Dieu lui-même n’en sait rien (Didier Denché)

De BoyWiki
(Redirigé depuis Dieu lui-meme n'en sait rien)

Dieu lui-même n’en sait rien est un roman de Didier Denché paru en 2018 aux éditions Quintes-Feuilles. Il a pour cadre la Normandie. Le roman ne constitue pas à proprement parler une suite à La Friponnière, bien que certains personnages de ce dernier « polar bleu » (Philippe Sourphères, Mathieu Lisaneur) y soient présents et y jouent un rôle important.

Intrigue

La disparition d’un adolescent de treize ans, Émilien, réputé non fugueur, à la personnalité parfaitement équilibrée, plonge ses parents dans l’angoisse et sème la consternation dans toute la région de Bourg d’Eaubec, la ville normande où le garçon est scolarisé. L’enquête de la gendarmerie s’oriente presque aussitôt vers un enlèvement crapuleux par un malfaiteur supposé pédophile. Elle cible vite deux suspects : d’abord Cédric Bénouzet, professeur de musique, qui donnait des leçons très particulières de piano au jeune Émilien ; ensuite un roboticien japonais de génie qui a déposé à l’INPI de multiples brevets en vue de la création d’un robot sexuel humanoïde adolescent qu’il nomme « garçonnoïde » et qu’il dote d’une intelligence artificielle extrêmement en avance sur son temps.

L’enquête est perturbée par l’apparition d’agroglyphes ou « crop circles » dans des champs de blé de la région : la question d’une relation entre cet événement et la disparition d’Émilien se pose, en raison de sa concomitance avec une autre disparition, celle d’un ami d’Émilien en terminale dans le même lycée, Sven Valèques. Les autorités et les habitants de la région sont plongés dans une grande perplexité.

Intelligence artificielle, robots sexuels et paidérastie constituent les trois thèmes principaux de ce conte futuriste.


Extrait

Pour Yukio Adokeinadesu qui était d’éducation occidentale et avait même appris le grec ancien, la proscription de l’amour des garçons témoignait de cette forme de déchéance de l’érotisme humain et procédait du déclin moral de l’Occident. Tout, en matière de sexualité, était possible en Occident, sans examen éthique, parce que la question morale se concentrait sur un seul paramètre a-moral : l’âge. Définir, par une ligne de démarcation, un domaine strictement banni, durement puni par la loi, dénigré en permanence sans argumentation, était un moyen de libérer tout le reste. Pour Yukio, c’était la sexualité dans son intégralité qui devait faire l’objet d’un examen éthique : l’âge n’était pas à ses yeux le critère moral absolu. On peut dire qu’il en allait de même pour Cédric Bénouzet et pour Philippe Sourphères, qui en avaient débattu entre eux. Ces deux derniers considéraient que si la sexualité était une chose sale, dégradante, humiliante, alors ce n’est pas seulement la jeunesse qu’il fallait préserver de ses ravages : il fallait aussi épargner aux adultes cette horreur. L’argument de la maturité intellectuelle comme condition nécessaire d’un choix libre, d’un « consentement éclairé », était pour eux un argument fallacieux et une hypocrisie morale. En effet, tous ceux qui avançaient cet argument refusaient de voir la grande disparité des enfants et des adolescents à ce sujet. Ces bonnes âmes niaient contre toute évidence l’inégalité des hommes non seulement en matière d’intelligence, de santé, de force physique, mais aussi de sexualité. Aux yeux de nos trois paidérastes, cette inégalité faisait que si certains enfants doivent être protégés d’une découverte et d’activités qui ne sont susceptibles que de les choquer, d’autres ne peuvent que souffrir d’en être privés. Il y a un traumatisme incontestable à révéler des choses qu’un enfant immature n’est pas prêt à découvrir ; mais il est un autre traumatisme aux conséquences plus graves, à brider, à réprimer, à punir une sexualité qui ne demande qu’à s’épanouir chez un enfant précocement mûr à ces mystères.[1]



Voir aussi

Bibliographie

Édition

  • Dieu lui-même n’en sait rien / Didier Denché. – Paris : Éd. Quintes-Feuilles, 2018. – 178 p. ; 14,5 × 21 cm. – ISBN 978-2-9551399-6-7

Articles connexes

Liens externes

Référence

  1. Dieu lui-même n’en sait rien, Paris, Quintes-Feuilles, 2018, p. 103-104.