Séraphin, c’est la fin ! (Gabriel Matzneff)

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Séraphin, c’est la fin ! est un recueil d’essais de Gabriel Matzneff, paru en 2013.

Composition

La soixantaine de textes réunis dans cet ouvrage ont presque tous été publiés précédemment, entre 1964 et 2012. Il s’agit soit de chroniques parues dans des publications comme Combat, Le Figaro ou Le Monde ; soit de conférences et de préfaces ; soit encore de « Nouvelles chroniques » du site www.matzneff.com.

On note en particulier les textes suivants, qui abordent le sujet de la « philopédie » chère à l’auteur :

  • À propos du viol, p. 79-94 (conférence prononcée le 13 décembre 2007 à la librairie Mollat de Bordeaux, lors du colloque international « Viol, violence, corps et identité »).
  • Casanova ou la victoire sur la mort, p. 150-180 (conférence prononcée le 10 juillet 2010 à Montpellier, dans le cadre des manifestations « Casanova forever »).
  • René Schérer, éveilleur, p. 193-200.

Distinction

Dernier volume d’un ensemble de six,[1] Séraphin, c’est la fin ! a obtenu en novembre 2013 le prix Renaudot de l’essai, au grand scandale de divers adeptes de l’antipédophilisme.

Cette distinction lui a été décernée par un jury composé de Frédéric Beigbeder, Patrick Besson, Dominique Bona, Georges-Olivier Châteaureynaud, Jérôme Garcin, Louis Gardel, Franz-Olivier Giesbert, Christian Giudicelli, Jean-Marie Gustave Le Clézio et Jean-Noël Pancrazi.

Citations

L’amour et la beauté sont les noms humains de Dieu, notre unique réponse au désespoir et à la mort, notre décisive victoire sur l’enfer.
  • Gabriel Matzneff, Séraphin, c’est la fin !, La Table Ronde, 2013, p. 62

Le mot de pédophilie, qui se veut infamant, est piégé, infecté par ceux qui l’utilisent sans savoir ce dont ils parlent, puisque dans leur bouche il recouvre une tranche d’âge qui va du berceau au baccalauréat.
  • Gabriel Matzneff, Séraphin, c’est la fin !, La Table Ronde, 2013, p. 92

Hier, lorsqu’on parlait de philopédie, on songeait à Straton de Sardes, à Théocrite, à Catulle ; aux anges de Véronèse ; au mariage du duc de Lauzun ; aux écolières de Casanova ; aux nymphettes d’Ingres ; au Svidrigailov de Dostoïevski dans Crime et Châtiment ; aux photographies du baron von Gloeden ; à Jeunes filles en uniforme de Léontine Sagan ; au Blé en herbe de Colette (et d’Autant-Lara) ; au Tour d’écrou d’Henry James (et de Benjamin Britten) ; à Mort à Venise de Thomas Mann (et de Luchino Visconti) ; à Lolita de Nabokov ; aux toiles de Balthus. Nous étions dans un monde civilisé.
  • Gabriel Matzneff, Séraphin, c’est la fin !, La Table Ronde, 2013, p. 93

À présent, le terme « pédophile » est devenu un synonyme de violeur d’enfant, un synonyme d’assassin. Et l’homme (ou la femme) qui vit un grand amour avec une fille (ou un garçon) de quatorze, quinze ans, est mis(e) par l’opinion publique dans le même sac d’abjection que la brute qui viole un enfant sans défense.
  • Gabriel Matzneff, Séraphin, c’est la fin !, La Table Ronde, 2013, p. 93

Pour que vous soyez entendu, vous devez parler la même langue que ceux qui vous écoutent ou qui vous lisent. Or, quelle langue commune avez-vous avec une société qui, lorsque vous lui parlez des amours de Byron, vous rétorque les crimes de Dutroux ? À un tel degré de bêtise et de mauvaise foi, la seule attitude raisonnable est le silence.
  • Gabriel Matzneff, Séraphin, c’est la fin !, La Table Ronde, 2013, p. 93-94

Quatorze ans, c’est l’âge que j’avais moi-même, lorsque je fus dragué, séduit, initié aux plaisirs de l’amour, dévirginisé, « violé » dirait le code pénal, par la sœur aînée d’un de mes camarades. Elle était beaucoup plus âgée que moi, très jolie, très sensuelle, très douce. Je garde de cette première expérience un souvenir tendre, enchanteur.
  • Gabriel Matzneff, Séraphin, c’est la fin !, La Table Ronde, 2013, p. 94

