Hervé (Maurice Balland) – VII

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VII




Hervé parlait souvent de son copain Benoît Sauget, de sorte que le père Albin était parvenu à connaître assez bien ce garçon sans l’avoir vu encore. À son idée, il devait, lui aussi, être bien élevé car le jeune Morin ne pouvait avoir que de bons camarades. N’avait-il pas dit que les parents de Benoît et les siens étaient amis ? Les deux familles logeaient dans des baraques voisines. Il était normal pour les enfants de se rencontrer et de jouer ensemble.

Les deux garçons ne fréquentaient pas le même établissement scolaire. Hervé allait encore à l’école communale établie dans un baraquement au milieu de la Cité des Peupliers. De son côté, Benoît avait été placé par ses parents à l’école Saint-Jean tenue par des frères enseignants, et qui se trouvait du côté des casernes, dans un quartier qui souffrit particulièrement des bombardements. Par chance, cette école fut préservée et, hormis tous ses carreaux cassés, elle ne subit que de menus dégâts vite réparés. Les frères virent là un miracle et remercièrent la Providence de les avoir épargnés, ce qui évidemment ne fut pas le cas du lycée d’état ni du collège technique municipal, lequel faisait une sérieuse concurrence à la section technique de leur école. Par la suite, on regretta fort cette protection divine car l’école des frères conserva des locaux vétustes tandis que les autres établissements furent pourvus de bâtiments neufs et fonctionnels.

Autant que le père Albin put s’en faire une idée au hasard des conversations avec Hervé, son copain est de naturel heureux, d’esprit vif, doué de caractère, un peu baroudeur. Il doit aussi être émotif, il lui arrive de perdre les pédales en présence de difficultés imprévues.

Benoît est déjà dans la section technique à l’école Saint-Jean. Il n’y a rien d’étonnant à cela puisqu’il est d’un an plus âgé qu’Hervé ou presque. Il est aussi un peu plus grand et plus développé, plus en avance certainement dans sa puberté, ce qui expliquerait les réflexions d’Hervé à propos des photos trouvées dans le dépôt d’ordures et qui, sans doute, furent l’écho de ce qu’il avait entendu de la part de son copain.

Jusqu’où vont les relations entre eux ? En restent-ils aux conversations osées comme en ont les enfants de leur âge ? « Bah ! C’est presque normal, pense le père Albin, il n’y a pas de quoi fouetter un chat ! Vont-ils jusqu’à des jeux sexuels ? Ce n’est pas évident. Et puis, ce sont des enfants de bonnes familles et bien élevés. Ce qui pourtant ne veut rien dire. À voir le comportement d’Hervé avec moi, tout est possible ! »

Le père sent poindre un peu de jalousie. « Hervé est à moi », se dit-il. Puis, se ravisant : « Non, quand même, je devrais dire : nous sommes l’un à l’autre. » Cette idée lui paraît aussi extravagante que la première, et conduisant en toute logique à la négation de la liberté. Tout homme est libre et nul n’appartient à quiconque. « L’affection de l’un pour l’autre, songe-t-il, ne doit en aucune façon être exclusive. Aussi profonde que soit notre amitié, je n’ai pas le droit d’enfermer Hervé dans la cage de mon cœur. S’il est heureux en ma compagnie, il doit pouvoir également se sentir à l’aise avec d’autres que moi. Pourquoi lui interdire de chercher satisfaction ailleurs ? Après tout, en raison de notre amitié, si elle est profonde et s’il me fait confiance, je puis très bien l’aider dans sa recherche et l’éclairer pour lui éviter toute connerie. »


Un jour, Hervé demanda au père s’il pourrait amener Benoît pour lui montrer les films. Il assurait que cela lui ferait plaisir et qu’on ne pouvait le refuser à son meilleur copain. Il suggéra aussi qu’il le laisserait volontiers manipuler l’appareil. Il le fera très bien, il en était sûr. Avec un large sourire et d’un ton mystérieux, il conclut : « Et puis, avec lui, ça j’en suis sûr, vous serez aussi gentil qu’avec moi. »

