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Dernière version du 2 janvier 2020 à 21:15
Le garçon dans la nuit est une nouvelle pédérastique de Maurice Balland.
Ancien élève d’un collège établi dans la grande banlieue de Paris, Norbert ne manque jamais la fête annuelle de fin d’année où il a l’occasion de retrouver quelques anciens compagnons d’études. C’est en même temps pour lui une journée agréable de détente qu’il ne voudrait pas manquer. La fête dure pratiquement toute la journée, avec repas le midi, et encore en soirée pour ceux qui désirent rester plus longtemps à rappeler leurs souvenirs d’école. Et puis, c’est si sympathique de se retrouver et de se communiquer les nouvelles intéressantes.
N’ayant pas de voiture, il prend le train et arrive à temps pour le commencement de la fête. À la fin, il trouve toujours un de ses amis possédant une auto qui le ramène à Paris. Il rentre alors assez tard dans la nuit, ce qui ne lui est pas habituel car il ne s’absente pas beaucoup le soir. Maintenant qu’il a la télévision, il va rarement au cinéma, et encore si cela lui arrive c’est plutôt dans l’après-midi lors d’un jour de congé ou un dimanche pour voir un film nouveau particulièrement intéressant qui ne sera programmé à la télé que bien longtemps après.
L’année passée, au dernier dimanche du mois de juin, après la fête, comme chaque fois, il fut ramené à Paris par l’un de ses amis qui pour lui rendre ce service dut faire un sérieux crochet rallongeant son itinéraire. Ne voulant pas abuser de sa gentillesse, ni le retarder davantage, il lui demanda de le laisser à la Porte de Saint-Cloud, se réservant de continuer à pied puisqu’il ne demeure pas loin de là. La journée avait été particulièrement belle, très chaude même, ce qui avait provoqué dans la nuit un violent orage qui se termina juste au moment où ils arrivèrent à Paris. La pluie ayant cessé, il pouvait marcher sans crainte d’être mouillé. Il avait à parcourir un bout de boulevard puis trois rues. À vol d’oiseau cela ne faisait pas une longue distance, mais il lui faudrait contourner le passage souterrain pour les voitures à l’extrémité du boulevard, si bien qu’il lui prendrait près de dix minutes avant d’arriver chez lui. Dans sa hâte d’aller au lit, il pressa le pas, car il était plus d’une heure du matin et il aurait à se lever comme d’habitude pour arriver à temps à son travail.
Presque parvenu à son immeuble, il remarqua dans un renfoncement protégé par une sorte d’auvent, et faiblement éclairé par la lueur d’un lampadaire proche, un garçon étendu à même le sol et qui dormait. Il s’arrêta, hésita ne sachant que faire. Allait-il le réveiller pour lui demander ce qu’il faisait là ? Puisqu’il dort, ce serait peut-être mieux de le laisser tranquille. Après tout, ce n’était pas son problème. La nuit est bien avancée et il a hâte de rentrer chez lui. Mais Norbert n’a jamais pu rester insensible en présence d’un enfant. C’est, pourrait-on dire, son point faible qui lui a parfois attiré des ennuis. De voir un garçon le met ordinairement en émoi et il cède facilement à la tentation de l’aborder. Quelquefois cela lui a réussi puisque c’est ainsi qu’il a pu en connaître et créer entre lui et eux une amitié durable.
Arrêté devant l’adolescent, autant qu’il peut le voir dans la pénombre, il essaye de le détailler. Son visage endormi révèle des traits élégants que met en évidence une belle chevelure abondante et claire lui laissant un front dégagé. La ligne des yeux fermés parallèle à celle des sourcils laisse envisager que son regard doit être direct et franc. Son menton paraît volontaire et ses lèvres serrées sont un peu crispées comme l’ensemble de son visage d’ailleurs, peut-être parce qu’il a dû subir une contrariété expliquant sa présence ici. Il dort un bras replié sous sa tête, l’autre le long de son corps avec la main engagée entre ses cuisses rapprochées, semblant vouloir protéger son sexe. Il porte un survêtement de sport de couleur foncée, des baskets aux pieds, comme s’il revenait d’un stade. Il est trempé, il a donc marché un certain temps sous l’orage avant d’échouer là. Norbert s’attendrit, il se sent déjà coupable s’il laissait ce garçon tout mouillé avec le risque d’attraper du mal bien que la saison soit clémente, assez chaude déjà. « Que fera-t-il lorsqu’il se réveillera ? se demande-t-il. Où va-t-il aller ? S’il est là, c’est que pour l’instant il est seul. Ou bien, il a dû perdre son argent et n’a pas pu rentrer chez lui… Ou encore ne se serait-il pas enfui de la maison ? » Que de questions sans évidemment de réponses immédiates. Enfin il se décide et secoue l’enfant.
