Discussion:Les amitiés particulières (Roger Peyrefitte)

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Dans les références bibliographiques, à partir du moment où l'on suit les conventions (dans le cas d'un article : italiques pour le nom de la revue, titre de l'article entre guillemets) le in est parfaitement inutile.--Skanda 10 novembre 2011 à 16:40 (GMT)

L’usage du in est fréquent ; mais peut-être en effet superflu. A vérifier dans d’autres types de présentation.
(Bien entendu, il ne s’agit pas là d’un horrible in franglais, mais d’un très respectable in latin !)
Agnorum (discussion) 11 mai 2020 à 22:53 (UTC)

Les commentaires sur la sexualité dans l'article sur les amitiés particulières

Il me semble que le rédacteur principal de l'article perd de vue que par définition, une amitié particulière exclut la sexualité.

L'exclusion de la sexualité dans la relation entre Georges et Alexandre y est soulignée comme étonnante ("pourtant") ce qui teinte l'expression "amitié particulière" d'une signification inexacte. --Skanda (discussion) 11 mai 2020 à 03:16 (UTC)

Votre opinion m’étonne beaucoup ! Je ne crois pas avoir jamais lu cette restriction chez quiconque.
Le titre lui-même utilisé par Peyrefitte est un pluriel, ce qui tend à montrer que non seulement Georges et Alexandre vivent une amitié particulière, mais également d’autres garçons : ce terme est tout aussi applicable à André Ferron et à Lucien Rouvère.
La dernière version du dictionnaire de l’Académie française donne cette définition : « Amitié particulière, lien sentimental et physique entre deux personnes du même sexe. » On peut regretter que l’accent ne soit pas assez mis sur le caractère exclusif de cette amitié (c’est le vrai sens de « particulière », qui dans ce cas ne signifie pas « spéciale ») ; mais l’aspect physique, donc éventuellement sexuel, n’est pas écarté.
Le Robert est plus audacieux encore : « Amitié particulière : liaison homosexuelle » (ce qui, me semble-t-il, n’insiste pas assez sur l’importance du sentiment, ni sur le jeune âge habituel des partenaires).
Le Grand Larousse encyclopédique nous parle plus justement d’une « liaison de caractère passionnel entre deux garçons élèves d’un même établissement ». Pour le coup, c’est un peu trop restreint, puisque les filles en seraient incapables, et aussi les garçons d’établissements différents ! Mais là non plus la sexualité, sans être indispensable, n’est nullement exclue.
Lorsque le jeune Sevrais dit à l’abbé de Pradts : « Si c’était moi qui dirigeais ce collège, je vous jure bien qu’il n’y aurait pas d’amitiés particulières », à l’évidence il inclut dans le lot son amitié très charnelle avec Souplier.
N’oublions pas enfin la définition fournie par BoyWiki, lequel s’y connaît tout de même un peu : « Une amitié particulière est une liaison sentimentale exclusive entre deux enfants ou adolescents. » Sentimentale et exclusive, certes ; mais pas toujours exclusivement sentimentale !
Agnorum (discussion) 11 mai 2020 à 22:53 (UTC)
Nous nous trouvons face à une expression qui vit, et, par conséquent, qui peut voir sa signification évoluer non seulement avec le temps, mais avec les groupes de locuteurs. Si on se réfère à l’origine de l’expression (les communautés religieuses) c’était, quasiment toujours au pluriel, les « amitiés particulières » (donc excluant les autres personnes de la communauté) qui étaient condamnées.
Je cite le père Avrillon en 1740 (Traité de l’amour de Dieu) :
« Les amitiés particulières consistent dans une prédilection notable, dans un penchant naturel, & dans une inclination violente, d’où il résulte une liaison intime & désordonnée qui n’a pas Dieu pour motif. »
Pour les Jésuites : « On évitera les amitiés particulières, parce que cette union si étroite avec les uns est une séparation formelle d’avec les autres et tend par conséquent à détruire l’esprit de la communauté […] »
Ernest Renan qui a suivi une éducation religieuse, écrit aussi :
« Une des choses les plus recommandées au séminaire était d’éviter les « amitiés particulières ». De telles amitiés étaient présentées comme un vol fait à la communauté. »
Si Peyrefitte emploie le terme au pluriel, c’est parce qu’au début du roman, le père supérieur fait dans son premier discours une référence aux amitiés particulières (au pluriel) ainsi que tous les ecclésiastiques l’ont fait. Le jeune Sevrais comme vous le soulignez emploie aussi l’expression au pluriel.
Dans la définition du dico de l’acad française, le qualificatif physique ne renvoie pas à la sexualité ! Un baiser, une étreinte (d’autrui contre soi) relèvent de la sensualité, pas de la sexualité. Charnel n’est pas sexuel.
Les Garçons de Montherlant constitue, dans ce cadre, une exception, car ce que Montherlant décrit dans ce roman (je ne parle pas de La Ville) ne relève pas vraiment des amitiés particulières, mais de « liaisons pédérastiques » entre grands (ou adultes) et petits.
