Paysage de fantaisie (13)

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je me réveille je me lève j’ai faim il me tâte le coude il me pousse sous un porche Tu veux gagner de l’argent ? l’os du coude tâté retâté titillé Argent ?

recouché un gargouillis la soif j’aurais dû accepter j’accepte je suis assis le trajet est interminable je sens l’odeur de mon haleine parce que l’automobile est chauffée j’avais froid je ne m’en souvenais plus ma bouche exhale du fétide du creux de la bile du moisi il met déjà la main entre mes cuisses je m’écarte Je croyais que c’était seulement pour des photos Il faut que je me rende compte murmure l’homme tâche de bander je te donne jusqu’au croisement

feu rouge je tripote à nouveau son pantalon bite un peu maigre nerveuse très longue mais pas très dure Déboutonne-toi il obéit je tripote à cru bite assez longue assez dure balourde et très épaisse je m’étonne je dis

tu en as combien comme ça ?

des centimètres ?

crétin des bites

je branlais le promeneur un instant puis il me repoussait et fermait son bel imperméable de garçon svelte je rejoignais mon coin je lui parlais encore à distance Je la crève t’as du foutre j’te l’avalerai Va chier et bouffe-le dit le jeune homme il était blond à bouclettes un de ces prétentieux qui se dorlotent la queue comme une foutue bondieuseté

en m’éveillant j’ai trouvé une couverture un passant l’aura déposée ici quand je dormais elle est mitée déchirée en partie c’est peut-être ces gens de l’impasse un plaid d’auto deux traces de fesses on voit le jour à travers il la mettait à la poubelle il a soulevé le couvercle il m’a aperçu il se ravise il vient vers moi coup de pied Debout on te donne quelque chose

moi ma bite dernière vie qui m’est proche pas très proche mais je l’ai je l’use je la tiens

inutile je n’ai pas la force la faim dresse les bites pas la mienne en ce moment elle n’écoute rien je parle d’elle non d’il non de lui son sexe la rue et son sexe il lui faut des nuits des trottoirs déserts il m’observe en hésitant il pense que et suppute que

pédé fous le camp enculé va ramasser des épingles ailleurs

c’est des bonshommes déglingués des petites choutes aussi toute la gamme ils n’ont rien dragué ils me lorgnent c’est comme de dénicher une bite dans une boîte à ordures un con de femme un cul qui aurait encore pu servir à quelqu’un les bourgeois jettent le meilleur je me fais donc ramasser

l’auto stoppe devant une villa dans le faubourg la rue est bien éclairée mais l’hiver il n’y a aucun passant il m’enchaîne il me châtre m’éventre me taille en quartiers je n’y suis pas allé je dis pas oui aux fous

je ne devinais pas j’étais trop petit il voulait que je lui raconte pourquoi j’étais là et de quel trou j’étais sorti je répondais Je peux pas le dire et la séance de torture commence il a évidemment trop peur pour m’assassiner ou me mutiler il frappe découpe tord défonce incise il distend désemboîte tenaille casse scie perce arrache aplatit mais évite l’irrémédiable il me jette enfin dans sa voiture et m’abandonne deux ou trois heures après sous un arbre à la campagne voilà ce qui s’est passé ç’aurait aussi bien pu être moi je me le suis fait en pensant à lui ou lui en pensant à moi ou moi à moi je cauchemardais à cause du sol dur sous mon flanc et cette bizarre couverture tombée du ciel pendant la nuit et à l’aube le concierge me chasse de son seuil pour ouvrir la porte et sortir ses poubelles       sauf cette manie de prendre des photos       le studio ses murs noirs et le joli petit pauvre contre le fond violemment éclairé l’enfant nu impubère à grand sexe et photogénique sans doute j’ai moi-même acheté cette maison installé cette pièce muré la fenêtre badigeonné tout en noir j’ai racolé mon modèle parmi les mioches d’un faubourg miséreux je lui ai promis monts et m

saleté envoyée par le fond puis une autre à l’attaque un jus la lente ascension des bulles saleté liquide jus de pipe poisseux ou un gluant de bite nécrosée j’égoutte ma queue je la range je l’égoutte le jus me gonfle j’appuie bulles éjaculées molles de sauce au noir

