant et des privautés dont il bénéficie.

Petit à petit, au cours de l’Histoire, la dimension de la différence d’âge s’efface au profit de la dimension homosexuelle de la relation. Au Moyen Âge, le mot Ganymède est employé comme synonyme d’homosexuel passif avant d’incarner l’homosexualité masculine en général[8] .

Le déclin d’une culture antique largement partagée, la concurrence d’autres archétypes homosexuels et la volonté de la communauté gay de se désolidariser de la pédérastie a conduit à rendre au couple sa dimension spécifiquement pédérastique. Une structure informelle de rencontre et de soutien entre boylovers à Montréal a pris le nom de « Collectif Ganymède ».

Représentations artistiques

  • Ganymède, cratère à figures rouges du Peintre de Berlin, Ve siècle av. J.C., musée du Louvre
  • Zeus enlevant Ganymède, terre cuite peinte, v. 480 av. J.-C., Musée archéologique d'Olympie.
  • Statuette de Zeus et Ganymède au musée paléo-chrétien de Carthage
  • triptyque de Ganymède par Pierre et Gilles (2007)

Notes et références

  1. « Ils [les chevaux] sont de la race de ceux que le prévoyant Zeus donna à Trôs en échange de son fils Ganymèdès » Iliade – Chant V (trad. Leconte de Lisle)
  2. 2,0 et 2,1 « Et Tros engendra trois fils irréprochables, Ilos, Assarakos et le divin Ganymèdès, qui fut le plus beau des mortels, et que les Dieux enlevèrent à cause de sa beauté, afin qu’il fût l’échanson de Zeus et qu’il habitât parmi les Immortels. » Iliade – Chant XX (trad. Leconte de Lisle)
  3. 3,0 et 3,1 « Jadis le roi des dieux brûla d’amour pour Ganymède, le jeune Phrygien, et un être se rencontra dont Jupiter put envier la forme. Il se change en oiseau, mais c’est l’oiseau qui porte son tonnerre. Soudain frappant l’air d’une aile empruntée, il ravit le pâtre du Scamandre. Maintenant encore Ganymède remplit sa coupe, et Jupiter, en dépit de Junon, reçoit le nectar de sa main. » Ovide, Les Métamorphoses – Livre X (Trad. Puget, Guiard, Chevriau et Fouquer 1876)
  4. « GANYMÈDE : Oui tu es homme. Mais tout à l'heure n'étais-tu pas aigle, lorsque, t'abattant sur moi, tu m'as enlevé du milieu de mon troupeau ? Comment tes ailes se sont-elles fondues? Comment as-tu pris tout à coup une autre forme ? (...) JUPITER : Tu songes encore à ton troupeau quand tu es devenu immortel, destiné à vivre ici avec nous ? GANYMÈDE : Que dis-tu ? Tu ne me feras pas redescendre aujourd'hui sur l'Ida ? JUPITER : Pas le moins du monde ce n'est pas pour rien que ma divinité s'est changée en aigle. GANYMÈDE : Mais mon père me cherchera et se fâchera quand il m'aura découvert, et je serai battu pour avoir abandonné mon troupeau. » Lucien de Samosate, Dialogues des Dieux – Dialogue 4 (Trad. Eugène Talbot, 1912)
  5. « L’aiguille industrieuse y représenta ce noble enfant des rois, Ganymède, au milieu des forêts de l’Ida : bouillant chasseur, il court, fatiguant de ses traits les daims aux pieds agiles ; et dans l’ardeur qui l’emporte, il semble hors d’haleine. Tout à coup fondant sur lui des hauteurs d’alentour, l’oiseau qui porte la foudre le saisit dans ses serres recourbées, l’enlève et se perd dans les nues. Ses vieux gouverneurs tendent vainement au ciel des mains suppliantes, et ses chiens furieux font retentir les airs de leurs longs aboiements. » Virgile, L’Énéide – Livre V (Trad. J. N. M. de Guerle)
  6. A propos de Junon : « Le temps n’a point encore effacé de son âme les causes de son dépit jaloux et ses cruels ressentiments : le jugement de Pâris et l’injurieux arrêt qui flétrit sa beauté, l’enlèvement de Ganymède, et les honneurs prodigués à ce sang qu’elle déteste, nourrissent au fond de son cœur une éternelle blessure. » Virgile, L’Énéide – Livre I (Trad. J. N. M. de Guerle)
  7. «JUNON : Tout cela n'est ni beau, ni convenable. Toi, le maître souverain des dieux, tu me laisses, moi qui suis ta femme légitime, pour aller courir en bas les aventures galantes, transformé en or, en satyre ou en taureau. Toutefois ces maîtresses demeurent sur la terre; mais ce jeune pâtre de l'Ida, que tu as enlevé sur tes ailes, ô toi le plus vaillant des dieux, le voilà fixé chez nous, et toujours sur notre tête, sous prétexte d'échansonnerie. (...) JUPITER : Cessez, très-noble dame, d'insulter à mes amours : cet efféminé, ce barbare, cet enfant plein de mollesse, m'est plus agréable, plus désirable que… je ne veux pas dire qui, de peur de vous irriter davantage. JUNON : Il ne vous manque plus que de l'épouser pour me plaire. Souvenez-vous de votre conduite indigne envers moi à propos de cet échanson. » Lucien de Samosate, Dialogues des Dieux – Dialogue 5 (Trad. Eugène Talbot, 1912)
  8. « Dans la littérature impériale tardive, "Ganymède" est devenu un terme générique désignant celui qu'on nommait l'aimé dans une relation homosexuelle, mais il devient durant le haut Moyen Age une figure plus souple, représentant coutumier des gais en général. Dans plusieurs débats datant de cette période il fait fonction de porte-parole du camp des gais et son nom est souvent employé comme s'il avait été l'archétype de la beauté masculine. » John Boswell, Christianisme, tolérance sociale et homosexualité, Gallimard, Collection : Bibliothèque des histoires, 1985, ISBN : 2070700402, p.317-318