Hervé (Maurice Balland) – VIII

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VIII




Environ un mois plus tard, Benoît se présente seul. Le père Albin n’a pas à se demander pourquoi. Il le reçoit bien volontiers, mais désirant mieux le connaître, il reste dans son bureau pour un entretien avec lui.

Le garçon lui apprend que sa mère reste à la maison. Elle a beaucoup de travail car il a deux frères plus jeunes que lui qui est l’aîné. Il a un train électrique auquel il tient beaucoup et que l’un de ses frères abîme tout le temps. Il parle ensuite de son père qui travaille aux forges, ce qui n’a rien d’étonnant car un grand nombre d’habitants de la ville et des environs y sont employés. Il a l’intention plus tard d’y entrer aussi, mais dans les ateliers de mécanique car il y a davantage d’avenir de ce côté-là. En effet, il sait par son père que la section forge est appelée à disparaître. On lui a donc conseillé la mécanique, c’est pourquoi il est à l’école Saint-Jean. Il étudie assez bien, mais trouve que c’est quand même difficile et il a eu du mal au début, mais maintenant ça va mieux. L’école n’est pas trop mal, les profs sont assez chics, mais les bâtiments sont vieux et sales, pourtant c’est mieux que la baraque de l’école de la cité où il était auparavant.

Benoît parle abondamment de son école et de ses camarades. Il signale qu’il y a une messe tous les matins à la chapelle pour les frères et que les classes y assistent par roulement. La sienne est désignée pour le mercredi. « Mes copains, et moi, on en a marre, ajoute-t-il, parce que ça nous oblige à nous lever plus tôt pour aller à l’école, ça fait une demi-heure de moins au lit. »

Le père estime qu’il perdrait son temps à lui faire apprécier la valeur de la messe. Il y a des choses plus importantes. D’ailleurs, le garçon demande un conseil : « Est-il bon de fumer ? »

C’est que, en effet, il a commencé depuis un certain temps et il s’aperçoit que cela devient une habitude contraignante et, en outre, qu’il tousse de plus en plus, ce qui l’inquiète.

Le père lui fait remarquer que lui-même ne fume pas et s’en porte très bien. Il explique le pourquoi de la nocivité du tabac, la nicotine qu’il contient est toxique. C’est une sorte de drogue. S’imprégner le corps de nicotine, c’est tout simplement s’empoisonner à petit feu, au feu de la cigarette ! C’est à n’en pas douter un plaisir malsain, et il est préférable de rechercher des plaisirs qui ne ruinent pas la santé, qui même au contraire sont tonifiants. Ces plaisirs sont naturels puisqu’ils sont dans la nature des choses : bien manger, lire, écouter de la musique, mieux, en exécuter, danser, puis le sport, bref, les plaisirs liés aux activités et aux organes du corps. Recherchés avec mesure, ils contribuent à l’épanouissement physique et psychique.

Benoît saisit vite : « Ah, pense-t-il, le plaisir que je me fais depuis quelque temps est peut-être de ceux dont il est question. » Jusque maintenant, il éprouvait un peu de honte à se branler et pourtant il n’était pas tellement convaincu de mal faire. On ne l’avait pas sérieusement informé et il n’osait poser la question à personne. Les agissements du père l’autre jour l’avaient un peu rassuré. Après ce qu’il venait donc d’entendre, le doute s’évanouissait. C’était une sorte de libération. Il pourra se branler désormais en toute tranquillité d’esprit.

À mesure que le garçon écoutait, montait en lui l’impatience d’obtenir ce qu’il était venu chercher et que dorénavant il estimera très valable. Une chaleur envahissait son bas-ventre et lui faisait gonfler le sexe. Le discours du père lui parut interminable, et d’être assis le gênait de plus en plus, l’obligeant à se trémousser sur sa chaise. D’un mouvement de la main, il essaya de rectifier la position de sa verge coincée, ce dont s’aperçut le père qui, lui donnant une tape sur l’épaule, proposa :

— Allons, on monte au grenier !

— Oui, dépêchons-nous, car il va bientôt falloir que je rentre à la maison !

Il était bien inutile de s’attarder à des projections. Sitôt arrivé en haut, Benoît baissa pantalon et slip pour obtenir ce qu’il avait espéré. Il estima la main du père plus experte que celle de n’importe lequel de ses copains lui rendant le même service. C’était vraiment mieux et le comblait plus qu’il ne l’avait imaginé.