Le jeudi suivant, les deux garçons se présentent. Benoît apparaît aux yeux du père comme celui-ci se l’était imaginé, hormis le visage qui maintenant se précisait : rose et parsemé de taches de rousseur. Il a une tête ronde et des cheveux roux, un vrai Breton ! Ses yeux sont pétillants, de bonnes grosses joues lui rapetissent son nez rond, et des lèvres avantageuses surmontent un menton carré de baroudeur. Il est resplendissant de santé et respire la joie de vivre.

L’installation étant laissée en permanence, la projection pouvait commencer sans tarder. Benoît devant s’occuper de l’appareil, Hervé lui en expliqua le fonctionnement. Il le fit avec sérieux, dénotant sa compétence et surtout un certain ascendant sur son copain. En attendant, le père examine, scrute plutôt, Benoît, cherchant à en percer l’intimité. Le garçon est légèrement vêtu comme habituellement le sont ceux qui ont toujours chaud. Un pull court descend à peine sous la ceinture du pantalon un peu étroit qui lui moule ses fesses bien rondes. Sur le devant, le vêtement collant, plutôt serré, présente un gonflement caractéristique. « Bigre, il semble bien pourvu déjà », estime le père qui se surprend à désirer voir et toucher le sexe prometteur. Attirance nouvelle en lui qui l’étonne sans cependant le contrarier…

Tout étant prêt, Hervé va prendre place sur le tabouret situé devant l’écran et la projection commence. Resté près de Benoît pour surveiller l’appareil et intervenir en cas de nécessité, le père bientôt réalise s’être déjà trouvé en pareille situation. Ah, oui, le jour de la venue du petit Charles ! Et voilà que Benoît est à la place d’Hervé et celui-ci à celle occupée alors par son frère. Il commence à comprendre. Les garçons n’auraient-ils pas manigancé quelque chose ? Pour ça, il peut faire confiance à Hervé ! Se souvenant de ses propres interrogations quelques jours auparavant au sujet des relations entre les deux enfants, il se persuade que Benoît est venu pour connaître ce que son copain a expérimenté.

Tenté déjà, le père se décide à faire l’expérience et s’approche de Benoît dont il enserre les épaules de ses bras, ce qui ne semble pas importuner le garçon. Puis, il le prend à bras-le-corps par la taille et se serre contre lui. Benoît ne bronche pas… sourit : apparemment un signal, le feu vert…! Enhardi, passablement ému, s’imaginant embarqué pour une exploration vers l’Eldorado, tout en ne sachant comment aborder au rivage, le père entreprend de caresser le ventre de l’adolescent, descendant progressivement vers le lieu de délices. Benoît, nullement réticent, écarte les jambes, sans doute pour assurer son aplomb, mieux peut-être pour favoriser la manœuvre qu’il devine et attend. D’une main rapide, aussi, il ajuste son intimité coincée qui dès lors se manifeste nettement par une avantageuse saillie de son pantalon. Nul geste de refus, donc : le père rassuré intensifie ses caresses mais, encore hésitant, il reste à la limite de la proéminence, n’osant tâter même sur l’étoffe l’objet convoité.

Il songe : « Voilà du nouveau encore ! J’ai là un garçon autre que mon petit ami. Comment faire ? Le jeune Morin a mené le jeu, et je l’ai satisfait parce qu’il m’y a poussé. Je n’y fus pour rien… ou presque. Tandis que celui-ci… a-t-il réellement la même intention, le même désir ? Est-il bien venu pour se faire branler ? Dois-je continuer ? Je risque peut-être de l’étonner. Vais-je le pervertir ?… À moins qu’il ne prouve clairement son intérêt à la chose… Certes, il a souri… Ma présence et ce contact ne lui déplaisent pas… Il a écarté les jambes, est-ce pour m’inviter à aller plus loin ? Ah, s’il voulait bien me souffler à l’oreille comme le fit Hervé… je… je me jetterais à l’eau !… »

Perdu dans ses interrogations, hésitant encore, le père a cessé sa prospection. Benoît désespère de voir se produire ce qu’il attend et que son copain a fait miroiter à ses yeux. Il se décide à provoquer l’événement et, de sa main libre, déboutonne sa braguette !

