Prêtre chrétien
Dans les Églises chrétiennes catholique, orthodoxe, anglicane et orientales, le prêtre est un homme qui a pour mission de célébrer le culte, ainsi que d’assurer la relation entre Dieu et les fidèles, en particulier par l’administration de certains sacrements.
Depuis le Xe siècle, les prêtres catholiques ont l’interdiction de se marier — ce qui ne fut pas toujours respecté. Ils font donc vœu de célibat, mais non de chasteté, sauf s’ils sont également moines. Cependant, la doctrine officielle considérant que tout acte sexuel hors mariage est un péché, il en résulte que les prêtres doivent théoriquement pratiquer une abstinence sexuelle totale.
On traitera ici principalement des prêtres, mais également d’autres ecclésiastiques chrétiens tels que moines et oblats.
Ecclésiastiques pédérastes
Les affaires de pédérastie ont toujours existé dans l’Église, en particulier dans les établissements d’enseignement (entre maîtres et élèves, ou entre élèves) ; dans les monastères (entre moines et oblats) ; et plus ordinairement dans les paroisses (par exemple entre prêtres et enfants de chœur).
Les chorales de garçons sont des structures particulièrement propices à de telles relations.
La Renaissance
À partir du XVe siècle, après la prise de Constantinople par les Ottomans (1453), la culture grecque classique se répand à nouveau en Europe occidentale. La redécouverte des écrits antiques, puis de la statuaire, suscite chez les personnes instruites un regain d’intérêt pour la pédérastie. C’est d’ailleurs à la Renaissance qu’apparaissent en français les termes hérités du grec « pédérastie » (1580, dans La démonomanie des sorciers de Jean Bodin) et « pédéraste » (1584, dans Les bigarrures du Seigneur des Accords).
Nombre d’ecclésiastiques, particulièrement en Italie, parmi les évêques, les cardinaux et même les papes, s’adonnent alors à l’amour des garçons, et financent des œuvres d’art d’inspiration pédérastique.
Ordres religieux
L’ordre religieux le plus renommé pour ses pratiques pédérastiques est celui des jésuites, qui tenait un grand nombre de collèges : depuis le pamphlet de Pierre Jarrige Les Jesuistes mis sur l’eschafaut (1648) jusqu’au roman Sébastien Roch, paru deux siècles et demi plus tard, cette réputation ne faiblit pas.
L’ordre des capucins venait souvent en second dans les accusations de pédérastie, dont les auteurs pouvaient être vraiment scandalisés, ou simplement moqueurs.
Congréganistes contre laïcs
L’histoire de l’enseignement en France après la Révolution est marquée par une concurrence entre, d’une part, les écoles congréganistes (appartenant aux Frères des Écoles chrétiennes, Frères de l’Instruction chrétienne, etc.), et d’autre part les petites écoles privées tenues par des instituteurs laïcs. Chaque scandale de mœurs qui affecte l’un des deux camps est alors exploité par l’autre pour tenter de rabaisser ses adversaires dans l’opinion publique.
Scandales médiatisés
La fin du XXe siècle voit se développer, à partir des pays anglo-saxons, une obsession antipédophile qui prend rapidement pour cible l’Église catholique. Ses responsables sont accusés de fermer les yeux sur les agissements d’ecclésiastiques amateurs de garçons.
Au lieu d’expliquer clairement et fermement que ces allégations sont fausses, qu’en réalité aucun péché sexuel n’est toléré, mais que le traitement des péchés par l’Église doit être avant tout religieux et pastoral, non policier ni judiciaire, le pape Benoît XVI et son successeur François se sont laissé entraîner dans des polémiques sans fin, à base de mises en cause personnelles et plus ou moins sensationnalistes, dont la médiatisation permanente dessert finalement l’Église quoi qu’elle fasse et quoi qu’elle dise.
Les fondamentalistes protestants et les anticléricaux ne peuvent que se réjouir de telles attaques, aussi efficaces qu’injustes. Les organisations mafieuses, mises en cause à la fois par la remise en ordre des finances du Vatican et par de sévères condamnations morales, y trouvent aussi leur compte.
Mis à part la maladresse des derniers papes, on peut penser que l’Église catholique paie aujourd’hui sa lourde responsabilité au cours de deux millénaires de puritanisme, c’est-à-dire de répression, parfois violente, de toutes les formes de sexualité hors mariage : homosexualité, pédérastie, pédophilie, masturbation, érotisme, etc. — toutes choses dont pourtant Jésus ne parle pas une seule fois dans les évangiles.
