Pédérastie

De BoyWiki
Version datée du 23 novembre 2008 à 18:31 par Caprineus (discussion | contributions) (Création (vocabulaire))
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)

La pédérastie, au sens large, est l’amour d’un homme pour les garçons. Selon les cas, cette attirance peut être uniquement physique, conjuguer une relation affective ou éducative avec une réalisation sexuelle, ou encore se limiter à la dimension affective. L’âge des partenaires peut également varier de façon importante en fonction des personnes, des sociétés et des époques.

Vocabulaire

Le substantif pédéraste a pour dérivés pédérastie et pédérastique.
On trouve également les dérivés populaires pédé, pédale, pédoque, pédoquerie.
Par ailleurs, l’orthographe paidéraste a été proposée dans un sens particulier, avec ses dérivés paidérastie et paidérastique.

Définitions

PÉDÉRASTE

Substantif masculin. [pe.de.ʁast]

1. Homme qui éprouve une attirance érotique pour les garçons adolescents ou préadolescents.
  • Faut-il rappeler qu’Auguste, Jules César, Horace, Virgile, Antoine, Brutus, Cicéron, Tibère, Hadrien, Sylla, Trajan, Pompée, Catulle, Tibulle, Martial, Properce, Apulée, Agrippa, Mécène, Galba, Sénèque, ont été accusés d’être aussi pédérastes ? Ce sont des grands hommes, et ils ont maîtresses, épouses et enfants. Ils sont aussi pédérastes, parce qu’ils ne conçoivent pas, et que personne ne conçoit autour d’eux, qu’il soit contraire à la raison de l’être. — (Henry de Montherlant, Carnets : années 1930 à 1944)
2. (Par extension) Homme qui éprouve une attirance érotique pour les jeunes garçons, pubères ou impubères.
  • J’appelle pédéraste celui qui, comme le mot l’indique, s’éprend de jeunes garçons. — (André Gide, Corydon, 1911)
3. Homme engagé dans une relation éducative à forte composante érotique avec un garçon adolescent ou préadolescent.
Cela correspond au concept grec antique de paiderastês. C’est pourquoi on peut également employer dans ce sens la forme paidéraste.
4. (Par extension abusive, obsolète) Homosexuel masculin.
  • On cause pédérastie, et Huysmans dit que les pédérastes ne se reconnaissent pas tant à l’invite de l’œil, à la tendance aux attouchements caressants, qu’à un certain aigu chantant et féminisé dans la voix. — (Goncourt, Journal, 1889, p. 1090).
  • La répugnance apeurée d’un honnête homme en butte aux avances d’un pédéraste. — (Jean-Paul Sartre, Les Mots, 1964, p. 62).

Les sens 1 et 3, qui sont historiques, sont ceux généralement adoptés aujourd’hui (à noter que la préadolescence est une période d’environ deux ans avant la puberté).
Le sens 2 englobe également les pédophiles homosexuels masculins (comme à l’époque où le terme pédophile était peu usité).
Le sens 4 est à éviter. Il a quasiment disparu, sauf dans l’abréviation populaire pédé et ses dérivés pédale, pédoque, pédoquerie.

On notera qu’en français, pédéraste est uniquement substantif. Il est donc erroné de parler, par exemple, d’une relation pédéraste (la forme correcte est relation pédérastique).

PÉDÉRASTIE

Substantif féminin. [pe.de.ʁas.ti]