je ne suis pas malade c’est une mort naturelle et son exubérance un dernier produit corporel aucune mesure chaque morceau chaque organe bouillonne sécrète éjecte et se vomit lui-même on m’identifie comme un tas de boue en éruption on fait un crochet pour m’éviter je suis ce vaste demi-cercle je m’étends jusque-là       mes yeux de porcelaine demeurent incorruptibles je vois blanc je vois dur on me jette un bout de savon pour manger je l’ai repéré je le happe je le suce il a goût de verge au sortir du bain et je m’en suis frotté le nez les bajoues       à chaque ombre qui me croise je fais un signe ouvrant la bouche agitant les coudes secouant les pieds en l’air ou je m’arrache une dent et je la leur lance j’aspire le pus de l’alvéole je le crache et je leur dédie mon rire le plus idiot je suis seul à savoir ce qui pourrit là et ils se sauvent alors qu’ils n’en ont aucune idée je quitte ce travesti à dix heures du soir je range les accessoires et je me lève il est temps de manger voici ma blondeur ma longue taille mince mes muscles élastiques ma denture d’éphèbe

j’avance dans la rue l’air supérieur un yoyo d’ivoire pendu à la main droite j’en joue avec une habileté désinvolte je suis l’ultra-chic

je me réveille l’herbe n’est pas douce écrasée sous moi elle me laisse des marques rouges enchevêtrées on tapote une seconde fois mon épaule Ah tout de même eh bien on peut dire que tu dormais petit alors dis-moi qu’est-ce que tu fais là pourquoi dors-tu ici explique-moi un peu et où habites-tu ? c’est une bonne sœur en gris trente ans ou plus son vélo est couché sur le chemin sa voix de tête roule s’applique et ânonne pour avoir des intonations exagérées bien faciles à comprendre Pourquoi n’es-tu pas à l’école ? mais et qu’est-ce que c’est que ces coupures ? fais-moi voir ta figure ? mais comment est-ce que tu t’es fait ça ? tu es tombé d’un arbre ? tu étais monté à un arbre ? eh bien mon petit allons réponds-moi allons je ne te fais pas peur je te fais peur ?       non ? bon alors d’abord comment t’appelles-tu ?

Yann

comment ? dis-le un peu plus fort ?

Yann

Yann ? tu t’appelles Yann ? c’est ton nom alors ? Yann ? tu t’appelles comme ça ? oui ? et alors Yann il t’a fallu tout ce temps pour me le dire ? oui ? tu es timide ? oui un peu ? un peu ma sœur ? oui ? tu vas venir avec moi Yann ? on va te soigner et on ira à la mairie ? tu veux bien ? oui ma sœur ? allez donne-moi ta main

j’peux pas m’lever

tu dis que tu ne peux pas te lever ? c’est ça ? mais pourquoi donc ah tu as quelque chose tiens où as-tu quelque chose ? c’est à la jambe ? qu’est-ce que tu as à la jambe fais-moi voir c’est à celle-ci ? mais oui oh montre       oh là là mais mon pauvre bonhomme mais c’est une vraie fracture ! et tu ne disais rien mais mon petit Yann il fallait me le dire ! mais comment as-bien-tu pu te faire ça ? tu es bien monté sur un arbre quand même et puis tu es tombé ! cet arbre-ci ? dis-moi tu es tombé ?

oui       non ooonn

oh tu ne vas pas pleurer ? si ? oh ! non ? tu es un grand garçon ? oui ma sœur ? on va te porter à l’hospice on va te guérir

là aussi

qu’est-ce qu’il y a ? encore autre chose ? fais voir ? ici ? là ? là ? écarte ta main allons       oh       ohh mais ce n’est pas Dieu possible mais on l’a complètement estropié ce petit garçon ! on t’a battu ? dis-moi qui est-ce qui t’a battu ? ce sont tes parents ? tes petits camarades ? il faut me le dire Yann si quelqu’un t’a fait du mal       et tu ne me caches plus rien ? tu m’as tout tout dit ?

si ici

une dent ? tu as mal ? oui ? montre ? ne pleure pas petit allons montre encore non non c’est la gencive qui est un tout petit peu écorchée tu vois ta dent elle n’a rien du tout allons et dis-moi tu étais là depuis longtemps quand je t’ai découvert ?

c’matin

ce matin ? tu as dormi toute la matinée ? comme ça ? mais mon pauvre bout de chou comment est-ce que tu es venu là avec ta jambe ?