En outre, une curiosité le taraudait : voir, toucher une virilité d’homme, constater de visu ce dont il n’avait idée que par des images ou des photos. Sans difficulté il obtint satisfaction et, en plus, put rendre au père pareillement ce qui lui avait été accordé. « Vraiment, pensa-t-il, quelle chance de connaître quelqu’un si disposé à faire tout ce que je veux ! » Pour sûr, il viendra plus souvent voir le père Albin !

Au moment de partir, il fit promesse d’essayer de ne plus fumer.


La conversation avec Benoît avait révélé au père Albin que les frères de l’école Saint-Jean ne trouvaient pas d’aumônier pour leur colonie de vacances au bord de la mer durant le mois d’août. Il pensa donc leur rendre ce service, ce qui l’arrangerait car habituellement à cette époque de l’année il est moins occupé et pourrait donc fermer son bureau pour prendre enfin un peu de vacances.

En accord avec son supérieur, il offrit son concours au directeur de Saint-Jean qui reçut sa proposition avec empressement car il désespérait de trouver quelqu’un. Lorsque Hervé apprit cette nouvelle, il exprima son désir d’aller à cette colonie en même temps que Benoît. C’était impossible puisqu’il n’était pas élève chez les frères. Insistant, il décida son ami à faire une démarche en sa faveur : « On ne sait jamais !… »

La requête fut acceptée sans difficulté, le frère directeur espérant s’assurer un élève intéressant pour la prochaine rentrée scolaire.

Pour une cinquantaine de garçons entre onze et quinze ans, encadrés par six jeunes gens comme moniteurs et deux frères pour s’occuper de l’animation et de l’administration, la colonie était installée dans un internat privé, avec des locaux assez vastes et bien aménagés. Le père put disposer d’une chambre située non loin des dortoirs et facilement accessible pour les enfants désireux de s’adresser à lui en particulier. L’établissement, proche du rivage, possédait un accès direct à la plage. C’était l’idéal, les enfants n’ayant pas un long chemin à faire pour aller sur le sable ou se baigner pouvaient rester en caleçon de bain à longueur de journée et profiter au maximum des bienfaits du soleil. C’était un plaisir pour les yeux de les voir partout évoluer avec le minimum de tenue, exposant ainsi en permanence les lignes harmonieuses de leurs corps juvéniles.

Par sa gentillesse, son attention à tous, ses histoires plus amusantes les unes que les autres, le père gagna rapidement la sympathie des colons. Bon nombre voulurent jouer sur le sable en sa compagnie. Certains parmi les grands se mesurèrent à la lutte, provoquant parfois des contacts corporels ne laissant personne indifférent.


Il arriva que l’un des garçons prit l’habitude, pour se sécher au soleil après le bain, de s’étendre non loin de l’endroit où le père s’asseyait ordinairement afin de se reposer un peu. Assez grand, de corps élancé, il avait une peau naturellement brune qui hâlait rapidement sous l’ardeur du soleil. Ses cheveux profondément noirs encadraient un visage fin aux yeux également foncés lui donnant un regard fascinant. Son caleçon serré mettait en évidence un sexe déjà proportionné qu’il prenait soin d’ajuster d’un tour de main rapide après s’être allongé sur le dos. Malgré ses efforts pour feindre l’indifférence, le père ne put se déprendre de contempler le garçon qui certainement s’en aperçut.

Un jour, pendant la sieste du début de l’après-midi, le père entend frapper à la porte de sa chambre. Qui peut venir alors que tout le monde est au repos dans la maison ? Il ouvre et, surpris autant que flatté, voit devant lui, resplendissant dans sa peau brune, le garçon contemplé sur la plage. Aussitôt, il le fait entrer. L’adolescent s’insinue tel un félin et se tient debout au milieu de la pièce, un peu confus pourtant de se trouver seul avec l’aumônier qui, non moins ému, ne sachant trop que dire ou que faire, regarde de tous ses yeux cette éblouissante jeunesse en quasi-nudité venue s’offrir à lui : il en a l’intuition, mieux, la ferme conviction !

Le garçon demande une chose insignifiante : un timbre. Il n’en a plus et n’a pas le temps d’aller en acheter s’il veut que sa lettre parte le jour même. Prétexte bien futile pour déranger à un tel moment, d’autant qu’il pourrait bien en emprunter à l’un de ses camarades. Faisant de plus en plus de progrès dans la connaissance de la psychologie des enfants : « Dieu ! Qu’ils sont rusés ! » le père demande au garçon :

— C’est tout ce que tu veux ?

Ce à quoi, il a pour réponse ni oui, ni non, mais :

— Hervé m’a dit que vous êtes gentil.