Ecclésiastiques pédophiles ou pédérastes
Une liste exhaustive des ecclésiastiques pédophiles ou pédérastes est inimaginable, d’autant que le degré de certitude et d’implication est variable selon les cas.
Ecclésiastiques de fiction
Le sujet d’un ecclésiastique porté à l’amour des garçons aurait pu engendrer de nombreuses œuvres littéraires, puis cinématographiques, tant il y a motif à d’infinis développements psychologiques, sociologiques, dramatiques ou moraux. Or il apparaît que le nombre des romans et des films qui en traitent reste très limité.
Ceux que l’on recense ci-dessous sont classés dans l’ordre à peu près chronologique des œuvres :
- L’abbé Du Parquet, dans le conte de Sade L’instituteur philosophe (1788).
- Le père Siccia, moine qui séduit un garçon de quinze ans dans Il Padre Siccia de Domenico Tempio (écrit vers 1800).
- Le séminariste Jocelyn, amoureux d’un enfant qu’il a recueilli à la mort de son père, dans le roman éponyme d’Alphonse de Lamartine (1836).
- Le père Boulard, dans le récit anticlérical illustré Le curé femme à barbe (vers 1881-1885) de Léo Taxil et Édouard Pépin.
- Le père de Kern, jésuite, maître d’études au collège Saint-François-Xavier de Vannes, dans le roman autobiographique d’Octave Mirbeau Sébastien Roch (1890). On a parfois cru à tort que le père Stanislas du Lac avait servi de modèle pour ce personnage.
- Le prêtre anglican Ronald Heatherington entretient une liaison amoureuse avec le jeune orphelin Wilfried, dans le récit de John Francis Bloxam The priest and the acolyte (Le prêtre et l’acolyte, ou Le prêtre et l’enfant de chœur, 1894).
- Le père Xavier de Trennes, jésuite apparaissant dans plusieurs romans de Roger Peyrefitte : Les amitiés particulières (1944), Les ambassades (1951), La fin des ambassades (1953), Les clés de saint Pierre (1955), Les Fils de la lumière (1961), Les juifs (1965). Il est interprété à l’écran par Michel Bouquet, dans Les amitiés particulières de Jean Delannoy (1964).
- L’abbé de Pradts, dans la pièce de théâtre La ville dont le prince est un enfant (1951) et dans le roman Les garçons (1969) d’Henry de Montherlant. Ce rôle a été joué entre autres par Michel Bouquet et Christophe Malavoy. Ce dernier réalisa en outre une adaptation cinématographique de la pièce et du roman sous le titre La ville dont le prince est un enfant (1997).
- Le curé du récit L’apprenti sorcier (1964) de François Augiéras.
- Le cardinal, dans le roman Tombeau pour cinq cent mille soldats (1967) de Pierre Guyotat.
- L’oblat Romaric, étudiant en théologie du XIIIe siècle, est amoureux du jeune Tristan de Romont dans le roman historique de Francis Gruyer Les oubliés des nuits romanes (1977).
- Le père Albin, dans le roman autobiographique Hervé (vers 1984) de Maurice Balland.
- Le père Peter Lavin, supérieur d’un orphelinat canadien dans le film de John N. Smith The boys of St. Vincent (Les garçons de Saint-Vincent ou Le collège St. Vincent, 1992). Il apparaît également dans la suite The boys of St. Vincent : fifteen years later (Les garçons de Saint-Vincent : quinze ans plus tard, 1992).
- Le père Achille, ainsi que plusieurs prêtres assassinés par la mère d’un garçon qui s’est suicidé, dans le film de Vincent Lannoo Au nom du fils (2012).
Voir aussi
Études
Sur les jésuites au XVIIe siècle :
- Les Jesuistes mis sur l’eschafaut, pour plusieurs crimes capitaux par eux commis dans la Province de Guienne ; avec La response aux calomnies de Jacques Beaufés / par le sieur Pierre Jarrige, ci devant Jesuiste, profés du quatriesme vœu, & predicateur, Leide, 1649.
Sur les prêtres pédérastes et homosexuels en France au XVIIIe siècle :
- Prêtres et moines non conformistes en amour : les infâmes / G. Dubois-Desaulle. – Paris : Éd. de la Raison, 1902 (Thouars : Impr. Nouvelle, 15 novembre 1902). – [2]-VIII-[2]-346 p. ; 19 × 13 cm. – (Mémoires secrets de la Lieutenance générale de police). (fr)