Réveillé en sursaut, le garçon est pris de peur. Il le rassure :
— Ne crains rien, je ne suis pas un flic.
L’enfant esquisse un sourire mais ne dit rien, ne sachant comment s’expliquer.
Norbert lui parle doucement pour le mettre en confiance. Bientôt, ce jeune lui apprend qu’effectivement il a fui la maison après une altercation avec son père. Il a pris son sac de sport, celui-là qui vient de lui servir d’oreiller, puis il a claqué la porte. C’était au plus fort de l’orage. Trempé, il s’est mis là et s’est endormi.
— Que comptes-tu faire ?
L’enfant n’a pas d’idée. Il est désemparé. Mais ce qu’il redoute avant tout, c’est de retourner à la maison. Il ira, dit-il, n’importe où ailleurs. Ne voulant pas le laisser là, Norbert lui propose de l’emmener dans son appartement :
— Ce n’est pas loin, juste au bout de la rue.
Vraiment confiant, ou plutôt rassuré de n’être plus seul, l’adolescent accepte et suit l’inconnu.
Sitôt arrivé chez lui, Norbert déplie son canapé-lit pour que le garçon puisse continuer à dormir et il lui demande d’enlever ses vêtements pour les faire sécher. Le garçon reste alors en slip et maillot de corps puis, comme il n’a pas de pyjama, il se glisse à même entre les draps. Norbert eut juste le temps d’admirer sa sveltesse. Il se réserva de le détailler davantage au réveil. Pour l’instant, il savait son prénom : Gilles. Fatigué, il se mit rapidement au lit tant il avait envie lui-même de dormir.
Au matin, il a laissé l’enfant reposer et est allé rapidement chercher des croissants avant son réveil pour lui en faire la surprise lorsqu’il ouvrira les yeux. Tout en préparant le café, il le regarde. Ayant eu chaud, l’adolescent a rejeté les couvertures et il se présente couché sur le dos, comme abandonné, exposant tout son corps ou presque, un bras rejeté sur le côté, l’autre replié sur son ventre. Son maillot de corps s’étant relevé, on voit son buste jusqu’au-dessous du nombril, de quoi déjà exciter Norbert. Mais, en plus, il remarque au relief provoqué sur l’étoffe du slip que le garçon bande dans son sommeil, ce qui avive davantage son désir, d’autant que non seulement le sexe invisible se laisse deviner d’une belle ampleur, mais aussi la main de Gilles posée sur son ventre tout contre l’organe est comme prête à le saisir.
L’enfant réveillé, il lui apporte café au lait et croissants, le mettant en joie et en confiance totale. Sitôt le petit déjeuner avalé, il lui propose de prendre une douche pour lui faire du bien, ce que le garçon ne refuse pas. Aussitôt, il enlève le peu qu’il porte encore puis, nu, se met sous le jet. Le prétexte de lui apporter une serviette permet à Norbert de venir le regarder. L’adolescent n’en semble pas gêné, et même il se laisse laver le dos. « Dieu ! Qu’il est beau ! Et bien monté ! » pense Norbert tout en lui passant les mains sur le dos et les fesses. Ne le connaissant pas assez, il n’ose contourner ses hanches pour lui effleurer le ventre et descendre vers le sexe. Pourtant il n’en peut détacher ses yeux : une verge de bonne dimension qui doit être formidable quand le garçon est excité, des couilles plus grosses qu’un œuf, rebondies, pleines à craquer, et pour orner ces merveilleux bijoux une touffe de poils blonds frisés déjà abondants. Cet adolescent est presque un homme ! C’est en prenant sur lui-même, dans un grand effort de volonté que Norbert laisse le garçon finir de se doucher et s’essuyer seul.
Gilles habillé, Norbert lui demande ce qu’il a maintenant l’intention de faire. Le garçon refuse de retourner chez lui et propose de rester. Norbert lui explique que ce n’est pas possible, qu’il ne peut le garder plus de vingt-quatre heures, qu’il doit le ramener à ses parents ou le conduire au commissariat qui le prendra en charge.
— Comprends bien. Tu es mineur, alors il te faut rester avec tes parents ou, si tu ne le veux pas, on te placera dans un foyer. Quel âge as-tu exactement ?
— J’aurai quinze ans après-demain.
