Paysage de fantaisie (18)

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un quart d’heure de marche pour gagner la jetée par les rochers au-dessus du rivage et le sentier de douane ils y allaient à cause des ânes et des crêpes ils montaient sur les ânes en mangeant une crêpe

suivre la plage étroite et argileuse qui bute contre un talus d’herbes mêlées de goémon puis large et plane sable plus clair et plus sec où se tapit un blockhaus ciment gris inscriptions à la peinture et au charbon graffiti souvenirs dessins maisons bonshommes pendus tout raides enfantins sous leur potence comme une araignée à son fil rendez-vous de mioches ou d’amoureux sans lit ils quittaient la maison après dîner ils prétendaient aller jouer vers les barques mais ils traversaient la plage et couraient au blockhaus l’un porte une casquette de marin et une longue-vue en plastique capitaine de rien le ventre serait un peu rond et un ver de terre dessous la queue d’une pomme sous une pomme cul en l’air longue-vue factice plastique autrefois peint en noir où le rose de la matière réapparaît et des bagues dorées

plutôt bistre qui serrent bien

couché à plat ventre il me baisait le premier par-derrière pour me mouiller d’abord les fesses et rebondir puis il se baisait assis sur moi assis on se faisait face le bord du lit ployait       sa pine droite comme une chandelle elle décharge et m’éclabousse le torse le menton parfois les sourcils quand je baisse la tête au mauvais moment au bon moment c’est un sperme opalin de croqueur de sucettes

la nuit tombait il examinait l’horizon avec sa longue-vue un grand tube coupé en trois tronçons qui pouvaient s’emboîter il en saisit l’extrémité il tire dessus il la presse doucement le membre s’allonge et de rose et mou qu’il était il se

il est surpris comme s’il n’avait jamais vu son sexe il replie l’engin il le range dans sa poche et court sur la jetée le phare les bateaux du port et ceux qui voguent au loin minuscules il y dirige son gros tube il sera capitaine un jour ils aimaient la jetée on y louait des autos à pédales et d’autres à moteur vingt à l’heure pas plus rapides qu’un vélo deux trois kilomètres lisses en ligne droite le vent violent de la vitesse les petites autos folles dans les tibias des promeneurs il se mettait la longue-vue en bas du ventre il tapait dedans pour la rentrer c’était télescopique

les autos les glaces les voiliers les drapeaux mais ils ne se baignaient pas dehors le jardin avait une plage à lui le sable était boueux il puait la pourriture et coulait en pente très douce sous l’eau ils se passaient de maillot de bain leur derrière étroit avait l’air nu tout nu

bien vêtus les joues fraîches la culotte repassée chemise blanche et cravate leur bonne les accompagne et les enfants pauvres détournent les yeux la bonne se laisse baiser par les plus précoces les autres y assistent et ils échangent des coups de coude

une quantité de linge pendu le blanc la couleur le long de grands fils mous

la bonne les énerve parce que ses poils de motte piquent elle les trouve longs elle se les coupe ça repousse plus dur que des épingles le gamin se tenait à distance il niquait du bout du nœud il gardait son petit foutre et quand ça le titillait trop il sautait en arrière il se jutait plein les doigts elle le lui aurait bien boulotte son foutre à l’enfant le derrière coquin fait les montagnes russes et la bonne frétille des pieds comme si un chien les lui léchait ses gros pieds nus corne orange durillons vieilles savates bleues à pompon elle imitait la pomme cul en l’air et sa jupe s’abattait sur sa taille elle n’avait pas de slip mais un cul et des cuisses et des poils et une bouche rousse pincée inexpressive l’enfant devenait écarlate il affirmait je t’épouserai plus tard

elle pleure dans le couloir avec des hoquets et le poing sur un œil ses cheveux raides lui font honte le garçon à casquette cherche la femme sa longue-vue rose sous la jupe vers le gros cul

elle change les draps taches immondes se surveiller les jupes quand on passe le balai toujours un mioche prêt à la trousser vice dans la peau ils se rattrapaient entre eux les lits souillés les sandwichs qu’ils dévorent miettes sur les draps que la bonne époussette les garçons tout nus l’aguichent tirent leur zizi lui frôlent le cul murmurent oh t’es belle ma grosse soupe il s’écriait ouf et se reboutonnait

un moment son sperme n’en pourra plus il va sauter bondir joyeux petit fou un grand jardin autour de la maison on sort v’là l’jardin i t’plaît on s’assoit ? un terrain vague je dis oui

quand il va sauter plus besoin de ces longs coups de reins mais une friction très courte insistante obstinée au fond du cul le nœud coincé serré qui se gratte le frein à un grain de merde ou qui poursuit sa course rapide comme un ongle racle une croûte un bouton une crotte sur une vitre et toujours plus au fond au fond

viens on va voir l’eau on voyait l’eau le bord de l’eau il dit c’est la mer on disait c’est la mer

bleue il remue le lit remue il s’arrête son foutre a bondi joli jardin je me retourne je remonte mon slip je dis

