Amor vincit omnia (Caravaggio)

De BoyWiki
Révision datée du 14 avril 2012 à 12:43 par Philadelphe (discussion | contributions) (Page basée sur le message https://www.legarcon.net/messages/245914.htm (avec l'aimable autorisation de B&B) et le thread qui le suit + compléments.)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)

Amor Vincit Omnia est une œuvre peinte par Michelangelo Merisi da Caravaggio dit le Caravage en 1602. La toile figure dans de nombreux ouvrages comme L'Amour victorieux, L'Amour Vainqueur ou plus rarement mais de façon plus exacte, l'amour triomphe de tout.

Cette œuvre de grande dimension (1,50  m sur 1,10  m) est habituellement visible à la Gemäldegalerie de Berlin.


Description

L'amour en question est figuré sous les traits d'un jeune garçon d'une douzaine d'années nu, conformément à la mythologie gréco-romain (Eros/Cupidon). Il est ici représenté peu ou prou en taille réelle, de face, les jambes largement ouvertes sur un sexe qui n'est pas le moins du monde dissimulé mais au contraire à l'intersection de plusieurs lignes de force de la composition. Sa pose (peu académique et certainement inconfortable pour le modèle), sa tête inclinée, la légère rougeur de ses joues et son sourire semblent des invitations à partager ses jeux. Le drap froissé qui recouvre la table sur laquelle est posée la jambe gauche évoque irrésistiblement un lit. Le rendu réaliste des *imperfections* du corps (les plis de la peau, les tons de la chair) ramènent eux aussi cette scène à un réalisme très concret et à la connotation sexuelle de tout le tableau. Cette sensation presque tactile est parachevée par la plume de l'extrémité de l'aile gauche qui caresse la cuisse d'un mouvement très sensuel.

Et même l'aspect symbolique de l’œuvre ne dément pas cette impression : l'ange enjambe, répandus à terre et en désordre, des objets symboles de la gloire profane (armure, couronnes, instruments de musique...). L'Amour est vainqueur de tout. Et en l'occurrence, c'est bien l'amour charnel, l'amour physique qui est ici vainqueur. Et cet amour est un jeune garçon...


Contexte historique et artistique

Le commanditaire de la toile était Vincenzo Giustiniani, aristocrate et banquier romain.

Le réalisme de la représentation dérangea certains contemporains du Caravage : le garçon, ici, n'est pas une figure idéalisée mais un garçon en chair et en os qui tient un rôle (ce reproche concernait d'ailleurs presque toutes ses peintures). L'un de ses concurrents, Giovanni Baglione, lui a adressé une critique originale en peignant L'Amour sacré et l'Amour profane dans lequel un ange en armure corrige avec une lance de lumière un ange presque nu, au sol, qui évoque irrésistiblement celui de l'Amour Vainqueur.

Le modèle de l'Amour Vainqueur a servi pour plusieurs toiles du Caravage à peu près à la même époque.