L’allusion à peine formulée, la verge du garçon s’affermit sous l’étoffe, preuve éloquente de l’intention ayant réellement motivé sa venue. « Vrai ! pense le père, est-il besoin d’un dessin ? » Son regard croise celui de son visiteur et y lit un ardent désir. Sans plus attendre, il se précipite sur la porte et en pousse le verrou. Assuré d’avoir été entendu et compris, l’adolescent tire prestement son léger vêtement et met en évidence au milieu d’une plage plus claire de son corps un organe largement proportionné orné déjà d’une touffe de poils de couleur de jais.

Projeté sur le lit, allongé sur le dos, le garçon estime bien expertes les mains qui lui prodiguent les caresses espérées et lui font produire une perle de rosée dans un spasme particulièrement violent pour son âge : quatorze ans. Paul Boulard est le fils d’un conseiller municipal demeurant au faubourg de la Madeleine et qui est aussi l’un des négociants en matériaux, faisant de bonnes affaires à l’occasion de la reconstruction de la ville.


La mer étant basse, des enfants construisent des châteaux de sable. Le père se repose sur la plage, allongé dans un transatlantique. Non loin, un groupe s’affaire autour d’un donjon entouré de murailles avec des tours d’angle.

— Bravo, les enfants !

Appréciation flatteuse enthousiasmant les bâtisseurs qui répondent par des vivats. L’un d’eux fixe son attention sur l’aumônier. Pourquoi ? Sans doute parce que celui-ci grignote une barre de chocolat. Le père lui en tend une pour voir. Effectivement, le garçon s’approche et la prend en remerciant poliment. Le même manège se produisit plusieurs jours de suite, l’enfant venant régulièrement quêter du chocolat au père assis qui lui en donne tout en profitant de l’occasion pour lui tapoter familièrement sur les fesses.

Ce garçon a treize ans, costaud, le visage rondouillard, avec de petits yeux qui lui font un regard doux. Placide, il ne brusque jamais ses mouvements. Grassouillet comme il est, il doit avoir de l’appétit ! Être gourmand aussi. Le père lui fait savoir qu’il a dans sa chambre des gâteaux et des bonbons, et que si cela le tente il n’a qu’à venir et il lui en donnera. Il n’eut pas à le répéter deux fois : l’après-midi même, au retour de la plage, il le recevait dans sa chambre.

Le dialogue s’engage. L’enfant en confiance avec quelqu’un si bon qui a de surcroît d’excellents gâteaux, raconte tout ce qui lui passe par la tête. Debout près du père assis qui lui caresse le haut des cuisses et les fesses, cela semble lui plaire car il se plaque bien contre son interlocuteur pour faciliter l’ampleur des gestes.

La gourmandise le ramène le lendemain. Le père alors le fait asseoir sur ses genoux. Visiblement satisfait, le garçon s’exprime, il a tant de choses à dire, de questions à poser. En lui-même, il apprécie également les caresses sur ses cuisses, surtout quand la main du père remonte assez haut vers le pli de l’aine où les tapotements des doigts lui semblent plus délicieux encore. Le père, toutefois, n’insiste pas car il n’a aucunement l’intention d’attenter à la pudeur de l’enfant. En outre, il en ignore le comportement sexuel et rien jusque là dans la conversation ne l’a éclairé à ce sujet.

Le garçon revint le jour suivant ce qui rassura le père et le confirma dans son intuition : il pourra prospecter plus avant. De fait, l’enfant assis sur ses genoux rougit aux attouchements, mais aussi se trémousse comme si la position manquait un peu de confort. C’est alors que d’un geste naturel, il passe la main par le haut dans son caleçon de bain et déplace sa verge coincée qui le préoccupe car elle prend du volume. Étant redressée, elle se dessine nettement sous l’étoffe. Il est manifeste qu’il bande, ce qui le fait sourire béatement : serait-ce de fierté ? Ses yeux pétillent : un désir s’éveille-t-il en lui ? Une complicité s’établit aussitôt entre lui et le père qui, devenant imprudent dans ses relations avec les garçons, s’enhardit et tambourine sur l’éminence, ce qui fait glousser l’enfant :

— Oh, que c’est drôle !

Exclamation qui invite à poursuivre. La verge est alors pétrie au travers de l’étoffe comme si le fait de ne pas abaisser le caleçon eût sauvegardé la pudeur de l’enfant.

Le lendemain seulement, il fut contemplé dans son intimité. Le père tirailla sur le duvet blond déjà perceptible, puis conduisit le garçon à ressentir ce que jamais encore il n’avait vraiment connu et qu’il trouva super.

Le père est certain de le revoir après la rentrée, Bernard Landry demeure en effet dans la Cité des Peupliers. C’est un des copains du jeune Morin qui saura lui montrer le chemin du couvent.