ça c’était bien

oui c’est bien à la fin quand ça fait un truc

quel truc ?

quoi tu sais pas ?

au bord de la mer on regarde je ne l’avais jamais vue je la reconnais l’eau on dit la mer oh la mer j’ai vu le ciel autrefois à la ville un bleu le ciel la mer les usines au ciel les nuages en mer les bateaux cheveux blonds les genoux tremblent un peu les hanches tapent tapotent clapotent on sort du blockhaus je suis tranquille il est gentil il m’a invité dans leur maison je lui donnerai mon nom c’est lui qui le dira

nuit claire la masse grise rugueuse du ciment et nous deux indécis on s’en va ou on recommence ? je n’étais pas sûr d’avoir l’âge il me dit que si       il m’a pris la quéquette par le crâne ses doigts en mouchette mouche-chandelle il me secoue le bout ensuite il m’a expliqué ce que c’était et dans le derrière ça marche aussi c’est fait pour qu’on le mette dans le derrière des gens mais pas dans le sien à soi ah non c’est pas prévu il essaie en se tordant la pine entre les jambes il rit il dit ah je l’sens il s’est senti son bout mou contre son trou mou c’est rigolo tiens essaie toi j’essaie mais elle est trop courte j’ai encore tout court la culotte le souffle les doigts les pieds le nez je voudrais bien en avoir des grands pieds comme les grands

dans le blockhaus ils avaient caché des bougies des couvertures un oreiller de duvet d’oie et des mangeailles j’avais compris on y était il fallait y être et tout existait

ils ont recueilli les enfants un par un la femme du directeur recrutait à la campagne et lui à la ville elle visitait chaque taudis du port et chaque masure de l’arrière-pays à seigle et à cochons elle était docteur elle venait seule elle tâtait les joues les mollets elle examinait les dents elle vérifiait les culs estimait les cheveux les organes génitaux       elle achetait les garçons corrects le prix d’une bicyclette garde-boue chromés deux freins sonnette lanterne avant et cataphote arrière mais les gamins un peu gâtés qui leur serviraient de victimes elle ne les payait qu’un demi-cochon la moitié la moins nourrissante       certains garçons trop faibles ou trop stupides on leur ôtait les couilles on les piquait aux hormones ils devenaient fillettes on les tuait aussi et ça ne rapportait que trois poules aux parents à cause des frais médicaux       elle marchandait les beaux enfants les bien bâtis bien membres culs croquignolets zizis insolents et figures avenantes ceux qui font l’attendrissement des aïeules la fierté des familles elle proposait le prix d’un bateau de deux bateaux de trois bateaux elle ajoutait des voiles et des moteurs des cornes de brume des radars et certains parents finissaient par céder leur rejeton qu’elle emmenait dans sa voiture américaine elle abandonnait les trousseaux minables les valises cabossées

et seul à sa fenêtre pour se souvenir de sa maison quand la pluie tombe et les jours gris

une goutte de pluie s’écrase sur un rebord de fenêtre toutes les deux ou trois respirations qu’il fait

petit choc la matière sonne creux bois rongé de l’intérieur feuille de zinc noircie bruit lent régulier unique dans le murmure de l’averse les yeux un visage derrière les rideaux la chambre d’attente et sous les paupières lente émission de liquide salé qui gonfle

les murs jaunes le bruit m’intrigue j’ouvre je me penche qui c’est qui lance des cailloux c’est le zinc je reçois une goutte sur le crâne je me passe le doigt dans les cheveux je le ramène couvert de sang tiède les larmes sortent avec des miaulements des soupirs qui aident à les pousser dehors il s’habituera je contemplais les barques à voile

le vide de la maison tant de chambres sans personne quand il rit il montre les dents la langue et jusqu’au trou du

on me bichonne on me promène en barque le rameur est affairé satisfait peau claire leur genre cheveux châtain caressés yeux noisette et l’écureuil affectueux qui me les grignote puis ma bouche aussi ils sont embrasseurs on va sur la jetée ?