1. Attirance amoureuse ou sexuelle d’un homme envers les garçons adolescents ou préadolescents.
  • Je soutiens qu’un hétérosexuel coureur et débauché peut amener plus de trouble dans les ménages que ne ferait un pédéraste. Herbart fait judicieusement observer que les époques où la pédérastie a été le plus admise ne semblent nullement avoir été des époques de « dénatalité ». — (André Gide, Journal, 1936, p. 1259).
  • Rome nous rappelle que suicide et pédérastie sont faits communs chez des hommes parfaitement équilibrés, et l’honneur de leur pays. — (Henry de Montherlant, Carnets : années 1930 à 1944)
  • On entendra par « pédérastie », l’amour des garçons. On la distinguera de la « pédophilie », l’amour des enfants, et de la « koréphilie », l’amour des petites filles.
    La pédérastie, c’est un adulte mâle, dont l’âge peut varier de dix-huit à soixante ans (quelquefois au-delà) qui aime un garçon, dont l’âge peut varier de onze à seize ans. Aimer un garçon entre l’âge de six à dix ans, c’est de la pédophilie. Aimer un garçon au-delà de l’âge de seize-dix-sept ans appartient déjà plus au domaine de l’homosexualité.
    — (Georges Khal, Le Pur et l’impur ou Le labyrinthe de la pédérastie, 1978) [1]
2. (Par extension) Attirance amoureuse ou sexuelle d’un homme envers les jeunes garçons, pubères ou impubères.
  • La pédérastie est la forme la plus inépuisable de l’amour, parce que c’est l’amour de la jeunesse. — (Roger Peyrefitte, Notre Amour, 1967)
3. Relation éducative à forte composante érotique entre un homme et un garçon adolescent ou préadolescent.
Cela correspond au concept grec antique de paiderastia. C’est pourquoi on peut également employer dans ce sens la forme paidérastie.
  • Un jour qu’on luy demandoit si la pederastie n’estoit pas un crime : « A Dieu ne plaise, » respondit-elle, « que je condamne ce que Socrate a pratiqué. » A son sens la pederastie est louable ; mais cela est assez gaillard pour une pucelle. — (Gédéon Tallemant des Réaux, Historiettes, 1657-1690, à propos de Marie de Gournay)
  • Les Grecs forniquaient sur la scène ; pour leurs penseurs, l’amour céleste avait nom pédérastie. — (Jack Thieuloy, L’Inde des grands chemins, 1971)
4. Actes sexuels entre un homme et un jeune garçon.
  • Les moines chargés d’élever la jeunesse ont été toujours un peu adonnés à la pédérastie. — (Voltaire, Dictionnaire philosophique portatif, 1764)
5. (Par extension abusive, obsolète) Homosexualité masculine.
  • L’amour pour l’amour conduit à la pédérastie, à l’onanisme et à la prostitution. — (Pierre-Joseph Proudhon, Système des contradictions économiques ou Philosophie de la misère, t. 1, 1846, p. 182).

À propos des divers sens possibles, mêmes remarques que pour pédéraste.

PÉDÉRASTIQUE

Adjectif féminin. [pe.de.ʁas.tik]

Qui concerne les pédérastes ou la pédérastie (tous sens).
  • Des caresses des corps serpentants, ondulants, gracieusés en des contournements légèrement pédérastiques. — (Goncourt, Journal, 1881, p. 138).
  • Il défaillait de désir, le souffle lui manquait à chaque pas, mais il avait tellement l’habitude de marcher en silence auprès de jeunes vies sans soupçon qu’il avait fini par aimer pour elle-même la longue patience pédérastique. — (Jean-Paul Sartre, La Mort dans l’âme, 1949, p. 124)
  • On dit, chez les Grecs, que l’essentiel de la relation pédérastique est « l’éducation », « l’initiation », « l’élévation » de l’aimé par l’amant, et que l’amour est le mode, le moyen et la médiation de cette éducation. — (Georges Khal, Le Pur et l’impur ou Le labyrinthe de la pédérastie, 1978)

PÉDÉ, PÉDALE, PÉDOQUE

Substantifs.

(Vulgaire) Homosexuel, pédéraste.
  • Les pédés de Saint-Germain-des-Prés, comme les maquereaux de Montmartre. — (Roger Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 39).
  • Ils ont le mors aux dents ces pédés, ce soir ! — (Jeanne Cordelier, La Dérobade, 1976, p. 32)
  • Et où on les trouve habituellement, ces pédoques ? — (Albert Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 151).