on m’a am’né en voiture

comment en voiture ? on t’a amené et on t’a laissé là tout seul malade ? qu’est-ce que c’est que cette histoire mais qui t’a emmené en voiture mon petit ?

je sais pas

tu ne sais pas ? non ? ce ne sont pas tes parents ? des amis de ton papa ? non ? tu ne sais vraiment pas ? alors tu ne connaissais pas le monsieur qui conduisait ? oui c’est ça c’était un monsieur ? oui ? que tu ne connaissais pas ? oui ? c’est lui qui t’a conduit ? oui ? oui ?

je sais pas je dormais

tu dormais ? mon petit avec ces blessures-là tu veux dire que tu étais évanoui       tu étais évanoui tu avais perdu conscience oui évanoui Yann tu n’avais plus ta connaissance n’est-ce pas ? évanoui ? comme si tu dormais ?

oui

oui ma sœur mais quelle histoire Seigneur mais non ne pleure pas mon pauvre petit tu n’y es pour rien tu n’as rien compris bien sûr pauvre enfant mon Dieu

je dormais il y avait de hauts rideaux de toile blanche à la fenêtre mon lit était blanc ses barreaux étaient blancs c’est le blanc dans les infirmeries pour dire qu’on vous déshabille et qu’on vous soigne et qu’il faut bien dormir sinon on ne guérit pas

j’ai rampé jusqu’ici ce n’est pas ma place jamais cet hospice où on vole mon corps je veux mes restes et les faire craquer une boue que je malaxerai en forme de visage inhumain placenta paquet de rognures où je creuse deux yeux avec les pouces

on ne m’a pas abandonné au hasard on a pansé les blessures qui risquaient de trop saigner on m’a enveloppé d’une couverture puis déposé à deux pas de la maison et ils ont fait les étonnés comme si ce n’était pas une livraison prévue       aucun adulte mais seulement des garçons ils me racontaient tous qu’on vous enlève en ville on vous charcute après on est ici on oublie on n’a même plus de cicatrices ou rien

je l’écoute sans intérêt il peut mentir délirer ou dire vrai je m’en moque les enfances m’indiffèrent je désirais parler dans la rue avant de rentrer il n’y avait que ce vieux il mourra bientôt il n’a plus besoin de dire aucune chose qu’on sache ou qu’il prouve j’ai supporté qu’il touche ma verge mais je me suis dérobé lorsqu’il a avancé les lèvres une bouche comme une fiente pâteuse bords qui s’écartent en tirant des fils brunâtres j’aime décharger sur le trottoir je me suis retenu à cause de la laideur repoussante du vagabond mot ridicule il ne vague plus il m’a vu disparaître à l’angle de l’impasse je me suis vu aussi

petit garçon ventre creux aussi au bord du trottoir minuit silence regard qui passe et repasse les pavés et s’arrête à chacun sans monter plus haut ni s’égarer d’un côté ou de l’autre répétition d’une ligne de pavés ni voitures ni promeneurs les gens de l’impasse sommeillent et demain matin l’enfant sera parti sa tête oscille ses yeux lourds comptent les pavés il ne s’endort pas il est froid pétrifié sans douceur et aucun être humain ne lui arracherait un mot       c’est un soir il y aura un autre soir un autre endroit un autre enfant mais tout semblables la venue du jour l’effacera je n’en ai suivi aucun je n’en suis aucun

regard balle sautant d’une arête de pavé à une autre arête de pavé ricochets du regard projetant un vide blanc près des pieds plus loin plus loin tout droit et qui recommence image du cercle que j’ai brisé le laissant seul ici sans origine sans retour sans moi plus jamais

mécanique enfantine devant le mur balle en mousse bleue elle rebondit silencieusement et retombe dans les mains du joueur mécanique millions de mécaniques opérant le même mouvement je n’en choisis pas je reste en dehors desséchés eux aussi obscurcis pétrifiés je ne comprenais pas j’attendais mais maintenant tant pis

la porte de l’immeuble en brique rouge s’est entrouverte je sors chapeauté ganté j’ai un manteau il fait froid un enfant guenilleux s’est blotti près des poubelles il grelotte je suis ému je lui pose des questions je lui lance un franc je monte dans ma voiture il ne lève même pas la tête je n’existe pas sous cette forme-là ni voiture ni chapeau annulé je tiens ma main crispée sur le franc je ne remercie pas je ne sais pas utiliser l’argent on n’achète rien pendant la nuit une femme à talons voit la pièce briller entre mes doigts elle la convoite elle me bondit dessus Donne-moi ça Pourquoi c’est à moi Donne-le-moi sale voleur donne ça tout de suite elle me secoue la main et marche sur mes pieds je bouscule une poubelle un chat miaule je ne l’avais pas vu dans le noir la putain je lui botte les mollets elle crie Vache de petit merdeux je m’enfuis