« Diable ! pense Norbert, je lui en aurais donné plus. Ah, que ne fût-il né trois jours plus tôt ! »
Gilles commence à lui devenir bien sympathique, il le garderait volontiers si c’était possible et bientôt il le mettrait dans son lit. « Mon Dieu ! songe-t-il encore, que suis-je en train d’imaginer ? »
Il apprend que le garçon habite dans l’avenue proche qui traverse l’arrondissement d’Auteuil à Passy, et que son père est médecin. Norbert voit, il sait où, il en a déjà entendu parler. Ce n’est pas loin du garage où il est employé au bureau de réception. Entendant parler de garage, Gilles exprime son désir de faire de la mécanique. Mais son père voudrait qu’il étudie la médecine, surtout qu’il est fils unique et devrait pour cela suivre les traces paternelles. C’est toute la raison du désaccord avec ses parents. La veille au soir, la discussion a été plus vive que d’habitude. Excédé, il a claqué la porte et, maintenant, il est bien avancé, ne sachant que faire.
Norbert réfléchit. Ce garçon est de bonne famille. Il ne doit manquer de rien, mais ne se rend pas bien compte de sa chance à côté de tant d’autres. Il faut le sauver. Comment ? Et, pense encore Norbert, comment aussi surtout se le réserver ? Il n’y a qu’un moyen, c’est d’aller voir ses parents, de discuter avec eux. Il se décide, téléphone au garage pour demander sa matinée puis, avec Gilles, se rend au cabinet médical certain d’y rencontrer son père.
Entre deux clients, ils sont reçus. Le docteur paraît solennel, autoritaire. D’emblée, il exige la soumission de son fils. Norbert aussi doucement que possible, en vrai diplomate, fait valoir l’intérêt de l’enfant, et fait comprendre que ce n’est pas ainsi qu’il faut le prendre :
— Reconnaissez que, maintenant, c’est un adolescent et non plus un bébé. Autant que je connais les garçons, à son âge, il demande à être compris et que ses désirs soient acceptés lorsqu’ils sont raisonnables. Sinon, il fuira encore la maison. Il n’y aura pas toujours quelqu’un honnête et compréhensif pour le recueillir. Il risquera de tomber dans les mains d’un proxénète qui le poussera à se prostituer ; ou de s’agréger à une bande comme il y en déjà trop ; ou il sera conduit par la police à un juge qui le mettra dans un foyer, ce qui ne sera pas mieux, il aura alors l’impression d’avoir été rejeté par ses parents. Il deviendra un déclassé. De nos jours, ce n’est plus une règle pour les enfants d’exercer la profession de leurs parents. Gilles n’aime pas les études classiques, il a un esprit pratique, un apprentissage lui conviendrait mieux. Il faut accepter cela. Si donc il a un métier qu’il aime, il restera honnête et ne gâchera pas sa vie…
Au fond, ce père avait du cœur. Il aimait son fils et ne voulait que son bonheur. Norbert arriva à le convaincre de changer le garçon d’établissement scolaire à la prochaine rentrée après les vacances et de l’inscrire dans un lycée professionnel de mécanique. Il assura qu’il aiderait Gilles et que celui-ci, d’ailleurs, pourrait être engagé dans son garage comme apprenti dans le cadre scolaire. Il ajouta :
— Vous savez, dans cette profession, si on est doué, on peut très bien devenir patron. Croyez-le, diriger un garage comme celui d’à côté où je suis employé, ce n’est pas rien. Ça vous pose un homme ! Il n’y a pas de sots métiers.
Gilles partit en vacances pour l’été, Norbert ne le retrouva qu’à la rentrée de septembre. Il le fit engager comme apprenti à son garage. Non seulement, il put le voir chaque fois que le garçon, en dehors des cours du lycée, était affairé autour des voitures, mais surtout, ce qui lui importa davantage, il le reçut souvent chez lui.
Intelligent et intuitif, Gilles comprit vite que pour remercier son grand ami et lui manifester un amour reconnaissant, le mieux était de s’enfiler ensemble entre les draps du lit et, pour cela, il vint de temps en temps passer la nuit chez lui. Tous deux nus, enlacés, ils se caressaient avant de s’accorder successivement par le fondement le plaisir dont le garçon se montra des plus friands. Il avait d’ailleurs de quoi combler son partenaire, ce que Norbert avait pressenti au premier jour qu’il le vit prendre une douche.
Norbert qui n’aime pas tellement sortir le soir ne regretta pas d’être rentré bien tard chez lui une nuit de juin et d’avoir eu la bonté de recueillir un enfant perdu dans la rue, en fuite du foyer familial, et de l’avoir remis dans le droit chemin en toute conformité avec la législation réglant le statut des enfants mineurs.