PÉDOQUERIE

Substantif féminin.

(Vulgaire) Homosexualité, pédérastie.

Étymologie

Pédéraste est la transcription du substantif grec ancien παιδεραστής paiderastēs « amant de garçons », composé :
  • du substantif παῖς pais « enfant, garçon », dont le génitif παιδός paidos signifie « d’enfant », et par extension « de garçon » ; cette forme a donné en français le préfixe péd— (voir des mots comme pédagogue, pédiatre, pédophile)
  • et du substantif ἐραστής erastēs « amant », dérivé du verbe ἔραμαι eramai « j’aime, je suis épris de » (de la famille du verbe ἐράω eraō « je chéris, j’aime ardemment », dont est dérivé par ailleurs le substantif ἔρως erōs « désir », qui a donné son nom à Ἔρως Erōs « Éros, l’Amour »).
Pédérastie est la transcription du substantif grec ancien παιδεραστία paiderastia « amour des garçons », dérivé du verbe παιδεραστέω paiderasteō, signifiant « j’aime les garçons », lui-même dérivé du substantif παιδεραστής paiderastēs « pédéraste ».[2]

Note

Le substantif grec ancien παῖς pais « enfant », provient d’une forme primitive *pawis (génitif *pawid-), elle-même dérivée du radical indo-européen *pau- « peu, petit », d’où « enfant, petit d’un animal ». On retrouve ce radical originel dans le sanskrit पुत्र putra « fils, enfant, petit d’animal »,[3] et dans le latin puer « enfant », pusus, putus « garçon » et pullus « petit d’un animal ». Il est également à l’origine de l’anglais foal « poulain », du français poulain et poulet, ainsi que du breton paotr « garçon ».[4]

Histoire des mots

La première apparition en français du mot pédéraste a lieu en 1584 dans Les Bigarrures du Seigneur des Accords, de l’érudit Étienne Tabourot des Accords.
Le mot pédérastie était apparu dès 1580 dans La Démonomanie des sorciers, du juriste Jean Bodin.

Psychologie

Sexologie

<À développer>

La pédérastie dans l’éducation

<À développer>

Histoire de la pédérastie

<À développer>

Aspects sociaux de l’amour des garçons

<À développer>

Voir aussi

Bibliographie

Vocabulaire

  • The American Heritage Dictionary of the English Language. – 4th ed. – Boston : Houghton Mifflin, 2000.
  • Grandsaignes d’Hauterive, R. Dictionnaire des racines des langues européennes (grec, latin, ancien français, français, espagnol, italien, anglais, allemand). – Paris : Librairie Larousse, 1949.
  • Huet, Gérard. Héritage du sanskrit : dictionnaire sanskrit-français. – 1994-2006.
  • Peyssonneaux, Émile. Dictionnaire grec-français : rédigé spécialement à l’usage des classes, d’après les travaux et les textes les plus récents. – 25ème éd. rev. et corr. – Paris : Librairie Classique Eugène Belin, 1938.

Psychologie

Histoire

Société

Articles et références externes

Cet article utilise en partie les données des pages suivantes :

Articles connexes

Références et notes

  1. Georges Khal, « Le Pur et l’impur ou Le labyrinthe de la pédérastie » in : Sortir / Luc Benoit, Paul Chamberland, Georges Khal, Jean Basile (éd.), Montréal, les Éd. de l’Aurore, 1978, ISBN 0-88532-148-0
  2. Émile Peyssonneaux, Dictionnaire grec-français, Paris, Librairie Classique Eugène Belin, 1938.
  3. Gérard Huet,. Héritage du sanskrit : dictionnaire sanskrit-français, 1994-2006.
  4. R. Grandsaignes d’Hauterive, Dictionnaire des racines des langues européennes (grec, latin, ancien français, français, espagnol, italien, anglais, allemand), Paris, Librairie Larousse, 1949.