L’oracle (citations)

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L’oracle

L’oracle est un roman de Roger Peyrefitte, publié en 1948, dont sont extraites les citations ci-dessous.

Citations

Annie Teacher : [1]
Sachez donc que je ne viendrais jamais à un rendez-vous d’amour, si ce n’était le premier.
[...]
Il n’y a d’amour que si c’est chaque fois la première fois.

Jean Guibert :
Je vous aime et vous aimez l’amour, si ce n’est simplement le plaisir.

Annie Teacher :
L’amour se fait ou ne se fait pas, mais il ne se discute pas. Que resterait-il, si on le discutait ? On n’oserait aimer personne. On commence par vous faire aimer vos parents, comme s’il n’y avait qu’eux au monde ; ensuite on vous fait aimer Dieu, comme s’il n’y avait que lui ; enfin, on voudrait ne vous faire aimer qu’un homme, auquel on prétend vous lier pour la vie.

Gaston Goor, Le prince d’Elbassan avec Toinet, 1968
Pastel, 16,3 × 9,7 cm
Coll. privée
Prince d’Elbassan : [2]
Ce garçon n’est pas mon fils, ou plutôt il est mon fils de cette année, le fils de ce voyage.

Prince d’Elbassan :
Rien ne m’est plus délassant que la compagnie des enfants. Ils me rendent le goût de vivre. Je ne crois à la vie qu’en les regardant, comme ce Romain ne croyait au printemps que lorsque les roses étaient venues. J’ai renoncé à emmener des amis et des amies, avec qui et entre qui les choses ne tardent jamais à se gâter. Enfin, on ne peut changer chaque année d’amis et d’amies, au lieu que l’on peut changer d’enfants, quand ce sont les enfants des autres. En tout cas, il ne peut plus y avoir d’autre société que la leur, pour le trop grand voyageur que j’ai été.

Prince d’Elbassan :
En France, plus encore que partout ailleurs, les enfants sont regardés comme des objets sacrés, qui ne doivent pas quitter le tabernacle. L’homme qui s’intéresse à eux est toujours suspect.

Annie Teacher :
Je bénis mon déséquilibre. N’essayez pas de me le faire perdre. J’y tiens autant que vous tenez à votre équilibre.

Prince d’Elbassan :
Les enfants nous montrent l’Amour et ne peuvent nous le faire atteindre. Ils n’en sont que l’image, mais c’est ce qui m’attache à eux, pour ce que chacun d’eux en reflète, quelques instants. Cette image de l’Amour, c’est celle de notre propre enfance, morte à jamais en nous, à jamais immortelle en eux.

Prince d’Elbassan :
Ma satisfaction à moi, c’est de peser l’âme des enfants.

Prince d’Elbassan :
Les enfants de tous les pays et de toutes les origines sont immédiatement amis (pour peu qu’ils n’aient pas été prévenus par les adultes). Nous nous sommes entendus, parce que nous participons au même culte de l’antiquité, à la même civilisation de l’esprit ; nous nous sommes rencontrés, venant du fond des âges. Mais eux ! ils ne savent rien de tout cela, ils parlent des langues différentes et ils sont déjà amis ! Heureuse enfance qui ne connaît que l’amitié ! C’est sa propre grâce qui l’enchante. Et l’on comprend, à l’opposé, que les hommes n’éprouvent que de la haine.

Prince d’Elbassan :
Dans presque tout système d’éducation, on part de ce principe que tous les enfants sont suspects, comme partout est suspect un homme qui s’intéresse à eux. En les surveillant à l’excès, on leur rend désirable ce dont il est question de les détourner.

Prince d’Elbassan :
Les enfants sont comme les sages [...] : ils ne peuvent rien faire de mal, puisqu’ils sont au-dessus du mal. Fourbes, ils restent francs ; gourmands, ils restent sobres ; impurs, ils restent purs.

Prince d’Elbassan :
« Impudique », « obscène », que ces mots paraissent misérables ! Je ne sais si j’ai une âme d’enfant ou une âme de païen, mais je ne puis absolument rien voir ni concevoir d’obscène ni d’impudique.

Prince d’Elbassan :
Ne voyez-vous donc pas que le secret d’une éducation bien dirigée, c’est de prévenir, non la pratique, mais la connaissance du mal ? Loin de la prévenir, vous l’induisez, par des conseils et des sanctions. Il faut faire confiance à des êtres sains et bien portants. Il ne faut les surveiller que par manière d’acquit, ou, comme moi, par plaisir, mais certainement pas par conviction. Aucune surveillance ne les empêchera d’être ce qu’ils sont.
J’ai cru, deux ou trois fois, dans mon enfance, perdre ma qualité d’enfant, et je me souviens de la joie que je ressentis, en me rendant compte que j’avais passé dans le feu sans me brûler, dans la boue sans me crotter et par les piques sans me piquer.

Prince d’Elbassan :
Une hérésie en faveur de l’enfance, qui oserait la condamner ?

Prince d’Elbassan :
L’homme n’oublie pas toujours l’enfant qu’il a été et il tire de ce souvenir des effets inattendus.

Gaston Goor, La lutte de Toinet et Myrtia, 1968
Pastel, 17,1 × 9,9 cm
Coll. privée
Prince d’Elbassan :
Ce qui est imparfait […] peut en être plus parfait : l’esquisse est souvent plus belle que l’œuvre achevée. Ce mot de perfection, pris à la rigueur, n’évoque-t-il pas quelque chose de désincarné ? Un corps parfait ou idéal, c’est vraiment une sorte d’idée. On oublie la chair pour ne considérer que les lignes. Bien plus, quand on s’élève vers la perfection, on s’éloigne de la chair.[3]

Prince d’Elbassan :
La première loi des gymnastes était, par définition, d’être entièrement nus, et les nôtres ne le sont qu’à moitié. Au nom de quoi souffrons-nous un tel attentat à la pudeur ?

Prince d’Elbassan :
Il faut aller à son bonheur tranquillement et le saisir hardiment.

Voir aussi

Bibliographie

Édition utilisée

Articles connexes

Notes et références

  1. C’est souvent la jeune Anglaise Annie Teacher qui exprime le point de vue libertin de l’auteur, plutôt que le personnage central Jean Guibert.
  2. Le prince albanais d’Elbassan, accompagné du jeune Toinet, treize ans, est manifestement pédéraste, et ne s’en cache pas.
  3. Le prince d’Elbassan répond ainsi à miss Teacher, qui vient d’affirmer que des enfants « ne sauraient être beaux ni parfaits », car « ce qui n’est pas achevé ne peut être parfait ».