C’est la lame de fond ! Le navigateur se voit projeté sur la plage convoitée et en présence d’une caverne béante de la falaise qu’il pourra enfin explorer. Pourquoi attendre ? Le père aussitôt fourrage dans le pantalon du garçon dont la verge gonflée n’attendait que la main libératrice. Tâtonnant à l’aveuglette, il estime de ses doigts les dimensions de l’objet et les trouve fort convenables comme il s’y attendait. Il y a aussi une touffe naissante de poils, preuve que Benoît est plus avancé dans sa puberté que le jeune Morin encore glabre. Cela promet de juteuses caresses !

Le père Albin poursuit la reconnaissance des lieux, puis se décide à empoigner la verge ardemment dressée. Mais le pantalon est étroit et le slip gênant, il ne peut convenablement activer… Benoît, lui, n’en peut plus d’attendre. D’un coup, il déboucle sa ceinture et abaisse le tout. Dans un rai de lumière, issu de l’appareil de projection, le père peut alors admirer une verge avantageuse qu’enfin il manipule à loisir pour amener la jouissance. Le garçon émet une faible goutte de liqueur tandis qu’il est secoué de spasmes violents qui lui font lâcher le bouton de l’appareil : l’image se stabilise sur l’écran et fait se retourner Hervé qui se précipite, ayant deviné la cause de la panne. Devant l’évidence de la victoire de son copain, il s’écrie :

— Alors, ça y est, ça a marché ?

Le père est maintenant convaincu s’il ne l’était déjà, de la complicité des garçons. Il prend le parti d’en rire. Hervé alors, pour ne pas perdre sa part du gâteau, s’offre à son ami et à son tour obtient satisfaction.

Après le départ des garçons, le père s’interroge. Il ne parvient pas à bien comprendre ce qui venait de se produire. « Pourquoi ont-ils agi ainsi ? Comment les choses vont-elles évoluer ? Si Hervé prend l’habitude d’amener des camarades pour les séances de projection, cela finira par provoquer des ennuis. »

Le père attendit avec impatience la visite de son petit ami.


Hervé revint la semaine suivante, décontracté, et, comme à son habitude, il embrassa son ami en arrivant. Il ne demanda pas à monter au grenier et resta volontiers dans le bureau. Le père d’ailleurs préférait cela car il tenait à s’expliquer sérieusement avec lui et, pour éviter d’être dérangé, accrocha l’écriteau à la porte extérieure qu’il ferma à clé.

— On sera tranquilles, dit-il au garçon qui, sans façon, s’assit sur ses genoux.

Ils se bécotèrent. Hervé avait trouvé très agréable cette façon de s’embrasser, ayant vu des amoureux faire ainsi dans un jardin public. Cela lui parut très drôle, il avait voulu essayer. Il aimait sucer la langue de son ami comme s’il tétait. Il s’en amusait follement.

Pour l’instant, le père Albin plutôt pressé de s’expliquer, abrégea les effusions et s’enquit :

— Pourrais-tu me dire ce que Benoît a pensé après être parti l’autre jour ?

— Il a trouvé les films très bien.

— Je n’en doute pas. Mais ce n’est pas cela que je te demande.

— Quoi donc ?

— Allons, ne te moque pas de moi, ne fais pas l’innocent. Parlons clair. Dis-moi ce que Benoît a pensé d’avoir été branlé.

— Oh, ce n’est que ça ! Eh bien, il a été content et il reviendra vous voir.

— Oui, si j’en ai le temps car, tu sais, je suis très occupé. Passe encore pour toi, j’ai promis d’être toujours à ta disposition.