promenade à pas vifs deux ou trois kilomètres au crépuscule les oiseaux de mer un enfant pieds et jambes nus poudrés de sel il cherche des crabes des coques des solens il dit bonjour dans le vent glacé qui nous frappe au visage on a pris un sentier glissant périlleux en à-pic sentier pour galopins adroits ou douaniers fins gymnastes au pied sûr et j’accepte d’y passer

y passer il me montre à un moment une crique blanche au creux des éperons de roc noir on s’y baignera tout nu

il était couché sur le côté appuyé à un coude il lisait jambes repliées genoux grands ouverts ma main se posait sur l’intérieur d’une cuisse douce chaude blonde ronde il disait quoi tu veux encore ça ?

oui

on se déshabille au vent on se tourne le dos il a fini avant moi je l’entends qui plonge vite

je cache mon ventre d’une main la chose menue risible ses peaux ses glandes viscères pâlichons sortis un paquet comme deux reins de souris et un bout d’intestin pendant

il l’aperçoit il a une expression bizarre il ne faut pas on ne veut pas on n’a rien

il se redresse dans les vagues il ruisselle il l’a et longue dressée sur un ventre à touffe brune

cache ça       me touche pas

je recule la chose tendue me frappe le ventre il m’attrape par la taille il se couche à moitié sur moi il presse ma bouche je me raidis de dégoût il est mouillé la peau très froide les muscles solides les joues brûlantes et tout content

sur moi comme des loups leur nombre leur force je ne vis que si je suis leur victime je serai eux j’attendrai ils cognent tordent étranglent certains ont une pierre à la main ils essaient de me contraindre à des cochonneries ils me jettent à genoux je baisse la tête le plus grand tape pesamment sur mon crâne avec son poing fermé il répète t’y vas oui ? un autre passe derrière moi et me prend un bras pour le tordre je relève brusquement le front il tord plus fort l’autre m’envoie deux gifles ma figure part à gauche à droite mon nez saigne

ce serpent qui me salirait partout l’animal rose partout chacun un la crique déserte et le mien

le mien droit avide peut-être ma bouche contre la sienne il ne pleure plus je la supporterai on est debout face aux vagues la nuit

le vent du large nous fait frissonner mes cheveux s’envolent s’emmêlent aux siens il les écarte voilà j’ai touché sa bouche mais il se colle à moi sa langue ouvre mes lèvres aucun enfant ne je veux bien

sexe durci devant mes yeux il aime cette chose il la flatte il lui obéit je suis paralysé il fouille touche sollicite je réagis j’ai ce plaisir dans sa main le chemin vertigineux sur les rochers noirs je me mets péniblement debout

j’essuie ma figure je respire à la fenêtre je saigne du nez ça coule de chaque côté de ma bouche et se rejoint au menton grosses gouttes grasses qui colorent l’appui de fenêtre

ils montaient l’escalier d’un même pas je n’ai pas essayé de m’enfuir le grand me montre un vieux fouet moisi qu’il a dû trouver dans la cave il lève le bras et la lanière me cingle en plein visage mon cri est si brutal que son bras s’immobilise ils me traîneront ce soir au blockhaus et ils continueront un garçon me surveillera jusque-là par peur que je me sauve       il me raconte qu’ils ont le droit de tuer qui ils veulent de pauvre

ils ont d’énormes pierres en coton trempé de colle ils me les lancent dessus je braille ensuite un fouet en feutre et je braille encore et l’huile bouillante à bronzer       tous les gamins de la plage se sont rassemblés autour de nous ils s’amusent ils tripotent le panier d’accessoires on me condamne à descendre dix fois le toboggan

les supplices d’après on m’enlèvera mon slip on chasse les curieux et on file dans le blockhaus là au milieu d’une pièce ensablée j’attends les tigres ils galopent en maillot de bain de tigre ils rugissent et me donnent la patte et s’y prennent à deux ou trois pour me lécher partout où ça chatouille je gigote par terre

oh merde on est en retard       c’est l’heure de dîner elle est passée

faut qu’on se taille       le garçon qui a une montre me serre la main et dit dommage on jouait bien on se reverra non ? je dis je sais pas