Tu es un homme original, une âme sensible, un tempérament singulier. Les êtres comme toi sont toujours en porte-à-faux dans la société. Moi, je m’y sens en porte-à-faux depuis l’âge de huit ans. Cela ne m’empêche pas de vivre, et d’être heureux. Qu’as-tu besoin de l’approbation des autres ?
  • Gabriel Matzneff, Séraphin, c’est la fin !, La Table Ronde, 2013, p. 134

Ce n’est qu’avec la prise du pouvoir par la bourgeoisie d’argent, au dix-neuvième siècle, qu’on va commencer, du moins en Occident, à élever un mur de protection moralisatrice, puritaine, autour des adolescents de l’un et l’autre sexe, pour aboutir de nos jours au nouvel ordre mondial des psychiatres de gauche et des quakeresses de droite, au « sexuellement correct », qui, importé d’Outre-Atlantique, s’est dorénavant impatronisé sur la planète.
  • Gabriel Matzneff, Séraphin, c’est la fin !, La Table Ronde, 2013, p. 167

On entend, on lit de telles sottises sur la philopédie (je préfère, mes lecteurs le savent, « philopédie » à « pédophilie », qui a un je-ne-sais-quoi de pharmaceutique qui me rebute), et le récent scandale des prêtres catholiques tripoteurs d’enfants de chœur a été le prétexte à tant de vertueuses indignations, que, par crainte de se faire insulter, les gens d’esprit hésitent désormais à s’exprimer sur ce thème.
  • Gabriel Matzneff, Séraphin, c’est la fin !, La Table Ronde, 2013, p. 168

Un jour le vent tournera, les gens seront las de se voir dicter par l’État, la Justice et la police ce qu’ils doivent penser, écrire, fumer, manger, aimer (et surtout ce qu’ils ne doivent pas penser, écrire, fumer, manger, aimer), ils se dresseront contre ce fascisme de la santé et de la vertu qui nous surplombe, prétend régenter nos vies […].
  • Gabriel Matzneff, Séraphin, c’est la fin !, La Table Ronde, 2013, p. 197

Voilà déjà longtemps que La Charte des enfants publiée en 1977 par notre ami Bertrand Boulin a été détournée de son sens et « récupérée » (comme on dit) par les pires ennemis du droit des enfants et des adolescents. Sous prétexte de les protéger, la société adulte trace autour d’eux un véritable cordon sanitaire, un nouveau mur de Berlin. « Non seulement les enfants ont des droits, écrit Schérer, mais ils étouffent sous eux. » Aujourd’hui, nos adolescents sont mis en cage par une législation à prétentions pédagogiques dont le plus clair effet est de les empêcher de disposer d’eux-mêmes, de leur cœur, de leur corps, de leurs caresses et de leurs baisers, leur interdit de circuler librement, de se lier d’amitié ou d’amour avec des adultes autres que ceux désignés par l’institution.
Jadis, on expliquait à l’enfant, à l’Émile de Rousseau, que la masturbation rendait fou ; à présent, on lui apprend à se méfier des vilains messieurs, et à les dénoncer à la police.
  • Gabriel Matzneff, Séraphin, c’est la fin !, La Table Ronde, 2013, p. 198

Vive la vie, vive l’amour, et merde au puritanisme petit-bourgeois, merde à ceux que le grand Frédéric Lemaître, incarné par Pierre Brasseur, appelle, dans Les Enfants du Paradis, « un brouillard d’hommes » !
  • Gabriel Matzneff, Séraphin, c’est la fin !, La Table Ronde, 2013, p. 203

Voir aussi

Bibliographie

Éditions

  • Séraphin, c’est la fin ! / Gabriel Matzneff. – Paris : Éd. de La Table Ronde, 2013 (Clamecy : Nouv. Impr. Laballery, février 2013). – 272 p. ; 21 × 14 cm.
    Recueil de textes écrits de 1964 à 2012. – ISBN 978-2-7103-7006-2

Articles connexes

Notes et références

  1. Les autres volumes composant cet ensemble sont :
    Le sabre de Didi (1986)
    Le dîner des mousquetaires (1995)
    C’est la gloire, Pierre-François ! (2002)
    Yoghourt et yoga (2004)
    Vous avez dit métèque ? (2008)