Je note d’ailleurs que vos citations confirment mon point de vue.
Les textes que vous citez, joints aux miens, formeraient une excellente documentation historique pour l’article Amitié particulière (psychologie), qui reste à écrire.
De toutes nos citations, il ressort qu’une amitié particulière :
  • est une liaison exclusive entre deux personnes ;
  • que ces deux personnes sont généralement des enfants ou adolescents ;
  • que cette liaison présente un caractère fortement sentimental ;
  • qu’elle ne comporte pas forcément une dimension sexuelle.
En revanche, aucune de vos citations ni des miennes n’exclut la sexualité : c’est, disons, une « matière à option ». André Ferron et Lucien Rouvère vivent incontestablement une amitié particulière, de même que Sevrais et Souplier. Ni Peyrefitte ni Montherlant n’ont jamais considéré qu’une amitié particulière était forcément asexuée. (D’ailleurs, la question des actes sexuels est au cœur des deux ouvrages.)
Une définition doit s’efforcer d’être minimale — « nécessaire et suffisante » — sous peine de refléter des opinions ou des usages trop restreints. La réalisation ou l’absence d’actes sexuels ne devrait donc même pas être mentionnée pour définir l’expression amitié particulière — pas plus que le matériau n’entre en compte pour définir ce qu’est une maison.
(Quant à la différence entre une amitié particulière et une liaison pédérastique, elle est de même nature qu’entre une maison et une habitation : la seconde notion englobe la première. Georges de Sarre, à quatorze ans, est déjà pédéraste — abstinent certes —, et c’est bien ainsi que Peyrefitte l’entendait.)
Agnorum (discussion) 13 mai 2020 à 20:27 (UTC)
Vous dites qu’aucune précision ne devrait être portée. Soit. Ajoutons alors : ni de manière explicite, ni de manière implicite. Or, ma réaction concernait le mention implicite qui est incluse dans « pourtant ».
Pour moi, tout ce que j’ai pu lire exclut par définition la sexualité dans les amitiés particulières. Le roman de Peyrefitte prend fin sur une déclaration importante : Georges, s’adressant aux mânes d’Alexandre, déclare que leur lien s’appelait « amour ». C’est qu’il fait une distinction entre une amitié particulière et un amour. Mais alors, quelle distinction ? Sûrement pas l’intensité des sentiments, portée au plus haut point chez les deux garçons (mais pas aussi haut, me semble-t-il, qu’entre Victor et Geri).
--Skanda (discussion) 15 mai 2020 à 14:30 (UTC) p
Loin de moi l’idée de dévaloriser votre « ressenti » de l’expression « amitié particulière » : même s’il est exagéré par rapport aux définitions historiques, comme nous l’avons vu, il est bien réel — et d’autant plus à prendre en compte que vous n’êtes pas un illettré de la dernière pluie !
Je vois pour ma part deux raisons à ce ressenti trop systématiquement asexué :
  • une amitié particulière est toujours très sentimentale, mais elle n’est qu’accessoirement sexuelle : le premier aspect tend donc à faire oublier le second, plus rare ;
  • les bons pères essayaient, dans leurs sermons, de « gommer » la sexualité — tout en rappelant qu’elle restait à l'affût pour « perdre les âmes » : cette ambiguïté, dans laquelle ils se perdaient eux-mêmes plus ou moins, ne facilite pas une définition exacte du phénomène.
S'opposer à cette hypocrisie ecclésiastique, en appelant un chat un chat même lorsqu’il ne dresse pas la queue, c’est rester dans le droit fil des intentions de Roger Peyrefitte (dont Lucien Rebatet disait fort justement : « Je ne crois pas avoir rencontré — et cependant, dans cette catégorie-là, j’en ai vu des bipèdes ! — de type plus totalement et parfaitement a-chrétien, que ça n’a jamais effleuré même du bout de l’aile. […] Un type du iiie siècle avant J.-C. sous ce rapport. »).
C’est ainsi que je comprends le mot final de Georges, dans sa dernière lettre à Alexandre : « Cessons d’employer le vocabulaire équivoque de nos ennemis, et utilisons enfin le terme vrai, “amour” ». Non seulement il n’invoque aucune différence de signification, mais il insiste sur le fait que, dans leur cas, amitié = amour (ce qu’Alexandre, auparavant, avait déjà exprimé sans oser le dire : « Je l’écris, mais je ne le dis pas »). C’est encore de l’amour platonique — qui aurait pu ne pas le rester…
À propos de l’autre livre que vous évoquez, avouerai-je mon inculture ? Car si je possède Geri (en tout bien tout honneur), je ne le connais pas encore vraiment. Or les différents titres successifs de cette œuvre posent un cas de conscience boywikique : lequel choisir pour la page qui lui est dédiée ? Je vais donc me pencher sur ce cas (en souvenir peut-être d’un de mes anciens élèves fort mignon, qui s’appellait ainsi, à l’orthographe près).
Agnorum (discussion) 16 mai 2020 à 13:56 (UTC)