je n’habite nulle part je me suis sauvé de là-bas je suis seul sur la plage la dernière heure de toutes le soleil déjà tombé et le ciel d’orage qui avance avec la nuit j’ai le temps de chercher quelques coquillages à manger je pense qu’ils ont de la chance de rentrer dormir dans une maison et les jouets et le lit et la place la même place chaque jour à une table où on mange ensemble

un crabe noir m’a pincé un doigt je ne voulais pas attraper de crabe ça ne se mange pas cru il tient fort je secoue la main je crie arrête ! il faut crier pour se protéger       je rejoins la barque où j’ai laissé mes habits je les remets à cause du froid ils ont un dortoir et un lit chacun sauf ceux qui sont mariés qui ont un grand lit pour deux ils ont dit mariés j’ai dit quoi copains ? ils ont dit oui copains quoi

il y a trop de vent je quitte la plage je me dirige vers les lumières des premières rues en arrière de la dune je longe les jardins la rue est droite très longue elle s’éloigne de la mer je la suis

après je continue dans la nuit il y a encore quelques maisons puis seulement des touffes noires de pins et la campagne sombre qui s’étale la rue devient une route je préfère un chemin à côté

je reconnais les croix d’un cimetière au-dessus d’un long mur je le dépasse en ayant peur je vois loin devant moi une forêt ou une ville éteinte je n’irai pas je m’installe à un tas de pierres c’est aucun endroit

je peux les soulever une à une et bâtir un carré ici ce sera la porte ou non pas de porte j’enjamberai les murs pas de fenêtre puisqu’il n’y aura pas de toit

ici ce sera mon lit ici ma table je pose à manger dessus j’ai un couteau un sifflet un zouave en plomb à peinture écaillée que j’ai ramassé dans un caniveau je les pose tous trois ce sont mes jouets je mettrai mes vêtements là et je prendrai sous mon oreiller là mon pyjama là qui attend il est bleu ciel là comme le ciel il va pleuvoir je me rappelle un bout de plastique avant le cimetière il faut que j’aille le chercher

un rang de pierres en plus sur mes murs et un autre rang pour coincer le plastique c’est un sac d’engrais noir à lettres vertes j’ai un toit maintenant et les gouttes d’eau crépitent dessus je me dis on est bien au lit quand il pleut dehors je me couche moi mon lit il est doux la terre est déjà mouillée je ferais mieux d’essayer le cimetière il y a peut-être une cabane un trou mais je n’ose pas m’approcher des morts

encore imaginer que je vais dormir

je soulève le milieu du plastique en pointe avec ma tête et l’eau ne coule pas à l’intérieur ils ont fini de manger ils doivent regarder la pluie sur les carreaux moi je ne la vois pas je l’empêche d’être ici

c’est plus facile de voler à la campagne qu’à la mer c’est plus facile de s’abriter aussi et les gens vous parlent un peu ils s’étonnent mon petit qu’est-ce que tu fais donc ? je n’ai pas l’air méchant et quelquefois on me donne un bout du pain qu’on vient d’acheter à la boulangerie il est bon il est encore chaud il croque

dans la forêt j’aurais reçu la foudre je ne crains plus beaucoup les orages ils sont vivants ils finissent et quand le ciel s’ouvre après on a envie de jouer       j’ai de plus en plus froid je ne claque pas des dents elles ne se touchent pas tout à fait je commence à bâiller je recommence à imaginer que je dors j’imagine que c’est l’hiver il y a une lumière dans la neige les gens m’y verront couché ils me parleront je me coucherai exprès je ferai semblant tout le matin et tout le soir avant la nuit tant que les gens passent sinon c’est trop tard la neige ne tue pas j’aurais eu un âne il est mort j’étais plusieurs jours sans manger ces jours-là parce que je n’avais pas faim il n’a plus de nom je ne sais plus il ne répond pas

les éclairs craquent je les devine sous le plastique noir l’orage ne s’arrêtera pas ici il ira sur la mer les paquebots les cargos les chalutiers les remorqueurs les voiliers je les connais il y aura une tempête les passagers s’abritent dans leur cabine on se tient à des rampes on est courageux on dit c’est un grain ayez pas peur et on rit de ne pas vomir

c’est à cause des voiles que je suis venu parce que sur les rivières les autres garçons promènent des bateaux j’en ai fait un aussi avec une planche rouge et un bâton et des ficelles le courant l’a emmené je le retrouverai peut-être on voyage tous les deux et la rivière l’a poussé jusqu’à l’océan il est très loin maintenant ailleurs au grand soleil très loin au large vers les îles

1970-1972.


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