c’est cinq francs pour me toucher ou me lécher la bite dix francs pour que je touche quinze francs pour que je fais une pipe mais j’avale pas et vingt francs pour qu’on m’encule mais si la bite est grosse c’est trente francs la vaseline c’est moi qui la paie qui la mets qui l’essuie je compte quand une grosse bite m’encule ça rapporte comme six types qui me tripotent c’est plus dur mais c’est moins long et y a des lécheurs qui mordent moi ce qui me dégoûte c’est si on m’embrasse la bouche ou si on y jute et ce que j’aime c’est si on me lèche à fond dans le trou du cul comme ça je me lave pas c’est dommage qu’ils oublient les pieds les oreilles et les ongles faut qu’ils me sucent les pieds tiens ce sera même gratuit je dirai oh un franc

il empoche mon argent et s’en va il n’a pas de sperme j’ai bien senti sur ma langue un spasme lui contracter la queue mais rien n’est sorti il n’a pas encore l’âge certains autres pas plus vieux ont du jus c’est la nature quand j’ai effleuré sa bouche il m’a bousculé il était furieux Cinquante francs ouais mon pote ça c’est cinquante il a craché par terre et s’est frotté les lèvres du dos de la main sa quéquette pendait en travers de sa culotte entrebâillée sale trop vaste un voyou plus tard il tuera le monde et leur volera ses argents

je suis transporté dans une couverture on passe un jardin où il y a un morceau d’église crevé un pilier ou deux et un peu de toit qui tient en l’air comme la moitié d’une roue de bicyclette mais c’est de la pierre j’ai perdu beaucoup de sang leur maison a une infirmière et une doctoresse elle m’a fait une transfusion avec une bouteille et un tuyau qu’on m’a enfoncé dans le bras elle s’est occupée de ma jambe et de tout elle me faisait encore plus mal que le type mais elle avait le droit lui pas       on me met un suppositoire pour dormir l’orage me réveille j’ai peur et un garçon vient me causer parce que j’avais peur il n’est pas malade lui il me montre sa cicatrice au ventre comme une virgule blanche au-dessus de la bite c’est un peu joli même et il dit C’était avec un grand rasoir il n’avait rien senti sauf une brûlure ils ont coupé son ventre bien plus long que la cicatrice parce que les cicatrices c’est plus petit sa bite devient raide il dit T’as vu c’te salope ? et il la range Et les miennes on les verra ? Non sur la figure ça va partir c’est pas profond il a l’air de s’y connaître la doctoresse aussi a dit pareil

je jouais contre le mur il s’approche de moi il s’intéresse à la balle et je joue mieux alors il me flanque la main au paquet il ne touche rien il a confondu l’endroit et moi je recule

attends t’es bête je voulais te demander écoute       je le laisse revenir

idiot je t’assure c’est rien je vais t’expliquer       il remet ça deux mains à la fois une au cul une à la pine il l’a en plein il la tâte il regarde si ça me plaît

arrêtez mais arrêtez hein lâchez-moi hein ? il sourit il ne m’écoute pas il répète Hnn encore ton p’tit cul hhh tes p’tites roupettes encore mmmhhf

j’appelle ma mère hein arrêtez ! il arrêtait il se déboutonnait

tu veux pas venir un peu avec moi ? je me sauve à toute vitesse je crie m’man m’man ! j’avais oublié ma balle le type courait aussi il m’a dépassé un petit gros il était vraiment fou

qui c’est la docteuresse elle est pas gentille

c’est la docteuresse c’est elle son mari c’est le directeur t’inquiète pas on les voit jamais

on mange bien ?

non c’est pas bon ça pue c’est Puducu qui fait la bouf’tance

Butugu c’est une négresse ?

non la cuisinière on l’appelle comme ça Puducu elle est sourde tu comprends mais pourquoi ? t’as faim ?

oh oui

c’est à cause du suppositoire c’est vrai ça donne faim si on dort pas       t’as pas mangé depuis combien ?

hier avant-hier et puis       non c’était dimanche matin

mince pasqu’i vont pas t’en donner faut pas encore tant pis tu sais

tant pis je vais attendre et qui c’est qu’habite alors ici si y a un docteur ?

personne non juste nous on fait quoi ?

que dalle c’qu’on veut à part enfin tu verras

mais on reste longtemps ?

sais pas les grands i s’en vont

mais pourquoi on est là ?

