La pédophilie en question (texte intégral) – III-08 g

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LE PÉDOPHILE DEVANT SES JUGES



Un homme qui a des contacts sexuels avec quelques garçons de douze à seize ans et un de neuf ans, alors qu’il est avéré que ces garçons l’ont recherché de leur propre initiative et n’ont été contraints en rien, a beaucoup de chance, en Hollande, de s’en sortir la première fois avec une simple mise en garde afin que cela ne se reproduise plus. En cas de récidive, il subirait peut-être une peine de prison, au grand maximum de quelques mois.

Une peine de dix ans de prison ferme, réduite à cinq ans, telle qu’elle fut infligée à Claude Drieghe par le tribunal de Bruxelles, nous laisse rêveur et consterné. Surtout si nous songeons que Claude Drieghe aurait sûrement été jugé avec plus d’indulgence s’il avait violemment maltraité un enfant. Pour celui qui bat un enfant et l’envoie à l’hôpital, il y a toujours beaucoup de circonstances atténuantes à présenter : l’enfant était énervant et assommant, le prévenu a lui-même été un enfant battu, il était saoul ou fatigué au moment des faits, ou autres choses semblables.

Le juge peut, de lui-même, admettre toutes ces raisons, puisqu’elles lui rendent les faits compréhensibles. Mais le juge ne peut, ou mieux ne VEUT pas imaginer que quelqu’un puisse laisser un enfant jouir de son corps. À ses yeux, un tel comportement est aussi incompréhensible que pervers. En fait, on en a voulu à Claude Drieghe d’avoir autant de succès dans sa fréquentation des jeunes garçons. En effet, il a obtenu d’eux de faire des choses que d’autres n’auraient pu obtenir malgré tous leurs efforts : ces garçons aimaient aller chez lui et avoir des rapports sexuels avec lui.

La presse s’est donc empressée de noircir le prévenu. Les journalistes savent que le grand public se délecte de ce genre d’affaires et que les inventions les plus fantaisistes au sujet d’orgies collectives, de photographies et de films pornographiques, d’enfants livrés sans défense à des brutes sexuelles, sont acceptées comme pain béni.

Et pourquoi tant de lecteurs dévorent-ils de telles histoires avec tant d’empressement ? Simplement parce qu’elles répondent à leurs propres fantasmes masturbatoires. En tout être humain, il y a un plus ou moins grand pourcentage d’intérêt sexuel pour les enfants. Et ceux qui nient le plus farouchement partager cette inclination, ceux qui la cachent aux autres et la décrient comme immorale, sont généralement ceux qui en sont le plus possédés. C’est pourquoi ils aiment entendre parler de ces choses.

Le compte rendu d’un scandale de mœurs assouvit leurs désirs les plus intimes, exactement comme les combats de boxe et autres compétitions sportives satisfont leurs instincts sadiques. Les journalistes avisés le savent fort bien et l’exploitent habilement. Les faits ne sont-ils pas assez excitants, alors on ajoute un peu de fantaisie. Et peu importe que par de tels écrits un être humain respectable soit mis au ban de la société : la seule chose qui compte, pour les feuilles à sensation, c’est « le poids des mots et le choc des images ».

Il est vraisemblable que Claude Drieghe s’est vu condamné si lourdement à cause précisément de la défense de principe qu’il a présentée. Si, dans une affaire politique, le prévenu soutient la justesse des principes qui ont inspiré sa conduite, cela constitue souvent des circonstances atténuantes. En revanche, dans une affaire de mœurs, une telle attitude aggrave les faits aux yeux du juge. Le juge veut entendre son repentir, il veut l’entendre dire qu’il regrette ce qu’il a fait et qu’il ne recommencera pas. Mais s’il dit « La loi est mauvaise. Ce que j’ai fait n’a rien d’immoral. Loin de faire du mal à ces enfants, je leur ai appris de belles choses », alors le juge s’efforcera de maintenir le plus longtemps possible ce coupable à l’écart de la société.

Le pédophile qui, au tribunal, défend la valeur de son amour, montre un courage admirable. Cela ne fait aucun doute. Mais le prix qu’il doit payer pour cela (une interminable peine de prison, voire un internement psychiatrique) est si lourd que nous devons nous demander si le résultat obtenu vaut vraiment le sacrifice.

C’est une tragique vérité que ce résultat n’est que très faible, ou même totalement nul. La situation, à l’audience, n’est pas favorable à une conversion du procureur ou du juge par celui qui est assis au banc des accusés. Et même si, de temps en temps, un magistrat est impressionné par ses arguments, qu’aura-t-on gagné ? Les juges et les procureurs ne font pas les lois, ils se contentent de les appliquer. Quant aux journalistes qui assistent à l’audience, ils ont avantage à noircir le prévenu.

Je ne puis concevoir qu’un effet si aléatoire et si précaire vaille un tel sacrifice lorsqu’un homme qui n’a rien fait de mal doit dépérir pour cela pendant des années en prison. Un homme doué comme Claude Drieghe (j’ai pu apprécier ses dons et ses talents au travers d’une correspondance abondante) peut faire cent fois plus, en liberté, pour l’émancipation de la pédophilie, que lorsqu’il tourne en rond, inutilement, dans une cellule.