Il parle ainsi dans le vague espoir que le garçon freinera l’ardeur de son copain. Le jeune Morin lui suffit amplement bien que passablement envahissant. Désirant une réponse à ce qui le préoccupe, il insiste :

— Dis-moi si Benoît était venu uniquement pour les films.

— Oui… non. Il voulait surtout se faire branler.

— Mais, comment savait-il, tu lui en avais parlé ?

— Oui, c’est venu comme ça, à propos des photos qu’il avait trouvées dans les ordures.

— Ah ! Je comprends. Alors, que lui as-tu dit ?

— Que j’avais vu votre bite, et qu’on s’était branlés ensemble.

— Tu n’as pas su te taire. Tu as été vraiment imprudent.

— Oh, mais c’est mon meilleur copain ! Je lui dis tout, lui aussi d’ailleurs, on n’a pas de secrets entre nous. Il n’y a rien à craindre. Il m’a dit qu’il voudrait bien, lui aussi, voir votre bite et se faire branler par vous. Il était persuadé que ce serait mieux qu’entre copains.

— Ah, vous vous êtes déjà branlés tous les deux ?

— Ça, non, jamais ! Benoît branle avec d’autres, mais pas avec moi, je ne voudrais pas ! Je n’ai toujours voulu branler qu’avec vous. Vous êtes mon ami, je ne pense qu’à vous.

À ce moment de l’entretien, le père fait une étrange découverte. En effet, jusqu’alors, il n’avait pas été frappé de ce que, dans ses conversations avec Hervé, il le tutoie tandis que celui-ci le vouvoie. Si l’enfant voit en lui un ami, il ne le regarde donc pas comme un simple copain. Un copain, c’est un ami de son âge. Tandis que le père est un ami adulte. Son langage maintient une différence que le comportement ne postule pas. L’enfant cherche avec l’adulte l’intimité sexuelle sans que pourtant soient abolies, même extérieurement, tant la barrière que forme la différence des âges, que les marques de respect auxquelles sont tenus les enfants envers les grandes personnes. Le père note également que s’il lui arrive de le rencontrer en présence de ses parents, rien alors dans son comportement ni ses paroles ne trahit le degré d’intimité auquel ils sont parvenus. Ses parents ne se doutent de rien, semble-t-il, et l’attention que leur fils porte au religieux ne paraît pas devoir faire naître de suspicion dans leur esprit puisqu’ils en reconnaissent les résultats positifs.

Poursuivant son enquête auprès d’Hervé, le père Albin pousse son investigation :

— Mais, lorsque Benoît est venu avec toi, pourquoi ne m’avoir pas dit tout de suite qu’il fallait le branler ?

— Vous êtes drôle. Vous croyez que ça se fait comme ça ! On ne demande pas facilement des choses pareilles ! Alors, j’ai pensé que s’il tournait l’appareil, vous feriez avec lui comme avec moi. Et ça a marché !

Quelle intuition ! Le père admire l’intelligence pratique d’Hervé. Vraiment ce garçon est extraordinaire, il fera son chemin dans la vie ! Le père poursuit :

— Cela ne te rend pas jaloux ? Je ne suis plus à toi tout seul, maintenant.

— Qu’est-ce que ça peut faire ? On est amis, ça me suffit. Je peux compter sur vous. Pourquoi empêcher d’autres de branler avec vous ? Je ne suis pas jaloux. C’est un défaut des filles, comme ma sœur. Tout le temps elle se dispute avec ses copines. Moi, je ne me dispute pas. Si Benoît vient vous voir et que ça lui plaît, pourquoi pas ? Et ça ne m’empêchera pas de venir, moi aussi. Mais, quand même, promettez-moi de ne pas me laisser tomber !


Pour le rassurer, le père qui avait toujours le garçon sur les genoux, lui ouvrit la braguette et, par une douce caresse, parvint à le satisfaire tout en le bécotant : manière de faire qui depuis quelque temps ravissait particulièrement son petit ami.



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