Le temps s’écoulait. Les enfants de la colo profitaient merveilleusement du séjour. Ils exploraient les rochers, y trouvant des crabes, des pieuvres. Ils arrachaient des moules et des coquillages, ramassaient des algues. Il fallait parfois leur courir après lorsqu’ils s’aventuraient trop loin au-delà des rochers. Il était dangereux, en effet, de dépasser une certaine limite. On les grondait, mais tout se passait bien malgré quelques pleurnicheries.

Hervé était heureux. Jamais il n’avait eu de si belles vacances. La mer avec toutes ses merveilles ! Les jeux sur la plage comblaient ses besoins de mouvement. Les bains le fortifiaient. On le constatait d’ailleurs assez bien. Depuis quelque temps, sa croissance s’accélérait, il paraissait grandir à vue d’œil. Son corps s’élançait, perdait ses derniers bourrelets et prenait d’agréables proportions. Sa puberté s’activait, il se virilisait. Le père le regardait avec une certaine fierté, un peu comme son enfant. N’était-il pas, après tout, son enfant de cœur ?

Chaque soir, assis à la table de sa chambre, le père pense à Hervé tout en travaillant à son courrier. Il avait pris l’habitude de faire sa correspondance à ce moment-là lorsque tout est calme dans la maison. Après la réunion du soir et la prière à la chapelle, il se retirait dans sa chambre et se mettait aussitôt en pyjama de façon à se glisser rapidement au lit vers dix heures, son travail terminé.

Une nuit, peu après le 15 août, à peine est-il couché, qu’il entend des coups discrets frappés à sa porte. Qui peut venir à pareille heure ? Il ouvre et se trouve nez à nez avec Hervé qui, un doigt sur les lèvres, lui signifie de se taire et de ne pas faire de bruit. Le garçon entre sur la pointe des pieds et aussitôt pousse le verrou de la porte puis chuchote :

— Chut ! Je voulais vous voir.

— Ça ne pouvait pas attendre ?

— Non, je n’arrive pas à dormir, il faut que je vous dise ça tout de suite.

— Vraiment, il n’y a pas le feu !

— Si !

Hervé se débarrasse de son pyjama puis s’allonge sur le lit et fait signe d’en faire autant à son ami qui s’exécute, à la fois perplexe et curieux de savoir ce que le garçon a encore inventé, et se met également sur le dos. Hervé alors se couche sur lui à plat ventre et tente de le combler de caresses comme le font les amoureux entrelacés.

— Que fais-tu là ? Explique-toi ! Où as-tu pigé ça ?

Et le garçon de raconter qu’étant allé au-delà de la limite des rochers, il a surpris un couple qui faisait l’amour. Caché, on ne pouvait remarquer sa présence, il avait donc pu tout voir. Il y pense depuis : « Vous comprenez, termine-t-il, je ne tiens plus, j’ai voulu faire pareil avec vous. C’est sensas de me sentir contre vous ! »

Le père reste confus, rempli de sentiments contradictoires. Ce qui arrive dépasse son entendement. Que d’idées peuvent surgir dans une cervelle d’enfant ! Dieu ! Que l’instinct sexuel est puissant pour faire deviner les gestes de l’amour et pousser à les accomplir même gauchement. Il entre donc pleinement dans le jeu de son petit ami. Tous deux se caressent mutuellement le visage, le cou, les épaules. Ils se bécotent comme déjà le garçon savait le faire. Longuement entrelacés, leurs corps se frottent l’un contre l’autre, exaspérant leurs verges, si bien que, soudain, Hervé est secoué de spasmes violents et s’écrie : « Oh, c’est mieux que je croyais, c’est arrivé sans branler ! »

Le père lui confirme alors que l’on peut jouir tout aussi bien autrement qu’avec le concours de la main, par tout autre contact, par exemple celui des corps entrelacés, comme ils viennent de le faire. Puis, il le laisse se calmer et se reposer. Sous la lumière diffuse de la lampe de chevet, il contemple ce corps de jeune adolescent étendu, comme abandonné. Il constate que du poil se dessine à la base de la verge et tire dessus à la grande joie d’Hervé :

— Oui, il y en a de plus en plus. Et bientôt ça sera comme pour vous !

Ce disant, il enfouit ses doigts dans la toison de son ami puis, saisissant la virilité restée raidie et tendue, malicieusement, il ajoute : « J’y vais ? » et la manipule fougueusement pour amener le père à la satisfaction dont celui-ci avait été frustré car Hervé, plus rapide, avait en effet abouti avant lui.


Sans nul doute, ces vacances du mois d’août compteront parmi les plus mémorables !



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