Le pédophile doit-il alors, dans la salle d’audience, courber la tête avec humilité, s’excuser et attester de son regret pour la scandaleuse débauche à laquelle il s’est livré ? Peut-être cela l’aiderait-il à obtenir une peine plus légère, mais il y galvaude son honneur et son amour-propre. Ce n’est pas non plus une solution.

Je crois que le pédophile et son défenseur peuvent choisir une troisième voie qui, d’un côté, n’abdique pas les principes, et cependant, d’un autre côté, permet au juge de sauver la face. Que le pédophile reconnaisse d’abord calmement qu’il est pédophile. Son avocat pourra alors faire valoir qu’une telle conscience de sa propre nature lui permet de mieux contrôler ses penchants, alors que ces mêmes tendances, refoulées, auraient pu devenir obsessionnelles et éclater en suites désastreuses.

Que le pédophile déclare ensuite qu’il est intimement convaincu que ses rapports sexuels n’ont pas causé de tort aux enfants, qu’il n’a jamais observé chez eux le moindre traumatisme, qu’il aime les enfants et ne veut leur faire que du bien, qu’il a toujours respecté leur liberté et n’a jamais rien fait contre leur gré. Son avocat peut alors faire remarquer que la conviction que les enfants ne sont pas traumatisés par des rapports sexuels librement consentis est partagée par un grand nombre de sexologues et de psychologues renommés.

Enfin, le pédophile peut dire qu’il est profondément choqué par son arrestation et par les conséquences qui s’ensuivent pour ses petits amis, pour sa famille et pour lui-même. Que ceci lui montre clairement que notre société n’est pas encore prête à accepter sa conduite et qu’elle la rejette fermement. Que, puisqu’il doit vivre actuellement dans cette société, tant que la loi ne sera pas changée de manière plus équitable, il s’efforcera d’éviter de nouveaux conflits. Que c’est pour lui une épreuve difficile, quand le groupe d’âge le plus attirant pour lui ne se situe pas près de la limite d’âge légale. Et qu’il accepte donc volontiers l’aide compréhensive d’un spécialiste.

Dans la formulation d’un tel souhait, il n’y a rien de déshonorant, rien d’obséquieux. Le pédophile reste la tête haute. La société et ses lois sont dans l’erreur, mais il reconnaît leur suprématie. Son point de vue va à l’encontre de celui du juge, mais celui-ci peut le respecter, car il ne le provoque pas. Cela lui permet de traduire éventuellement par une peine légère la sympathie qu’aura éveillée en lui la personnalité du prévenu.

L’Espoir, n° 28, nov.-déc. 1986.



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Table des matières
Page de titre. En exergue
Remerciements, par le pasteur Joseph Doucé
Sommaire
Préface, par le docteur Jacques Waynberg
Introduction, par le pasteur J. Doucé
    I. TÉMOIGNAGES
1) Fragments d’un discours impossible, par Hugo Marsan
2) Interview d’Antonio, par le pasteur J. Doucé
    II. JURIDIQUE
1) Les relations sexuelles des mineurs selon le droit français, par Pierre Lenoël
2) Pédophilie et responsabilité, par Anneke S. C. Visser
3) La pédophilie en Italie, par Piergiovanni Palminota
    III. Dr EDWARD BRONGERSMA
Biographie du docteur Edward Brongersma
a) Un autre regard
b) L’adieu
c) Un pionnier : Hajo Ortil
d) Le consentement de l’enfant
e) Les pédophiles et la Justice
f) Pornographie et législation
g) Le pédophile devant ses juges
h) Jeunesse et sexualité
i) Pères et fils
j) La situation aux Pays-Bas
    IV. PSYCHOLOGIE
La pédophilie : quelques réflexions, par le pasteur J. Doucé
    V. CHRISTIANISME ET PÉDOPHILIE
L’Église et les pédophiles, par le pasteur J. Doucé
Documents :
a) Lettre aux pasteurs de paroisse d’Églises protestantes néerlandophones de la Belgique, par le pasteur Thijs Weerstra
b) La pédophilie : menaçante ou… non comprise, par le pasteur Th. Weerstra
c) À propos de l’enfant, de la sexualité et de la Bible, par le pasteur Th. Weerstra
d) Groupe de travail œcuménique pédophile en Flandres
e) Le processus de l’autoacceptation
Vers une pastorale des pédophiles, par le pasteur Alje Klamer
    VI. LITTÉRATURE ET PÉDOPHILIE
Littérature et pédophilie, par Gérard Bach
    VII. ASPECTS DU MOUVEMENT PÉDOPHILE
par Maurice Balland, Érick Pontalley, etc.
Introduction. – I, Pays-Bas, Belgique, France
II, Allemagne. – III, Suisse. – IV, Angleterre. – V, Pays scandinaves. – VI, États-Unis
VII, Position de l’I.L.G.A. – VIII, Pedophile Information Pool
    VIII. BIBLIOGRAPHIE ET DOSSIER DE PRESSE
par Pierre Fontanié et Maurice Balland
A — F (Abu-Nuwas → Franco)
G — L (Gagnon → Louÿs)
M (Man → Musil)
N — Z (Nabokov → Ziegler)
    IX. ANNEXES
a) Index des noms cités
b) Chez le même éditeur
c) Information : C.C.L.
4e page de couverture

Voir aussi

Source

Articles connexes

Notes et références