ça sert à rien c’est une maison de fous sauf qu’on sort à la fin mais

je suis pas fou

je te dis pas

parce que t’y as été toi chez les fous ?

t’es toc toc non ? p’tain qu’est-ce qu’i sont baths les draps pardon c’est pas comme au dortoir

vous avez un dortoir ?

oh ben c’est l’bordel là-haut

j’aurai un lit avec vous après ?

forcément tiens

peut-être dans un bordel droit sur un fauteuil mais pas ce sale pavillon cette poubelle à morveux j’étais chez les femmes gracieuses belles propres câlines danses de houris devant moi et on me parfume on me peigne on m’oint le membre on éponge mon pus avec des gestes doux le soir après leur travail s’ils me rendent visite c’est rhabillés en garçons ils m’ont recueilli pour être leur souffre-douleur ils se vengent des clients il y a à l’entrée de la cave une caisse à savon retournée elle porte un assortiment de fouets martinets couteaux pinces aiguilles cisailles et un grand bocal où ils pissent et quand c’est croupi ils me le versent sur la tête je me suis habitué à l’odeur et au goût mais pas à l’effet dans les coupures de mon visage elles me cuisent et les plus anciennes sont infectées crevassées lancinantes ils s’amusent surtout avec ma figure mon bas-ventre surtout là

ils secouaient le fauteuil pour me jeter au sol et m’esquinter les fesses les tortures étaient plutôt bêtes quand ils s’y prenaient à plusieurs mais certains vicieux venaient seuls et sans un mot essayaient sur moi d’horribles petites idées ce n’est pas leur faute ils ne me haïssent pas ils s’en fichent je suis un simulacre

plus durs plus méchants plus éloignés mais assidus une sorte d’amour je leur plais je ne suis pas le premier les précédents pendent au fond de la même cave et se dessèchent peu à peu l’air est sain on n’y pourrit que vivant

je n’ai jamais de lumière on ne me détache pas on ne me porte ni nourriture ni à boire on nous remplace sans peine je dis nous à cause des morts

là-haut dans la maison ce qui se passe on me le raconte je me le raconte je ne peux plus parler je ne gémis guère je ne crie évidemment pas ils en sont à guetter les grimaces de douleur sur ce qui reste de ma figure ou simplement les soubresauts des muscles en haut ou en bas c’est comme de torturer une mouche on ne devine pas si elle souffre on lui arrache les pattes les ailes on lui glisse une épingle dans l’anus on étire la tête qui se décolle et reprend place dès qu’on la lâche on recommence sans aucune émotion le seul plaisir est d’abandonner ce corps oblong qui agonise immobile pas intéressant mais on s’imagine à l’intérieur et on frissonne de joie ils doivent penser à moi avec leurs clients ça les soutient je subirai ce soir ce qu’ils voudront et après ma mort je serai encore bon à pendre comme un lapin désentraillé ils continueront de me lacérer jusqu’à ce qu’on leur ait fourni un autre déchet des villes

sauvages et le garçon qui est leur complice leur ramasseur un attardé il prépare leurs revanches nocturnes il est de leur côté il les flatte pour qu’ils demeurent soumis adolescent blondasse abruti et fat       quelques clients apprennent tout et convoitent ces voluptés ils liquident leurs affaires ils lèguent leur fortune à l’établissement et ils descendent ici se mettre à la disposition des petits bourreaux on les garrotte sur ce fauteuil et on les tue ils ont sué le sang ils ont hurlé entre les mains des mioches ils ont joui de cent mille morts mais je n’aime rien je suis à peine heureux d’en avoir bientôt terminé

l’une des ombres pendues au plafond était un enfant peut-être des malades qu’ils achèvent ou un ennemi que ses camarades se sont inventé leur dortoir est sûrement plus dangereux que cette cave elle-même et je préfère les cadavres après deux jours ils n’effraient plus ils sont rêveurs et calmes et je les rêve


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